Communiqué au sujet de S.

affichette du 28 mars à Toulouse

Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline

Samedi 25 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.

Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

Vive la révolution.

Des camarades de S.

PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations

Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible.

Article paru dans le journal le Monde du 28 mars:
Sainte-Soline :
l’enregistrement qui prouve que le SAMU n’a pas eu le droit d’intervenir.

Alors qu’une polémique s’est installée sur la possibilité de secourir les blessés lors de la manifestation contre la mégabassine, samedi 28 mars, une équipe de la Ligue des droits de l’homme a eu, en direct, confirmation que les forces de l’ordre interdisaient au SAMU d’intervenir. « Le Monde » a eu connaissance de cette conversation téléphonique.
Par Franck Johannès

Les secours n’ont pas été empêchés d’accéder au site de Sainte-Soline lors de la manifestation contre la mégabassine du samedi 25 mars, a affirmé Farnam Faranpour, le chef du pôle des urgences de Niort, dans les Deux-Sèvres. Il a en revanche reconnu qu’il y avait eu des difficultés pour accéder aux blessés les plus graves, notamment aux deux jeunes gens entre la vie et la mort.

« Pour ce jeune homme gravement blessé, il y a eu un premier appel aux pompiers qui sont partis, mais la géolocalisation n’a pas permis de trouver le lieu, a expliqué l’urgentiste à France 3 Nouvelle-Aquitaine, mardi 28 mars. Donc, nous avons attendu d’autres appels pour préciser le lieu et nous avons finalement envoyé le SMUR de Ruffec qui était le plus proche des lieux. » Mais quand l’équipe est arrivée, elle a été arrêtée par des manifestants blessés qui avaient besoin de soins.

La Ligue des droits de l’homme (LDH) et plusieurs associations estiment, au contraire, que les forces de l’ordre ont interdit au SAMU 79 de se rendre sur le terrain de la manifestation, et disposent d’un enregistrement téléphonique qui semble l’établir. La LDH avait envoyé samedi six équipes de trois observateurs sur le terrain, en liaison avec quatre autres personnes, restées en appui dans une salle, dans la commune de Melle (Deux-Sèvres). Parmi eux, trois avocats, Sarah Hunet-Ciclaire, Chloé Saynac et Pierre-Antoine Cazau, ainsi qu’un médecin Jérémie F., généraliste en centre de santé, qui ne souhaite pas donner son nom.

« Pas opportun »

C’est dans cette salle qu’a été enregistrée, par la LDH, la conversation de 7 minutes 30 avec le SAMU, que Le Monde a pu consulter. Le téléphone du médecin sonne constamment, les équipes sur place lui signalent ici une plaie cervicale, là une mâchoire fracassée ou une fracture ouverte ; et il est convenu qu’il peut servir de coordinateur. Il a déjà appelé le médecin régulateur du SAMU, d’abord pour réclamer un hélicoptère, ensuite parce que les observateurs de la LDH lui ont dit que les secours n’arrivaient pas, et qu’il y avait au moins un blessé dont le pronostic vital était engagé.

Il est 14 h 50 lorsque le docteur F. rappelle les pompiers.

« − Un pompier : Je viens d’avoir le SAMU sur place qui me dit, on n’envoie personne sur place, le point de regroupement des victimes est à l’église de Sainte-Soline, une fois qu’ils seront là-bas, l’engagement des moyens sera décidé.

− Le médecin : Ecoutez, je pense que c’est une, que ce n’est pas, enfin, je pense que ce n’est pas opportun comme décision.

− Le pompier : Alors moi je suis ni décideur, ni…

− Le médecin : Attendez, attendez. Mais moi je vais vous expliquer. Moi, je suis médecin et en fait, là, il y a des observateurs de la LDH, la Ligue des droits de l’homme qui sont sur place, qui disent que c’est calme depuis une demi-heure. Donc en fait, vous pouvez intervenir et moi, mon évaluation à distance avec des éléments parcellaires que j’ai, c’est qu’il faut une évacuation immédiate.

− Le pompier : Je vais vous repasser le SAMU. Ne quittez pas. (…)

− Le SAMU : Allo, oui le SAMU, bonjour.

− Le médecin : Oui, c’est vous que j’ai eu tout à l’heure au téléphone ?

− Le SAMU : Oui.

− Le médecin : Super. Vous en êtes où, là, de la plus grosse urgence absolue de ce que j’ai comme impression, moi, de loin ?

− Le SAMU : Alors déjà le problème, c’est que vous n’êtes pas sur place, donc c’est un peu compliqué. On a eu un médecin sur place et on lui a expliqué la situation, c’est qu’on n’enverra pas d’hélico ou de SMUR sur place, parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre.

− Le médecin : OK, est-ce que… Alors moi je suis avec des observateurs de la Ligue des droits de l’homme qui disent que leurs observateurs sur place disent que c’est calme depuis trente minutes et qu’il est possible d’intervenir ?

− Le SAMU : Je suis d’accord avec vous, vous n’êtes pas le premier à nous le dire. Le problème, c’est que c’est à l’appréciation des forces de l’ordre dès qu’on est sous un commandement, qui n’est pas nous.

− Le médecin : D’accord.

− Le SAMU : Donc, pour l’instant, on attend de rassembler les victimes au niveau de l’église de Sainte-Soline, c’est ce qui est en train d’être fait, avec des moyens pompiers qui se déplacent sur site pour prendre en charge et ramener. Pour l’instant, pas de moyens de SMUR ou d’hélico qui peuvent se pointer sur place.

