Une nouvelle version du Lac des cygnes, proposée à Paris par l’Opéra Bastille est actuellement visible sur les écrans de cinéma.
Ce ballet est inspiré d’une légende allemande. Pour en résumer grossièrement l’intrigue, il s’agit d’un prince Siegfried qui doit se marier et qui tombe amoureux d’une femme-cygne : Odette, le Cygne blanc. Celle-ci l’aime aussi, mais elle est sous la coupe du sorcier Rothbart. Celui-ci tend alors un piège à Siegfried en lui présentant sa fille Odile, le cygne noir, sous les mêmes traits qu’Odette. Siegfried tombe dans le piège, épouse Odile et quand il se comprend, aux rires d’Odette et de Rothbart, qu’il y a eu méprise, il s’effondre. Il va voir Odile. Mais après une danse terrifiante entre Rothbart et les deux amants, le cygne blanc se précipite dans le lac et disparait. Cf : Le lac des cygnes.
Galatée
On peut voir à Paris, dans le jardin du Luxembourg, niché dans « La Fontaine Medicis » un ensemble statuaire : « Polyphème surprenant Acis et Galatée » a été sculptée par Auguste Ottin en 1852.
Le cyclope Polyphème est en bronze et il surplombe le couple enlacé de Galatée et d’Acis. Il va écraser Acis sous un énorme rocher. C’est donc une image qui parle de la jalousie. Cette statue raconte un mythe grec puis romain raconté par plusieurs auteurs classique dont Théocrite, Ovide ou Luis de Góngora. (J’avoue humblement n’en avoir lu aucun et ne fait que répéter ce qui est écrit concernant ce mythe). Donc Galatée, nymphe de la mer, est désirée par le cyclope Polyphème, mais elle aime un berger sicilien nommé Acis. Polyphème les surprend ensemble. Il tue son rival en l’écrasant sous un rocher. Galatée, voyant des filets de sang sourdre sous le rocher, les change en rivière, afin de pouvoir s’y baigner tous les jours, donc en faisant l’amour avec le berger. Cf Galatée
Il s’agit donc de deux œuvres datant de la même période, le XIXe siècle. Le Lac des Cygnes et sa partition magnifique de Tchaikovski sont totalement romantiques. La sculpture d’Auguste Ottin étant d’un style néo-classique. Elles portent à mon avis des messages totalement contradictoires.
Le lac des cygnes est plein de grâce, de légèreté, de charme froufroutant. Les danseuses en tutu dégagent une féminité un peu enfantine qui ne demande qu’à être protégée. Les femmes y sont objets. Objets de désir bien sûr. Mais aussi objets des décisions des hommes. Le cygne blanc, Odette, parce qu’elle est sous l’emprise du sorcier Rothbart ne peut pas vivre l’amour qui lui tend les bras. Mais le cygne noir, la cruelle Odile, ne fait qu’obéir aux ordres de son père. Elle mime l’amour par la danse, mais c’est son père Rothbart qui la manipule. Quand au Prince Siegfried, obligé de se marier pour plaire à sa mère la Reine, il doit choisir une épouse. Aucune d’entre elles n’a son mot à dire. Nous sommes donc bien là devant l’idée des femmes que se fait la bourgeoisie du XIXe. Les femmes sont belles, légères, charmantes, mais pour ce qui concerne le mariage ce sont les hommes qui doivent choisir, prendre ou… se les payer dans les bordels, qu’on appelait aussi des claques. Car c’est l’époque du triomphe de la prostitution. Le machisme supporte tout a fait la contradiction entre la morale et les putes !
Dans la sculpture de la Fontaine Médicis, Galatée en revanche est une femme libre. Certes c’est une des Néréides (nymphe marine). Donc pas n’importe qui ! Mais c’est Galatée qui veut Acis, simple berger. C’est elle qui se refuse à l’affreux Polyphème. C’est même elle qui transforme son sang en fleuve pour pouvoir continuer à l’aimer. Galatée, « à la peau blanche comme du lait », a été souvent représenté.
