Il y a presque 15 ans…
Ce CD oublié comportait 9 morceaux :
Une rumba
Un blues pour rien
Banlieue rouge
Un blues lent
Gardens Button’s Party
A tous ceux
Carole
Un reggae gai
et Johny s’en va t’en guerre
Il a été enregistré dans le studio (improvisé) de Michel, au Fousseret.
En mai 2000 nous commençons à répéter dans les locaux syndicaux du Pigeonnier de la Cépière. Nous sommes alors une émanation des syndicats Sud, et notre nom est The group of the Ten, (le groupe des 10), ancien nom des syndicats Solidaires. Le 27 mai 2000 on joue à la fête du Sud PTT le blues lent puis on change de nom, on devient La teigne et on joue dans plusieurs réunions et manifestations. En particulier le 1ermai 2002 où nous jouons (du Ska) à la manif anti-Le Pen entre les deux tours des élections. On sort le premier CD Dans les rues en 2005. Nous sommes alors cinq : Gilles aux djembés, Jean à la batterie, Marc au chant, Michel à la guitare, Robert à la guitare et au chant, et Yves à la basse et au chant.
La rumba
C’est par une nuit comme ça
Par une nuit d’été
qu’on peut se demander
pourquoi qu’on est parti
à l’autre bout du monde
faire les cons à la ronde
et si loin du pays
pourquoi? pourquoi? pourquoi?
C’est par une nuit comme ça
Qu’on se demande pourquoi
les filles blanches ne dansent pas
ne dansent pas avec moi
pourquoi qu’elles ne veulent pas?
quand on est noir comme moi?
pourquoi? pourquoi? pourquoi?
Est ce que je suis bizarre
Ridicule ? Étranger ?
ou est ce que je suis noir?
noir comme la nuit?
noir comme la nuit sans espoir
Et pourquoi à l’entrée
de cette discothèque
il y a ce noir tout sec
ce grand balezze tout black
qui me refuse l’entrée
qui veut me foutre des claques?
Pourquoi tous les gens font
comme s’ils ne voyaient rien
Est-ce parce que suis noir
que je montre le poing
Est-ce que je vous fais peur ?
Est-ce que j’nai pas d’papiers?
ou est ce que je suis noir?
dans la nuit sans espoir
Pourtant vous voulez bien
qu’j’travaille sur vos chantiers
en étant mal payé
dans l’insécurité
Pourtant vous voulez bien
que j’construise vot pays
si je m’en vais au loin
quand il sera fini
Un blues pour rien
J’avais beau dir’, beau faire
Pas rond qu’elle tourn’ la terre,
Y’a qu’mon lit qui s’bouge
L’cœur qui s’est fait la paire
J’métais mis plus que minable
L’automne, la têt’ sur la table
Pleins de nuages sur le front
Une vie en vrac, sans jamais l’rond
Elle m’a dit « y faut t’secouer »
Encore l’allonger ton pas,
Voir en face ce qui n’va pas.
Un aut’ verr’ j’me suis versé
Refrain
Demain, ça ira mieux c’est sûr
Just’ l’angoisse qui s’met en route
J’ai malgré tout un gros dout’
Un nœud au ventr’, rien qui dur’
Elle a poussé loin la porte
Et maint’nant j’me retrouve en short
Elle a mis l’cap sur la mer
Y’m’reste plus qu’à changer d’air
Banlieue rouge
Dans la banlieue rouge
j’ai appris à rêver
j’y avais mes copains
mais ils se sont cassés.
Sarcelles n’a plus d’ailes
et Bobigny se meurt
c’est à Maisons-Alfort
que j’ai perdu l’honneur
Il y avait des filles
elles avaient des corsages
et notre seule envie
c’était de leur ôter
il y’avait un curé
qui nous f’sait rigoler
maintenant qu’il est parti
il n’y a plus qu’la télé
Refrain
Mais dans ma banlieue grise
les jeunes se font chier
dans les cages d’escalier
ils ne font que glander
dehors il fait si froid
dedans ça gueule trop fort
ils ne peuvent plus rêver
leur avenir est bouché
Refrain
dans ma banlieue folle
ils braquent les mémés
ils violent dans les sous-sols
ils dealent pour les camés
Et dans ma banlieue noire
il n’y a plus d’espoir
y’a que les bulletins d’vote
de ceux qui vont voter
Refrain
car dans ma banlieue noire
Le Pen est arrivé
Puis Sarko, ses condés
y’a plus personne le soir
dans ma banlieue rouge
il n’y a plus rien qui bouge
car même les staliniens
leur ont fait le chemin.
Un blues lent
Je me suis réveillé ce matin là
elle n’était plus là.
J’étais seul au plumard
où pourtant la veille au soir…
elle avait crié comme une folle que
j’étais son idole.
J’ai été bosser sans avoir rien bouffé,
l’frigo est ruiné.