− Le médecin : La LDH me dit qu’il y a des médecins militaires qui viennent d’arriver sur place. Est-ce que vous avez cette information vous aussi ou pas ?

− Le SAMU : Les médecins militaires, ils sont là pour les forces de l’ordre. C’est leur service de médecine pour les forces de l’ordre.

− Le médecin : La Ligue des droits de l’homme a demandé s’il y avait un contact au niveau du commandement à transmettre pour qu’on puisse intervenir ?

− Le SAMU : Négatif, négatif.

− Le médecin : Est-ce que vous voulez que je vous passe la Ligue des droits de l’homme ?

− Le SAMU : Non plus. On gère les victimes pour l’instant et les secours, j’aurais pas le temps d’aller…

« On n’a pas l’autorisation »

− Le médecin : D’accord, d’accord, je veux juste faire accélérer le truc.

− Le SAMU : Il faut qu’ils fassent le point, dans ce cas il faut qu’ils contactent la préfecture.

− L’avocate de la LDH Chloé Saynac : Vous avez interdiction d’intervenir ? Vous confirmez que vous avez interdiction d’intervenir ?

− Le SAMU : On n’a pas l’autorisation d’envoyer des secours sur place, parce que c’est considéré comme étant dangereux sur place.

− L’avocate : Et si vous n’y allez pas, ce ne serait pas une non-assistance à personne en danger ?

− Le SAMU : Nous devons avoir nos secours en sécurité également, malheureusement on n’a pas l’autorisation de les envoyer comme ça.

− L’avocate : Vous n’avez pas l’autorisation des forces de l’ordre ? Ou de ?

− Le SAMU : On n’a pas l’autorisation de toutes les institutions sur place, pour l’instant, on est sous leur commandement.

− L’avocate : Quelles institutions du coup ? On a besoin d’analyser très clairement parce qu’il y a quelqu’un qui peut décéder, donc pour que les responsabilités soient établies on a besoin de savoir.

− Le SAMU : On fait au mieux, mais malheureusement, il y en a d’autres…

− L’avocate : Qui interdit l’accès à ces personnes en danger grave, vital ?

− Le médecin : Et donc vous confirmez que c’est la préfecture qui a interdit l’accès ? C’est ça, en fait ?

− Le SAMU : Non, c’est pas la préfecture qui interdit l’accès, je vous dis que c’est le commandement sur place.

« On ne peut pas faire plus »

− Le médecin : OK. Comment on fait pour contacter le commandement sur place ?

− Le SAMU : Ben, il faut passer par la préfecture. Je ne peux pas vous les passer directement.

− Le médecin : OK. Est-ce qu’on peut faire le 17 ? On peut avoir le commandement sur place ? Vous croyez ?

− L’avocate : Et c’est quoi, vous, votre contact avec eux ?

− Le SAMU : Nous, malheureusement, le SAMU, on est juste là, en fait on nous demande d’envoyer des moyens qu’on envoie à des points donnés, on ne peut pas faire plus.

− L’avocate : Je sais bien, je comprends, mais on essaie de vous permettre de travailler là, parce que vous êtes empêchés de travailler.

– Le SAMU : Oui, oui, mais du coup, on monopolise une ligne une urgence. Merci beaucoup, au revoir. »

Le SAMU 79 a indiqué sur Twitter : « La justice fera son travail, et nous nous mettrons à leur disposition pour leur donner l’ensemble des informations nécessaires comme nous le faisons dans chaque enquête. »

Franck Johannès

 

Le 1er CD de la Teigne… en 2005

Il y a presque 15 ans…

Ce CD oublié comportait 9 morceaux :

Une rumba
Un blues pour rien
Banlieue rouge
Un blues lent
Gardens Button’s Party
A tous ceux
Carole
Un reggae gai
et Johny s’en va t’en guerre

 

Il a été enregistré dans le studio (improvisé) de Michel, au Fousseret.

En mai 2000 nous commençons à répéter dans les locaux syndicaux du Pigeonnier de la Cépière. Nous sommes alors une émanation des syndicats Sud, et notre nom est The group of the Ten, (le groupe des 10), ancien nom des syndicats Solidaires. Le 27 mai 2000 on joue à la fête du Sud PTT le blues lent puis on change de nom, on devient La teigne et on joue dans plusieurs réunions et manifestations. En particulier le 1ermai 2002 où nous jouons (du Ska) à la manif anti-Le Pen entre les deux tours des élections. On sort le premier CD Dans les rues en 2005. Nous sommes alors cinq : Gilles aux djembés, Jean à la batterie, Marc au chant, Michel à la guitare, Robert à la guitare et au chant, et Yves à la basse et au chant.

Robert, Jean, Michel et Marc

La rumba

C’est par une nuit comme ça
Par une nuit d’été
qu’on peut se demander
pourquoi qu’on est parti
à l’autre bout du monde
faire les cons à la ronde
et si loin du pays

pourquoi? pourquoi? pourquoi?

C’est par une nuit comme ça
Qu’on se demande pourquoi
les filles blanches ne dansent pas
ne dansent pas avec moi
pourquoi qu’elles ne veulent pas?
quand on est noir comme moi?

pourquoi? pourquoi? pourquoi?

Est ce que je suis bizarre
Ridicule ? Étranger ?
ou est ce que je suis noir?
noir comme la nuit?
noir comme la nuit sans espoir

Et pourquoi à l’entrée
de cette discothèque
il y a ce noir tout sec
ce grand balezze tout black
qui me refuse l’entrée
qui veut me foutre des claques?