C’est elle aussi dans le mythe de Pygmalion
Galatée est aussi le quatrième satellite naturel de Neptune.
On peut penser que la représentation de ce mythe par Ottin est surtout l’occasion de montrer cette nudité triomphante. Cette nudité qui a d’ailleurs fait scandale à l’époque.
Ce qui se cache derrière cette représentation d’Auguste Ottin, dans ce couple enlacé sous le regard du voyeur dominateur et jaloux, c’est peut-être un discours de liberté.
Ce qui ne serait pas étonnant de la part d’un sculpteur qui fut du côté de la Commune de Paris et qui sauva le journaliste Benoit Malon en lui prêtant le passeport de son fils, Léon, Auguste, et en le faisant accompagner par sa femme jusqu’en Suisse.
Il me reste pour le Lac des cygnes, la musique extraordinaire de Tchaïkovski, la beauté de la danse, (l’exploit sportif aussi des danseuses !), et le plaisir d’un merveilleux spectacle.
Mais entre le Lac des Cygnes, les plumes, le frou-frou, le prince myope, sa petite arbalète et la soumission des femmes… Et la libre Galatée, contre la jalousie, pour l’amour librement consenti, contre la domination masculine… Le choix me semble vite fait ! Mais il est vrai que c’est une pensée binaire !
Les photos étaient interdites pendant la cérémonie pour une obscure raison de participations de soldats des forces spéciales…
Il faisait beau et je me sentais bizarre au milieu de tous ces uniformes et de ce cérémonial, mais c’était pour Madeleine.
Face à l’ampleur du bouleversement provoqué par la pandémie Covid-19, près de 230 médecins, infirmiers, réanimateurs, paysans, artistes, chercheurs, scientifiques, syndicalistes, éditeurs et autres personnalités appellent à l’entraide et à l’auto-organisation dans cette période de confinement : « Il n’y aura pas de “sortie de crise” sans un bouleversement majeur de l’organisation sociale et économique actuelle » Depuis une semainela France est entrée dans une nouvelle réalité vertigineuse. Le Covid-19 n’est plus une « petite grippe », selon nos gouvernants, mais la « pire crise sanitaire depuis un siècle ». Un choc intime qui nous fait trembler pour nos proches et toutes les personnes particulièrement fragiles. Une secousse géopolitique qui fait s’effondrer la mondialisation néolibéralecomme un château de cartes. 2019 avait été une année d’incendies ravageurs en Australie, Amazonie et ailleurs, et d’immenses soulèvements populaires. 2020 a d’ores et déjà les traits d’une paralysie totale, une crise systémique majeure.
Cette pandémie achève de rendre irrespirable la vie dans un système politique et économique délirant, néfaste, mais surtout inutile au moment où un immense besoin de soin se fait sentir. Après être resté attentiste pendant un mois et demi, Emmanuel Macron a promis, pour ne pas perdre la face, que « l’État paiera […] quoi qu’il en coûte ». La « mobilisation générale » est décrétée. « Nous sommes en guerre », paraît-il, contre un « ennemi invisible ».
Face à cette rhétorique militariste, nous affirmons une autre logique. À « l’union nationale » nous préférons l’entraide générale. À la guerre, nous opposons le soin, de nos proches jusqu’aux peuples du monde entier et au vivant. En France, comme dans les autres pays, nous allons tenir ensemble pour faire face à l’épidémie. Nous allons transformer l’isolement imposé en immense élan d’auto-organisation et de solidarité collective.