Dans l’usine y’avait qu’moi,
j’ai pas compris pourquoi.
Les gros bras m’sont tombé d’ssus
du boulot j’en avais plus.
Les copains rassemblés
dans le froid de l’entrée
m’ont prévenu que l’patron
s’était tiré en avion
en emportant la paye du moi
j’avais plus un radis d’vant moi.
D’vant chez moi y’avait l’huissier
ils ont tout emporté.
L’proprio m’a claqué
la porte sur le nez
et maintenant j’suis à la rue
j’ai même pas pris mon pardessus.
C’est pourquoi j’tends la main
sur ce coin de trottoir
En chantant dans le noir
ce blues sans espoir
en attendant que j’me réveille
dans mon plumard avec ma belle.
Gardens Button’s Party
À tous ceux
À tous ceux qui ne veulent pas crever
et qui essaient d’organiser
des contre-feux, des résistances
contre les fachos qui s’avancent.
À tous ceux qui ne veulent pas revoir
ceux qui ont gâché leurs espoirs
les politiciens corrompus
aux idées neuves mais qui puent.
À tous ceux qui luttent debout
et qui surtout poussent à la roue
un monde qui veut les enfermer
dans les ghettos et leurs camés.
À tous ceux qui lèvent leur verre
pour une vie plus solidaire
dans tous les repas de quartier
avec leurs voisins de palier.
À tous ceux qui n’aiment pas leurs parents
et qui pourtant leur sucent le sang
À tous ceux qui tuent père et mère
pour s’enfiler des drogues amères.
À tous ceux qui conduisent des voitures folles
et qui se pètent la gueule, fauchant toute une école
À tous ceux qui ne veulent plus d’amour
et qui pourtant pleurent tous les jours.
À tous ceux qui ne veulent plus prendre la mer
À tous ceux qui n’osent plus changer d’air
qui restent coincés dans leur appartement
bourrés d’ennui et de tranquillisants.
À tous ceux qui regardent Loft Story
en laissant filer toute leur vie
à ceux qui bossent trop, ou pas assez
et qui voudraient pouvoir laisser tomber.
À tous ceux qui sont déjà morts
et que pourtant nous aimions fort
qui ont leurs traces dans nos liens
les pavés sur notre chemin
À tous les révoltés du monde
qui sont en train de le refondrent
à ceux qui sont en mouvement
qui vont hurler contre le vent.
Et à tous ceux qui vont survivre
mélange issus de tous les livres
métis de toutes nos cultures
qui vivront sur une terre mure
Nous disons quel est notre camp
nous battons les rassemblements
nous voudrions que les mots nous servent
que le futur ne soit plus rêve
mais qu’il devienne réalité
Carole
Un reggae gai
Dans les rues
j’ai croisé, j’ai croisé
le regard des exclus
que tout l’monde ignorait
Dans les rues
j’ai crié, j’ai crié
que l’on en pouvait plus
qu’il fallait tout changer
Dans les rues
j’ai cherché, j’ai cherché
les puissants, les dodus
qui nous font tous suer
Dans les rues
j’ai marché, j’ai marché
pour faire monter la crue
qui allait les noyer
Dans les rues
nous étions des milliers,
décidés, convaincus
à ne plus reculer
Dans les rues
j’ai chanté, j’ai chanté,
quand on a enfin vu
leur État s’effondrer
Dans les rues
j’ai dansé, j’ai dansé
sur les pavés des rues
l’avenir était gai!
Johny s’en va t’en guerre
Je suis parti d’chez moi
après les attentats
nous étions des milliers
à vouloir nous venger
je suis américain
et du côté du bien.
Casqué, botté, sanglé
formé et déformé
ils m’ont bourré le crâne
je n’suis plus qu’un organe
dans un bel uniforme
j’étais vraiment un homme.
L’juteux m’a fait monter
dans un grand bombardier.
On a volé longtemps
avant de voir des gens
qui courraient en hurlant
déjà couverts de sang
On me l’avait bien dit
c’était tous des bandits
qui tombaient déchiquetés
morceaux éparpillés
tout filait tout en dessous
et nous étions les loups
C’était comme la télé
quand le son est coupé.
j’ai pas vu d’taliban
mais des femmes, des enfants
et nous leur faisions don
d’bombes à fragmentation.
Le pilote s’est gouré
il a mal calculé
bourré d’amphétamines
il a scratché la machine
et on est tombé de haut
le nez dans le capot
Je n’me souviens plus de rien
je suis mort en ricain.
Je suis revenu chez moi
juste entouré d’un drap
on m’a foutu en terre
sur un air militaire.
Le clairon, le drapeau
et le soleil là-haut
dans l’ pays Wyoming
ma croix sur la colline
et mon père et ma mère
seuls pour la vie entière.
Et c’est sur que là bas
il y a un mort comme moi
un jeune enturbanné
soldat fanatisé
je suis mort pour l’pognon
lui pour une religion…