Pourquoi tous les gens font
comme s’ils ne voyaient rien
Est-ce parce que suis noir
que je montre le poing
Est-ce que je vous fais peur ?
Est-ce que j’nai pas d’papiers?
ou est ce que je suis noir?
dans la nuit sans espoir

Pourtant vous voulez bien
qu’j’travaille sur vos chantiers
en étant mal payé
dans l’insécurité
Pourtant vous voulez bien
que j’construise vot pays
si je m’en vais au loin
quand il sera fini

Robert

Un blues pour rien

J’avais beau dir’, beau faire
Pas rond qu’elle  tourn’ la terre,
Y’a qu’mon lit qui s’bouge
L’cœur qui s’est fait la paire

J’métais mis plus que minable
L’automne, la têt’ sur la table
Pleins de nuages sur le front
Une vie en vrac, sans jamais l’rond

Elle m’a dit «  y faut t’secouer »
Encore l’allonger ton pas,
Voir en face ce qui n’va pas.
Un aut’ verr’ j’me suis versé

Refrain

Demain, ça ira mieux c’est sûr
Just’ l’angoisse qui s’met en route
J’ai malgré tout un gros dout’
Un nœud au ventr’, rien qui dur’

Elle a poussé loin la porte
Et maint’nant j’me retrouve en short
Elle a mis l’cap sur la mer
Y’m’reste plus qu’à changer d’air

Marc

Banlieue rouge

 

Dans la banlieue rouge
j’ai appris à rêver
j’y avais mes copains
mais ils se sont cassés.

Sarcelles n’a plus d’ailes
et Bobigny se meurt
c’est à Maisons-Alfort
que j’ai perdu l’honneur

Il y avait des filles
elles avaient des corsages
et notre seule envie
c’était de leur ôter

il y’avait un curé
qui nous f’sait rigoler
maintenant qu’il est parti
il n’y a plus qu’la télé

Refrain

Mais dans ma banlieue grise
les jeunes se font chier
dans les cages d’escalier
ils ne font que glander

dehors il fait si froid
dedans ça gueule trop fort
ils ne peuvent plus rêver
leur avenir est bouché

Refrain

dans ma banlieue folle
ils braquent les mémés
ils violent dans les sous-sols
ils dealent pour les camés

Et dans ma banlieue noire
il n’y a plus d’espoir
y’a que les bulletins d’vote
de ceux qui vont voter

Refrain

car dans ma banlieue noire
Le Pen est arrivé
Puis Sarko, ses condés
y’a plus personne le soir

dans ma banlieue rouge
il n’y a plus rien qui bouge
car même les staliniens
leur ont fait le chemin.

Gilles, Michel, Robert et Marc

Un blues lent

Je me suis réveillé ce matin là
elle n’était plus là.
J’étais seul au plumard
où pourtant la veille au soir…
elle avait crié comme une folle que
j’étais son idole.

J’ai été bosser sans avoir rien bouffé,
l’frigo est ruiné.
Dans l’usine y’avait qu’moi,
j’ai pas compris pourquoi.
Les gros bras m’sont tombé d’ssus
du boulot j’en avais plus.

Les copains rassemblés
dans le froid de l’entrée
m’ont prévenu que l’patron
s’était tiré en avion
en emportant la paye du moi
j’avais plus un radis d’vant moi.

D’vant chez moi y’avait l’huissier
ils ont tout emporté.
L’proprio m’a claqué
la porte sur le nez
et maintenant j’suis à la rue
j’ai même pas pris mon pardessus.

C’est pourquoi j’tends la main
sur ce coin de trottoir
En chantant dans le noir
ce blues sans espoir
en attendant que j’me réveille
dans mon plumard avec ma belle.

Yves

Gardens Button’s Party

Gilles

À tous ceux

À tous ceux qui ne veulent pas crever
et qui essaient d’organiser
des contre-feux, des résistances
contre les fachos qui s’avancent.
À tous ceux qui ne veulent pas revoir
ceux qui ont gâché leurs espoirs
les politiciens corrompus
aux idées neuves mais qui puent.

À tous ceux qui luttent debout
et qui surtout poussent à la roue
un monde qui veut les enfermer
dans les ghettos et leurs camés.
À tous ceux qui lèvent leur verre
pour une vie plus solidaire
dans tous les repas de quartier
avec leurs voisins de palier.

À tous ceux qui n’aiment pas leurs parents
et qui pourtant leur sucent le sang
À tous ceux qui tuent père et mère
pour s’enfiler des drogues amères.
À tous ceux qui conduisent des voitures folles
et qui se pètent la gueule, fauchant toute une école
À tous ceux qui ne veulent plus d’amour
et qui pourtant pleurent tous les jours.

À tous ceux qui ne veulent plus prendre la mer
À tous ceux qui n’osent plus changer d’air
qui restent coincés dans leur appartement
bourrés d’ennui et de tranquillisants.
À tous ceux qui regardent Loft Story
en laissant filer toute leur vie
à ceux qui bossent trop, ou pas assez
et qui voudraient pouvoir laisser tomber.

À tous ceux qui sont déjà morts
et que pourtant nous aimions fort
qui ont leurs traces dans nos liens
les pavés sur notre chemin
À tous les révoltés du monde
qui sont en train de le refondrent
à ceux qui sont en mouvement
qui vont hurler contre le vent.