Avec nos voisin-e-s, nos ami-e-s, nos familles, nos proches, nos collègues ; dans nos immeubles, nos rues, nos quartiers, nos villes et nos villages ; notamment en utilisant les réseaux sociaux, nous allons construire l’entraide à la base. Pour aider les plus fragiles qui ne peuvent pas sortir à obtenir de la nourriture. Pour garder les enfants de celles et ceux qui doivent continuer de travailler. Pour partager des informations vérifiées sur la situation. Pour se donner des nouvelles et se réconforter dans cette situation déchirante. Pour soutenir les plus précaires dans leurs luttes pour vivre. Pour faire face à une crise économique, bancaire et financière qui s’annonce dévastatrice malgré les annonces faussement rassurantes des banques centrales. En restant chez nous pour le moment, mais dans la rue dès que possible.
Face à l’ampleur du bouleversement, même Emmanuel Macron appelle à « innover dans la solidarité ». Mais nous ne sommes pas dupes du fameux « en même temps » : l’entraide que nous construisons n’est pas l’auxiliaire d’un État néolibéral défaillant. Elle ne sera pas le cheval de Troie d’une future « stratégie du choc » à base de télétravail, de « volontariat citoyen » dans des services publics détruits, et de poursuite dans la destruction des acquis sociaux au nom de « l’état d’urgence sanitaire ».
Notre solidarité est celle du peuple, de ceux d’en bas, qui se serrent les coudes pour survivre et pour vivre dignement. Elle n’a rien à voir avec celle des élites mondiales – facilement dépistées, elles -, qui se retranchent dans leurs palais dorés, protégés et désinfectés pendant que les soignant-e-s sont « au front » sans moyens et fabriquent leurs propres masques de protection en prenant tous les risques.
Pendant que les travailleurs-euses et instituteurs-trices gardent leurs enfants, sans consigne officielle pour se protéger, s’exposant à une contamination. Pendant que les plus précaires, les sans logis, sans papiers, sans réseaux sociaux, les intérimaires sans chômages partiels, les « indépendants » contraints au travail en danger ou sans activité, seront encore plus frappé-e-s par la crise. Pendant que les « déjà confiné-e-s », les migrant-e-s enfermé-e-s en centres de rétentions et les prisonnier-e-s voient leur situation encore aggravée.
Jamais l’alternative n’a été si claire, le scandale si palpable : nous jouons notre vie pendant qu’eux gèrent l’économie.
L’entraide que nous allons construire s’inscrit dans le sillage du soulèvement des peuples partout dans le monde au cours des derniers mois, du Chili au Liban, de l’Algérie au Soudan. Cette vague a répandu sur la planète la nécessité de mettre nos corps en jeu. Le Covid-19 rend indispensable, pour l’heure, leur confinement. Mais révolté-e-s ou confiné-e-s, nous mourrons d’un système qui recherche le profit et l’efficacité et pas le soin, le pouvoir et la compétition et pas l’entraide.
Cette épidémie ravageuse n’est pas une simple réalité biologique. Elle est amplifiée par les politiques néolibérales, la destruction méthodique de l’hôpitalet de l’ensemble des services publics. Si ce virus tue autant, c’est aussi parce qu’il n’y a plus assez de soignant-e-s et de lits, pas assez de respirateurs ou parce que l’hôpital tend à devenir une entreprise à flux tendu. Et si nous applaudissons chaque soir à 20h les soignant-e-s, c’est aussi pour contenir notre colère contre les gouvernant-e-s qui savaient que la tempête arrivait depuis deux mois sans rien faire.
Nous appelons donc à renforcer la solidarité et l’auto-organisation pour faire face à la pandémie et la crise systémique, partout où c’est possible, sous toutes les formes imaginables, tout en respectant la nécessité absolue du confinement pour freiner la propagation. Plus particulièrement, nous appelons à rejoindre le réseau de solidarité auto-organisé #COVID- ENTRAIDE FRANCE (https://covid-entraide.fr/)qui se constitue dans des dizaines de lieux depuis une dizaine de jours. Nous invitons à créer des groupes d’entraides locaux en ligne et sur le terrain, de notre hameau à notre village, de notre immeuble à notre ville. Nous appelons à recenser les centaines d’initiatives qui se créent à travers une cartographie collaborative (https://covidentraide.gogocarto.fr).
