Les lundis sont immenses et désolés, sauvages
Ils restent devant moi comme des plateaux sans fin
où le vent s’abrutit et cogne les nuages
où l’heure n’avance pas, où tout semble trop loin.
Les mardis sont sous terre. Je n’y vois plus le jour.
J’attends qu’un événement m’appelle à la surface.
Mais dans le ventre étroit où l’on devient comme sourd
le silence est si froid il m’enserre et me glace.
Les mercredis sont doubles, moitié de la semaine,
moitié de la journée, comme une respiration.
À peine comme un souffle dans le port de la chaîne
avant de revenir à ses macérations.
Les jeudis sont moins lourds car ils sont des guetteurs
à la proue de l’ennui ils voient surgir le jour
mais la mer est étale. Ce n’est pas encore l’heure
où l’on pourra hurler à la vie et l’amour.
Les vendredis sont fastes et remplis de promesses.
La main se fait plus vive, l’oeil se fait moins lourd.
Jusqu’à la délivrance je rêve à des caresses.
À ne plus travailler jusqu’à la fin des jours.
Caillou, le 21 février 2001