Et à tous ceux qui vont survivre
mélange issus de tous les livres
métis de toutes nos cultures
qui vivront sur une terre mure
Nous disons quel est notre camp
nous battons les rassemblements
nous voudrions que les mots nous servent
que le futur ne soit plus rêve
mais qu’il devienne réalité

Carole

Marc, Michel, Robert et Jean

Un reggae gai

Dans les rues
j’ai croisé, j’ai croisé
le regard des exclus
que tout l’monde ignorait

Dans les rues
j’ai crié, j’ai crié
que l’on en pouvait plus
qu’il fallait tout changer

Dans les rues
j’ai cherché, j’ai cherché
les puissants, les dodus
qui nous font tous suer

Dans les rues
j’ai marché, j’ai marché
pour faire monter la crue
qui allait les noyer

Dans les rues
nous étions des milliers,
décidés, convaincus
à ne plus reculer

Dans les rues
j’ai chanté, j’ai chanté,
quand on a enfin vu
leur État s’effondrer

Dans les rues
j’ai dansé, j’ai dansé
sur les pavés des rues
l’avenir était gai!  

Johny s’en va t’en guerre

Je suis parti d’chez moi
après les attentats
nous étions des milliers
à vouloir nous venger
je suis américain
et du côté du bien.

Casqué, botté, sanglé
formé et déformé
ils m’ont bourré le crâne
je n’suis plus qu’un organe
dans un bel uniforme
j’étais vraiment un homme.

L’juteux m’a fait monter
dans un grand bombardier.
On a volé longtemps
avant de voir des gens
qui courraient en hurlant
déjà couverts de sang

On me l’avait bien dit
c’était tous des bandits
qui tombaient déchiquetés
morceaux éparpillés
tout filait tout en dessous
et nous étions les loups

C’était comme la télé
quand le son est coupé.
j’ai pas vu d’taliban
mais des femmes, des enfants
et nous leur faisions don
d’bombes à fragmentation.

Le pilote s’est gouré
il a mal calculé
bourré d’amphétamines
il a scratché la machine
et on est tombé de haut
le nez dans le capot

Je n’me souviens plus de rien
je suis mort en ricain.
Je suis revenu chez moi
juste entouré d’un drap
on m’a foutu en terre
sur un air militaire.

Le clairon, le drapeau
et le soleil là-haut
dans l’ pays Wyoming
ma croix sur la colline
et mon père et ma mère
seuls pour la vie entière.

Et c’est sur que là bas
il y a un mort comme moi
un jeune enturbanné
soldat fanatisé
je suis mort pour l’pognon
lui pour une religion…

Prostitution: l’aveu de la police toulousaine.

Lu dans le journal “la Dépêche de Toulouse” le 31 octobre 2021:
Sous le titre Toulouse : l’impossible bataille contre la prostitution
On trouve 2 pages avec des témoignages des riverains et des plans des rues interdites par un arrêté municipal qui date de plusieurs années. La prostitution est interdite dans certaines rues. Mais cette interdiction municipale vise en premier lieu les victimes et pas vraiment les clients. Ce qui est clairement dit dans l’interview du policier municipal.

Continuer la lecture de Prostitution: l’aveu de la police toulousaine.

Oradour-sur-Glane en Algérie : Une mémoire oubliée…

Je viens de terminer la lecture du livre de Nedjib Sidi Moussa: “La fabrique du Musulman”.
Livre passionnant que je recommande particulièrement à tous les excitéEs “en lutte contre l’islamophobie” qui en oublient de dénoncer l’islamisme politique au point d’en devenir les idiots utiles.
Sur son site https://sinedjib.com
j’ai trouvé une référence passionnante à une mémoire oubliée, celles des opposants au colonialisme français qui, dès aout 1945, dénoncèrent les massacres de Setif et Guelma.
Le 8 mai cela fait 77 ans.
Merci à Nedjib et à l’association RADAR http://www.association-radar.org qui témoigne de cette mémoire…
Ohé Partisans c’est un journal du Parti communiste Internationaliste, donc un groupe de trotskystes antifascistes… Le texte est en dessous.

PLUTÔT MOURIR DEBOUT QUE DE VIVRE À GENOUX
Oradour-sur-Glane en Algérie
La vérité sur le drame d’Afrique du Nord