Ne restons pas sidéré-e-s face à cette situation qui nous bouleverse, nous enrage et nous fait trembler. Lorsque la pandémie sera finie, d’autres crises viendront. Entre temps, il y aura des responsables à aller chercher, des comptes à rendre, des plaies à réparer et un monde à construire. À nous de faire en sorte que l’onde de choc mondiale du Covid-19 soit la « crise» de trop et marque un coup d’arrêt au régime actuel d’exploitation et de destruction des conditions d’existence sur Terre. Il n’y aura pas de « sortie de crise » sans un bouleversement majeur de l’organisation sociale et économique actuelle.
Il y aura un avant et un après. Nous sommes pour l’instant confiné-e-s, mais nous nous organisons. Et, pour sûr, nous reprendrons les rues, les jardins, les outils de travail, les moyens de communication et les assemblées, ensemble.
La stratégie du choc doit s’inverser. Cette fois-ci le choc ne servira pas à affermir le contrôle, le pouvoir central, les inégalités et le néolibéralisme, mais à renforcer l’entraide et l’auto-organisation. À les inscrire dans le marbre.
Signature pour les associations et organisations : merci d’envoyer votre signature à entraidepandemie@riseup.net(en précisant l’organisation dans l’objet du mail)
Premiers signataires :
Corinne Morel-Darleux, autrice, élue régionale et militante éco-socialiste Pablo Servigne, chercheur in-terre-dépendant Éric Beynel, co-délégué général de Solidaires Cécile Gondard-Lalanne, co-déléguée générale de Solidaires Hugo Huon, pour le Collectif Inter-Urgences Matthieu Bellahsen, psychiatre et praticien hospitalier Sarah Kilani, médecin anesthésiste-réanimateur Benoit Blaes, président du Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) Sayaka Oguchi, médecin généraliste, trésorière du SNJMG Emmanuelle Lebhar, interne en médecine générale, chargée de mission au SNJMG Julien Aron, médecin néphrologue, chargé de mission au SNJMG Vladimir Adrien, interne de l’AP-HP Jonas Pochard, anesthésiste réanimateur Amaury Delarge, réanimateur Françoise Brun, infirmière Catherine Fayet infirmière Benjamin Royer, psychologue clinicien Franck Prouhet, médecin généraliste Claire Bourgogne, médecin généraliste Marcy Pondi, anesthésiste-réanimatrice Joachim Müllner, médecin psychiatre Amina Ben Salah, médedecin doctorante en Neurosciences Sabrina Ali Benali, médecin à Paris Ben Omrane Choukri, médecin à Paris Stéphane Lerivray, infirmier anesthésiste Michel Robin, infirmier Marie Llorens, infirmière urgences Mathilde Martinot, psychiatre en hôpital public Dominique Seydoux, médecin retraité Aurélien Barrau, astrophysicien Annick Coupé, secrétaire générale d’Attac Aurélie Trouvé, porte parole d’Attac Raphaël Pradeau, porte parole d’Attac Maximes Combes, porte parole d’Attac Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération Paysanne Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du Droit au Logement Cyril Dion, réalisateur Geneviève Azam, essayiste Benoît Teste, secrétaire général de la FSU Annie Déan, porte-parole du MAN Jean-François Pellissier, porte-parole d’Ensemble! Josep Rafanell i Orra, psychologue et écrivain Patrick Farbiaz, cofondateur du collectif Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS) Virginie Maris, philosophe Christophe Bonneuil, historien Leslie Kaplan, écrivaine Dominique Méda, sociologue Céline Pessis, historienne Baptiste Monsaingeon, sociologue Ludivine Bantigny, historienne Johan Badour, éditeur Cervaux non Disponibles Partager c’est