Une censure sournoise et une presse bien sage : voilà pourquoi si peu de gens ont une idée précise des événements qui ont ensanglanté l’Algérie.
La situation
Les populations d’Afrique du Nord n’ont jamais connu les bienfaits de la colonisation ».
La richesse des gros colons, et des industriels a été faite de la sueur et du sang des esclaves coloniaux. Depuis la guerre, une famine effroyable a augmenté terriblement la mortalité. En Algérie, les deux tiers des enfants indigènes meurent avant l’âge de deux ans. Dans certaines régions, les Algériens ont pour toute nourriture 120 grammes de grain par jour. Des milliers d’Arabes vivent dans des loques et à peu près nus. Multipliez par dix les restrictions que nous connaissons ici, et par vingt la pourriture vichyssoise : vous avez la situation en Afrique du Nord. La colère des masses en est multipliée d’autant.
Les partis algériens
Par leur politique de soutien du gouvernement, les Partis Ouvriers français ont perdu une grande partie de leur influence. Les Algériens réalisent nettement que les paroles du P. S. et du P. C. F. contre les gros colons ne sont que de la démagogie. Il est évident que les colons ne pourraient exploiter longtemps le peuple algérien s’ils n’avaient pour les soutenir, les baïonnettes du gouvernement « démocratique » auquel participent le P. S. et le P. C. F.
Ce sont donc les Partis Nationalistes Algériens qui bénéficient de la confiance des masses populaires.
Le Parti du Peuple Algérien (P. P. A.) qu’une certaine presse hypocrite a tenté de confondre avec le P. P. F. Inutile de dire qu’il n’y a rien de commun.
Le chef du P. P. A. : Messali Hadj, fut emprisonné sous le gouvernement de Daladier puis sous celui de Pétain et enfin sous le gouvernement actuel. Le deuxième parti est « le mouvement des amis du manifeste », de Ferrat Abbas. Devant la poussée des masses laborieuses, la bourgeoisie ne pouvait freiner le mouvement par des appels au calme de chefs ouvriers traîtres (à la mode de chez nous), ces derniers n’ayant plus de crédit en Algérie. Pour briser les reins au mouvement d’émancipation, elle prépara une monstrueuse provocation. La préparation du massacre fut l’œuvre des colons fascistes et de l’administration algérienne. (Cela, toute la presse de gauche l’a reconnu en France.) Mais la complicité du gouvernement (sur laquelle la presse se tait) ressort des faits qui suivent.
Le drame
Le 8 mai, le drame éclate à Sétif. Une manifestation indigène avait lieu. Une foule de plusieurs milliers de Nord-Africains défilent avec des banderoles : « Vive l’Algérie Indépendante » ! « Libérez Messali Hadj » !
La police intervient. La foule refuse de retirer les mots d’ordre. Un commissaire de police sort son revolver et tire sur les manifestants. Plusieurs s’écroulent ; la foule se disperse. Alors, un groupe d’indigènes parcourt la ville en tuant un certain nombre de personnes.
En tout, 102 morts, d’après les chiffres officiels.
Le prétexte est fourni à une répression sauvage et l’État français se garde bien naturellement d’inquiéter les fomentateurs de la provocation. (Suite page 8.)
Au contraire, la répression est organisée contre la population indigène. Les Versaillais ont fait des petits ! La loi martiale est décrétée à Sétif. Il est interdit aux indigènes de sortir de chez eux s’ils ne sont pas munis d’un brassard spécial indiquant qu’ils se rendent au travail. Tout musulman vu sans brassard est tué sans avertissement.
En pleine ville de Sétif, dans un square, un gamin qui cueillait des fleurs est tué par un sergent. Dans la région de Sétif, la répression est faite par la Légion étrangère et les Sénégalais qui massacrent, violent, pillent les demeures des indigènes et incendient.
La marine dépêche le Duguay-Trouin de Bône. Il bombarde les environs de Kerrata. M. Tillon a demandé aux ouvriers de travailler à construire une forte aviation. Fort bien, les fascistes algériens savent utiliser cette aviation pour semer la mort dans les villages indigènes. Elle bombarde et mitraille toute la région au Nord de Sétif qui est aujourd’hui partiellement un désert (presse démocrate d’Algérie).
Le massacre atteint son comble.
A Guelma. La presse pétainiste a fait du beau travail et suscité une véritable folie raciste dans la population européenne, à telle point que la répression est dirigée par des éléments de la France Combattante et même du Parti Communiste local !
Le II et le 12 mai, selon l’aveu du sous-préfet Achiary, les officiers français font fusiller 300 (trois cent) jeunes musulmans (6 à 600 selon d’autres témoignages) … Les voilà bien les officiers vichystes (qui ne demandaient qu’à se racheter)
Partout le carnage continue, et à Taher, à la sortie d’une conférence faite par M. Lestrade-Carbonel, préfet de Constantine, plusieurs Vichystes notoires peuvent dire : (c’est un jour de victoire pour nous !), En effet.
En France, les gardes civiques du peuple n’existent plus, mais en Afrique du Nord la réaction constitue une « Garde civique » à elle, dans laquelle ce sont les anciens membres du S.O.I de Darnand qui occupent les principaux postes de commandement.
Des militants communistes qui s’étaient élevés contre la tuerie sont frappés par des naphtalineux. Certains militants disparaissent même mystérieusement.
A Djidjelli, les 9, 10 et 11 mai, l’armée pille les quartiers indigènes. La fédération des syndicats confédérés proteste et demande à être reçue par le préfet qui refuse en répondant à la manière de Goering : « L’armée fait son devoir » !
La manœuvre classique
Bien entendu, la réaction essaie de brouiller les cartes selon le procédé classique. Elle déclare que c’est la main de l’Allemagne qui est derrière tout cela.
C’est là un procédé qui prend avec les niais qui oublient que c’est le capital qui a fait Hitler et non Hitler qui a fait le capitalisme.
A la mairie de Douera, lors d’une réunion des maires du Sahel, un certain M. Dromigny applaudit le nom du Général de Gaulle, puis fait une diatribe contre la « propagande allemande » … et enfin réclame le maintien de la Loi Martiale et de la répression contre les indigènes.
Or, ce M. Dromigny était, avant-guerre le représentant en Algérie du Fasciste Dorgères !
Bilan de la répression
« Quelques centaines de victimes »
C’est faux !
Alors M. Tixier-Stulpnagel lâche du lest…
« Douze cents Algériens tués »
C’est faux I
Les culottes de peau chargées de la répression avouent huit mille morts !
Le consul américain d’Alger déclare 35.000 victimes indigènes.
« L’ordre règne en Algérie « !
Sur les Champs-Élysées, la foule applaudit les SS de la Légion en képi blanc. (Ce sont de vrais soldats, ma chère). Comme tout devient clair dans le « problème allemand » …
Et là-bas dans les ruines d’un village, un vieil Arabe parle à ses enfants du « peuple des Seigneurs »
Nous ressentons une grande honte en songeant à cela, nous qui avons lutté pendant quatre ans contre l’oppression. Non ! camarades algériens, nous ne voulons pas être complices du gouvernement bourgeois et de ses tueurs !
Vive la lutte du peuple algérien pour son indépendance !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Caillou le 14 mai 2021

18 Avril 2021 : Hommage aux insurgé.e.s du Ghetto de Varsovie

Hommage aux insurgé.e.s du Ghetto de Varsovie
18 avril 2021, 14h, Place de l’hotel de ville, Paris

Lorsque les nazis entrent dans le ghetto de Varsovie le 19 Avril 1943, ils ne s’attendent pas a trouver 750 juifs et juives armé·es derrière des barricades, prêt·s à les combattre.
Enfermé·es et tassé·es entre des murs aveugles depuis novembre 1940, la population du Ghetto a déjà chuté de 450 000 à 70 000 personnes en moins de 3 ans, en raison des déportations quotidiennes vers le camp de mise à mort de Treblinka.
La date de l’attaque choisie par les nazis correspondait cyniquement avec le premier jour de Pessah (Pâques juive), célébration de la liberté par le souvenir de la sortie d’Égypte du peuple hébreu.
Les insurgé·es n’ont pas de doute sur ce qui les attend comme le montre l’écrit d’un combattant du ghetto : « Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine ».
L’organisation juive de combat (OJC/ en polonais ZOB) – initiée par les mouvements de jeunesse présents dans le Ghetto dont les figures les plus connues étaient Mordehaï Anielewicz, Mira Fuchrer et Marek Edelman – planifie et organise l’insurrection du ghetto.
Ce combat inclut également l’installation de caches et d’abris, la fabrication des armes, des barricades, le stock des provisions et la cuisine, le soin des blessé·es, et la communication. C’est tout le ghetto de Varsovie qui s’est soulevé et a soutenu les 750 combattant·es. Malgré les conditions dramatiques de leur lutte, les milliers de personnes acculées se sont dressées et organisées contre les nazis. Ces femmes et ces hommes se sont aussi battu·e·s pour que leur mémoire nous parvienne et nous inspire. Leur rendre hommage est également un appel aux combats d’aujourd’hui face à la montée des droites extrêmes et des idées fascisantes, et plus particulièrement de l’antisémitisme.
Comme l’écrivait Mordehaï Anilewicz dans son dernier message du 23 avril 1943 : « Grâce à notre radio, nous avons entendu une merveilleuse émission relatant notre lutte. Le fait que l’on parle de nous hors du ghetto nous donne du courage.”
A toutes et à tous les insurgé·es du ghetto, nous rendrons hommage le 18 Avril 2021 à 14h.
A l’appel du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR).

Un séminaire en ligne avec l’historienne Audrey Kichelewski sur le soulèvement du Ghetto de Varsovie et ses mémoires
19 avril 2021, 19h30
Ce séminaire, qui se déroulera sur ZOOM, est ouvert à tou.te.s !
Vous pouvez dès maintenant vous inscrire à cette adresse :
raar-ghetto-varsovie-2021@gmail.com

On peut voir, sur le site de l’INA, Anna Langfus témoigner sur ce premier jour de l’insurrection .
Ici:
C’est un extrait du journal télévisé de 1965.
Cela dure très peu, 3 min 52 s.
Pour moi, entendre cette voix amie, disparue depuis 1966, me touche au cœur.
Salut Anna et merci à l’INA.


Caillou,  le 17 avril 2021.

L’islamo-gauchisme ? Cela n’existe pas ?

Voici un texte trouvé sur un site toulousain dont je cache le nom.
Il se passe peut-être de commentaires ?
Mais il confirme que l’islamo-gauchisme existe
et qu’il est tout près de nous.

Charlie, voile, laïcité et racisme dans l’Education Nationale

l’Education Nationale occupe un rôle central et prépondérant dans la montée du racisme et du fascisme en France, il est temps de monter sur le toit des écoles, collèges et lycées pour le crier, haut et fort.
La première affirmation est tout simplement énorme ! Voyons voir sur quoi elle s’appuie.

En 2015, on a vu fleurir sur les trousses des profs des pins « je suis Charlie ». « Je suis », un journal raciste, mysogine, homophobe et transphobe.
Charlie, c’est tout cela ? C’est tellement con qu’il est inutile de commenter. Mais c’est donc une bonne choses de liquider les journalistes d’un journal raciste, misogyne, homophobe et transphobe.

Aujourd’hui, il y a un nouveau pins sur la trousse : « je suis Samuel Paty ». « Je suis », un prof raciste, qui a cru pertinent de montrer des caricatures islamophobes, en les présentant comme un modèle à suivre de la liberté d’expression, et a discriminé ses élèves en proposant à celleux qui seraient choqué.es de sortir de classe.
Un prof qui fait un cours sur la liberté d’expression et qui montre des dessins pour illustrer son cours est un prof raciste ? Autant dire qu’un bon prof est celui qui se tait, qui ne montre rien, qui n’encourage pas l’esprit critique des élèves… Un bon prof comme ceux de Daesh?

Verra-t-on bientôt des pins « je suis Fatiha-Agag Boudjahlat » ? « Je suis » une prof raciste, transphobe, qui appelle publiquement sur twitter les terroristes blancs d’extrême droite à « remettre le score à égalité » ?
Répondez lui directement, répondez à ses arguments contenus dans “Combattre le voilement” ou “Le grand détournement”. Ce sera plus instructif que vos insultes.