Sympa Miguel Benasayag, philosophe François Cusset, philosophe Dominique Bourg, philosophe Jean Gadrey, économiste Samuel Hayat, politologue Isabelle Cambourakis, éditrice Jean-Marie Harribey, économiste Audrey Vernon, comédienne Xavier Ricard Lanata, essayiste et haut-fonctionnaire Yves Cochet, président de l’institut Momentum Pierre Khalfa, économiste, Fondation Copernic Catherine Zambon, autrice Serge Quadruppani, écrivain Nathalie Quintane, écrivain Sezin Topçu, sociologue Alain Damasio, écrivain Jérôme Baschet, historien Bernard Friot, sociologue Stéphane Lavignotte, théologien Elise Lowy, cofondatrice de PEPS “L’1consolable”, rappeur Kolin Kobayashi, journaliste in-terre-dépendant Jean-Jacques Delfour, philosophe Gauthier Chapelle, chercheur in-Terre-dépendant et co-auteur Paul Ariès, politologue, Dénètem Touam Bona, écrivain-artiste Vincent de Gaulejac, président du réseau international de sociologie clinique François Jarrige, enseignant-chercheur en histoire Arnaud Muyssen, médecin à Lille Anne Thebaud Mony, sociologue Jacques Fradin, économiste Laure Noualhat, documentariste Pierre André Juven, sociologue de la santé Cyril Pedrosa, auteur de bande dessinée Anne-Sophie Novel, journaliste Fabrice Flipo, philosophe Sophie Gosselin, revue Terrestres Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d’Avenir Frédéric Boone, chercheur en astrophyisque Vanessa Morisset, critique d’art et enseignante Federico Tarragoni, sociologue Sofia Meister, chercheuse IRD Lucie Davy, avocate membre du Syndicat des Avocat de France Annie Ghiloni, militante du MAN Louis-Marie Barnier, syndicaliste, sociologue du travail Lecomte Gabrielle, sociologue Antoine Back, conseiller municipal à Grenoble Léna Dormeau, chercheuse en philosophie politique Laurent Cauwet, auteur, éditeur Julien Théry, historien Anne Marchand, chercheuse en socio-histoire Fabrice Vigne, écrivain Rose-Marie Lagrave, sociologue Stéphane Douiller, professeur émérite de philosophie de l’Université Paris 8 Gérard Bras, philosophe Aurélien Gabriel Cohen, revue Terrestres, Université de Paris Philippe Boursier, professeur de SES Loïc Steffan, co-fondateur La Collapso Heureuse Pierre-Eric Sutter, co-fondateur de l’OBservatoire des VEcus du COllapse (OBVECO) Marie Didier, écrivain médecin Ana Rougier, journaliste indépendante Alexis Judic, artiste plasticien Roger Champ, militant de la Confédération Nationale du Logement Nelly Massera, artiste et réalisatrice Camille Riquier, scénographe Fred Ortuno, association Art Factories Étienne Ciapin, sociologue Anthony Laurent, journaliste scientifique, co-fondateur de Sciences Critiques Lola Ostier, médiatrice socio-éducative Patrice Bride, coopérative “Dire le travail” Anne Jollet, historienne Jean-Luc Gautero, enseignant-chercheur Raphaelle Doyon, maîtresse de conférences François Jacquet, ingénieur de recherche Gilles Guégan, scénographe-jardinier Cyril Piou, chercheur en écologie Agnès Valentin, comédienne Coraly Zahonero, comédienne Nicolas Le Coq, professeur des écoles Sandrine Costamagno, directrice de recherche CNRS Philippe Merlant, journaliste et conférencier gesticulant Grégory Poinsenet, cofondateur de Sorry Children Pierre Charrier, cofondateur de Sorry Children Fabienne Brugel, metteuse en scène Raphaël Sarfati, libraire Pierre-Jean Heude, régisseur Guillaume Bagnolini, philosophe Saskia Cousin, anthropologue David Dupuis, anthropologue et psychologue clinicien Delphine Schmoderer, plasticienne Josépha Dirringer, juriste Makis Solomos, musicologue Leïla Frouillou, sociologue Igor Babou, professeur à l’université Paris Diderot Stéphane Bikialo, enseignant-chercheur en littérature Gwen de Bonneval, auteur de bande dessinée Bernard Schéo, enseignant-chercheur Olivier Roueff, sociologue Sidi Mohammed Barkat, enseignant-chercheur Guillaume Lecamus, metteur en scène Stephen Bouquin, sociologue Sarah Mekdjian, enseignante-chercheure Myriem Augier, sociologue Hélène Tordjman, économiste Kolja Lindner, politiste Antoine Leblois, économiste Solène Derrien, plateforme pyrénéenne d’observation atmosphérique Laurence Protteau, sociologue Laurence Charlier, anthropologue Mari Oiry Varacca, géographe Clément Barthélémy, docteur en écologie Jean-Michel Hupé, chercheur CNRS en neurosciences et écologie Mattia Paco Rizzi, architecte Denys Piningre, cinéaste Rosemary Faulkner, traductrice Pascal Maillard, univesitaire et syndicaliste Othmar Eipeltauer, paysan arboriculteur François Gèze, éditeur Christelle Rabier, maîtresse de conférence Pierre Lénel Sociologue Rada Iveković, universitaire Julien Wosnitza Fondateur Wings of the Ocean Thomas Berther, fédération Habicoop Nicolas Voisin, La Suite du Monde Christophe Masutti, chercheur Stuart Pluen Calvo, éditeur Audrey Boulard, le Vent se Lève Floryan Reyne, naturopathe Chantal Charlot, formatrice Sonja Dicquemare, architecte enseignante Samuel Pinaud, sociologue Françoise Bressat-Blum, présidente de l’Université Populaire de Lyon Philippe Arnaud, co-secrétaire de Solidaires 33 Anne Macou-Lescieu, el’cagette Roubaix Adèle Cassigneul, chercheuse Mikael Motelica, enseignant-chercheur Philippe Birgy, enseignant-chercheur Claude Crestani, psychologue du travail Maria da Fonseca, enseignante-chercheuse Brian Padilla, écologue Philippo Michel, association LESA Frédéric Verhaegen, université de Lorraine Guillaume Pellerin, physicien et informaticien Marjorie Keters, association ACIDES Agatha Frankowska-Thuinet, professeur des écoles Sophie Hoarau, comédienne Benoît Hodeu, archéologue Emmanuel Ferrand, association La Générale Sarah Labelle, maîtresse de conférence Jean Fauché, pour Alternative et Autogestion Philippe Eustachon, metteur en scène Tunvezh Gwlagen-Grandjean, journaliste radio Amel Dahmani, secrétaire de Sud Collectivités Territoriales Florence Vallero, intermittente du spectacle et auteure Cyril Dutech, chercheur en biologie évolutive Anthony Pecqueux, sociologue François Piquemal, enseignant en lycée professionnel Jean Bourdoncle, animateur de Lien et Changement Laurent Eyraud-Chaume, comédien Anne Isla, économiste Jérémy Bonner, enseignant Frédérique Bey, ingénieure Julien Jourdan, enseignant Stéphane Pauvret, artiste scénographe Étienne Gérard, sociologue Marie-Paule Frisot, trésorière du Man Moselle Katja Ploog, enseignante-chercheuse Anne-Emmanuelle Berger, universitaire Josiane Bru, anthropologue Jim Petit, musicien Sibylle d’Orgeval, réalisatrice Catherine Scheer, anthropologue Antoine Lamer, Data Scientist Nicolas Paris, informaticien Stéphanie Mariette, chargée de recherche à l’INRAE Marina Sou, pour Libres Apprenants du Monde Frédéric Bourdon, conseiller municipal de Vitry-sur-Seine Jules Desgouttes, coordinateur de Art Factories Hélène Oblet, ingénieure territorial Marie Cuillerai, professeure des universités Nadine Forte, enseignante Françoise Bénet, professeur de danse Jacques Pabst, comédien Monique Dental, réseau féministe Ruptures Franck Gaudichaud, enseignant-chercheur Thierry Élias, docteur en optique-atmosphérique Philippe Élusse, réalisateur Laure Teulières, historienne Jimmy Markoum, enseignant Marc Pion, paysan gesticulant Martine Minne, pour Attac Flandres