Ou bien des pins « je suis Didier Lemaire » ? « Je suis » un prof raciste, fasciste, adepte de la théorie du grand remplacement, qui déclare que « Nous ne sommes pas loin d’un scénario à l’algérienne et nous ne sommes plus dans un état de paix. Il nous faut des lois d’exception qui visent l’ennemi et ne s’appliquent qu’à l’ennemi. » ?
Vu comme ce texte a commencé on peut avoir des doutes sur vos références. Mais il est évident qu’il doit être immédiatement décapité!

Combien de profs ont dénoncé la loi raciste de 2004 sur les signes religieux à l’école ?
La création de la « Charte de la laïcité » en 2003 ?
L’instauration de « référents laïcité » dans les académies, véritables commissaires politiques de la République ?
La place de plus en plus importante faite à la « laïcité » dans les programmes ainsi que dans la formation en INSPE (ex-ESPE) ?
La délation raciste de mineur.es à la police par des collègues ? La répression policière et judiciaire qui s’en est suivie ?
Bien trop peu. Et pas assez fort.
Le ou les signataires de ce texte soutiennent les signes religieux à l’école et veulent combattre la laïcité.

Si l’Education Nationale a toujours été une institution raciste, on pouvait avoir l’impression que contrairement à la Police, ce racisme ne concernait que l’institution elle-même, sa direction et non pas les profs, sauf à la marge. On pouvait se baser par exemple sur les sondages de sorties des urnes, qui montrent toujours que le vote FN/RN est très minoritaire dans l’enseignement.
Mais il est aujourd’hui évident que le racisme n’est pas et n’a jamais été l’exclusivité du FN. On le voit très clairement, au grand jour, dans la quasi-totalité des partis politiques y compris à « gauche » (PS, EELV, PCF, LFI, LO…), et dans certains syndicats (FO et FSU concernant les profs).
Ce constat est le même pour le corps professoral. Le racisme dans l’Education Nationale, ce n’est pas seulement le/la prof tellement raciste que sa haine saute aux yeux de tou.tes, c’est aussi le/la prof qui se dit antiraciste, républicain.e mais pense que « le voile musulman est un objet de soumission de la femme ».
Donc tout le monde est raciste, même les antiracistes républicains et féministes. En négatif ce que dit ce texte c’est que les seuls qui ne soient pas racistes sont … les islamistes!

Si l’Education Nationale est quelque peu hermétique au racisme « à l’ancienne », elle est en revanche complètement poreuse au racisme « républicain », qui ne dit pas son nom. Plus que poreuse, c’est en fait une institution qui est aux avants postes de ce nouveau racisme pour qui la laïcité fait office à la fois d’épée et de bouclier.
Le nouveau racisme c’est la laïcité ? Ce texte parait sur un site qui se proclame “une optique de contestation de l’ordre établi“? Donc propose d’en revenir à la main mise des curés d’avant 1905 ?

Qui a en effet fait du voile un objet de discussion central en France ? Ce sont des profs et des directeur.trices d’établissements scolaires, dès la fin des années 1980, notamment lors de « l’affaire de Creil ».
En septembre 1989, le principal d’un collège avait exclu trois élèves musulmanes au motif que « le voile est une marque religieuse incompatible avec le bon fonctionnement d’un établissement scolaire ». Il en avait profité pour stigmatiser les élèves juif.ves en dénonçant « une vingtaine de jeunes israélites [qui] ne viennent pas le samedi matin, ni le vendredi soir pendant l’hiver ». Tout ça avec le soutien des profs de son établissement. Cet évènement aura créé une tempête médiatique qui aurait pu s’achever avec un arrêt du Conseil d’Etat rendu en novembre 1989 disant clairement que « le port du voile islamique, en tant qu’expression religieuse, dans un établissement scolaire public, est compatible avec la laïcité ».

Mais c’était sans compter sur l’acharnement des professeurs et directeur.trices d’établissements scolaires, qui ont été très nombreux.ses à continuer de discriminer les élèves musulmanes, à vouloir absolument les dévoiler, quitte à aller à l’encontre d’un arrêt de la plus haute juridiction administrative de France. Quelques exemples :

  1. En 1990, trois élèves sont exclues du collège Pasteur de Noyon. Les enseignant.es d’un collège de Nantua se mettent en grève contre le port du voile à l’école.
  2. En octobre 1994, à Mantes la Jolie, manifestation des élèves du lycée Saint-Exupéry en faveur de la liberté de porter le voile en classe.
  3. Un mois plus tard, 24 élèves voilées sont expulsées de ce lycée et du lycée Faidherbe à Lille.

Entre 1993 et 2003, c’est une centaine d’élèves musulmanes qui seront exclues de collèges ou lycées publics pour port de voile « islamique ».
C’est aussi dans ce laps de temps qu’a eu lieu l’attaque du World Trade Center le 11 septembre 2001 par Al-Quaeda, faisant beaucoup pour la libération et la légitimation des discours racistes dans l’espace public, y compris dans les écoles.
Tout un historique pour montrer le total soutien du ou des signataires aux musulmanes qui se voilent. Pas un mot sur le contexte qui les amènent à se voiler, sur les pressions sociales, sur l’emprise des islamistes dans les quartiers. Et tant qu’à se situer dans l’Histoire pas un mot sur les massacres des années noires en Algérie, quand l’armée et les islamistes rivalisaient dans l’horreur et quand les pays civilisées comme la France fermaient les yeux et refusaient les visas aux victimes.

L’aboutissement de cette séquence -initiée par des profs et personnels de l’Education Nationale-, c’est la décision de Jacques Chirac (le même qui quelques années plus tôt se plaignait du « bruit et de l’odeur » des personnes noires et arabes) de créer une loi interdisant tout signe de port religieux à l’école, décision matérialisée par l’adoption de la loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 sur les signes religieux à l’école. Loi qui permettra à l’Education Nationale d’exclure légalement des centaines d’élèves musulmanes de ses collèges et lycées.

Là où le FN/RN a échoué, le Printemps républicain a réussi et s’est répandu dans l’Education Nationale comme une gangrène.
Au grand jour, avec la nomination de personnes proches de ce parti ou y appartenant à des postes clés, comme recteur.trice,ou encore au conseil des « sages » de la laïcité, créé par le ministre, Blanquer, un partisan d’une ligne ultra-raciste d’interdiction du voile dans tout l’espace public. On y retrouve par exemple Laurent Bouvet, co-fondateur du printemps républicain. Ce parti infiltre aussi la formation des enseignant.es en INSPE (ex-ESPE). Par exemple, Frédérique de la Morena, membre du conseil des sages, autrice de livres racistes comme “Laïcité, une question de frontières”, et conférencière au Grand Orient de France aux côtés notamment d’Aurore Bergé, est formatrice à l’antenne de Montauban de l’INSPE de Toulouse.
Mais aussi, plus discrètement et insinieusement, avec la reprise des éléments de langage du Printemps républicain, par une partie du corps professoral, par des personnes qui n’osent pas être associées à ce parti mais en partagent les idées.
Et nous voila pris en tenaille entre l’extrême droite, qui se sert de la laïcité comme d’un cache sexe pour son racisme réel et ancien, et les islamistes qui veulent partout créer les conditions d’un affrontement entre les bons musulmans ou prétendus tels et les méchants racistes blancs. 

Et que se passe-t-il pour celleux qui ont le courage de dénoncer tout ce racisme ? Celleux qui le font individuellement sont au mieux ignoré.es, au pire se font sanctionner, ostraciser par la hiérarchie, celleux qui le font collectivement (comme Sud Education 93) servent d’exemple à des députés racistes pour justifier la dissolution de syndicats professionnels. Bientôt, les profs qui oseront parler de racisme d’Etat, de racisme systémique seront santionné.es par leur hiérarchie mais aussi par la justice pénale.
Pauvres victimes, ces islamos-gauchistes qui voient le racisme partout pour mieux se taire sur les attentats aveugles des islamistes, nouveaux fascistes.

Et pour les profs racistes ? Des ronds de serviette dans plus ou moins tous les grands médias, un soutien sans faille de toute la hiérarchie, du DASEN jusqu’au ministère, avec protection fonctionnelle, voire même protection policière pour les plus racistes.

Aux profs qui restent sur la touche, ne soyez plus complices du pire par silence et/ou inaction, faites vous entendre, et luttez contre la gangrène raciste, par tous les moyens.
Aux profs qui se voient comme des grains de sable dans la machine : un grain de sable ça abîme les engrenages tout doucement, mais un sabot ça bloque l’engrenage et ça casse la machine. Soyez des sabots. Sabotez.
Et applaudissez aux meurtres de Charlie, aux bombes de 2015, aux camions dans la foule, aux décapitations ! Ce sont là des sabotages contre le racisme généralisé !
Juste une précision: Dans islamo-gauchisme il y a “gauchisme” et il n’y pas une once de dénonciation du capitalisme dans ce texte. Il n’est donc pas islamo-gauchiste mais juste islamo tout court …

Caillou, le 20 février 2021

 

Algérie: condamné à 10 ans de prison pour un vieux Coran déchiré

Yacine Mebarki, un militant berbère de 52 ans, arrêté le 30 septembre 2020 après une perquisition à son domicile, a été condamné le  8 octobre à dix ans de prison ferme pour «incitation à l’athéisme» et «offense à l’islam».

La police y aurait trouvé, parmi de vieux livres traitant de religion et d’histoire, un ancien exemplaire du Coran, appartenant à son grand-père, avec une page déchirée, ce qui est considéré comme une grave atteinte à l’islam. Après «examen» du vieux livre saint, les policiers ont découvert une page déchirée. «Pour eux, c’est une atteinte aux préceptes de l’islam et non un vieux livre qui s’est détérioré avec le temps», notent plusieurs médias algériens.
Participant au «Hirak», le mouvement de protestation contre le pouvoir en Algérie, Yacine Mebarki écope en plus d’une peine pécuniaire de plus de 70’000 francs suisses selon la sentence  prononcée par un tribunal de Khenchela, ville des Aurès, à 470 km à l’est d’Alger.
Peine «moyenâgeuse»
Sur les réseaux sociaux, cette condamnation, qui s’inscrit dans une vague de répression visant des militants du «Hirak», des opposants politiques, des journalistes et des blogueurs, est qualifiée de «moyenâgeuse».
L’opposant est puni pour «dénigrement du dogme ou des préceptes de l’islam». L’athéisme est sévèrement condamné dans le monde musulman, alors que le pays est censé respecter  les garanties contenues dans le droit national, notamment la Constitution, et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, en matière du respect des libertés de conscience et d’opinion, rappelle la Ligue algérienne pour la défense droits de l’homme (LADDH).  (cath.ch/ag/be)

Caillou, 10 février 2021