Cette tribune est publiée simultanément sur plusieurs médias : Médiapart, Reporterre, Bastamag, Lundi-Matin, Terrestres, Politis,Rapports de Force, Mouvements, Regards et Contretemps
Buffalo Bill est un film de commande qui date de 1944. C’est une hagiographie un peu sirupeuse du personnage très connu de l’Ouest américain, le tueur de bison mais aussi l’ami des Indiens. Je trouve que les scènes de bataille sont vraiment magnifiques, mais j’avoue avoir réglé mon téléviseur en noir et blanc pour ne pas en voir les couleurs très laides. L’intérêt de ce western humaniste et mièvre est certainement le discours sur les Indiens. En voici un extrait:
Je ne crois pas comme le général Sherman qu’un bon Indien est un Indien mort. D’après ce que j’ai vu l’Indien est un Américain légitime. Il se bat pour les siens, pour sa terre, pour sa survie, comme tout Américain le ferait. Si vous connaissiez les Indiens, si vous pouviez les voir vous-mêmes comment ils défient la nature avec pour seul outil leurs mains nues, vous ne le forceriez pas à rompre les traités pour suvivre. Mais le mal vient de là. Vous les gens de l’Est agissez sans savoir et voilà pourquoi nous les gens de l’Ouest et les Indiens en avons souffert. Le seul Indien que vous connaissez et auquel vous avez pensé c’est l’Indien qui est sur votre monnaie.
Franchement mauvais la joyeuse suicidée (nothing sacred) qui date de 1937 est une comédie où une jeune femme (Carole Lombard) devient célèbre parce qu’elle doit mourir d’un empoisonnement au radium alors qu’il s’agit d’une erreur de diagnostic. Un journaliste à sensation (Fredric March) fait monter la mayonnaise. C’est bavard, vieillot, mal joué, pas drôle et mérite d’être oublié.
Plus intéressant Une étoile est née, (A star is born ) de 1937 avec le même Fredric March et Janet Gaynor montre le rêve d’Hollywood pour Esther, une jeune provinciale et comment elle réussit tandis que son compagnon, un acteur très célèbre, sombre lui dans l’alcool et l’oubli. Ce film, très célèbre à l’époque, a été souvent l’objet de “remakes”. En 1954 avec Judy Garland, en 1976 avec Barbra Streisand et, prévu pour 2018,avec Lady Gaga. Du coup cette histoire a un goût de déjà vu… Mais j’aime beaucoup la scène désopilante dans le camping car.
Très mauvais, à mon goût L’ennemi public de 1931 avec James Cagney et Jean Harlow est surjoué. Il fait des grimaces comme un clown (qui doit être vu de loin) et la blonde platinée se dandine dans le satin. Les situations sont convenues, l’image est plate, le noir et blanc plutôt gris et la morale sirupeuse à souhait. Ce n’est pas un film noir, un film de gangster, bien qu’il s’en donne l’air. C’est une projection poussiéreuse d’un vieux film lors d’un après midi triste dans un hangar dédié au catéchisme.
L’allée sanglante, qui date de 1955 est dans un tout autre genre: le film d’aventures, qui met en scène un capitaine plein de courage (John Wayne) et une américaine perdue (Lauren Bacall) qui vont sauver tout un village chinois de l’oppression communiste. La vision américaine des “communistes” est du plus haut comique. Mais L’allée sanglante est quand même un film intéressant. D’abord par sa couleur, qui est moins chromo que dans les films précédents (Au-delà du Missouri de 1951), par ses scènes de combat avec un très grand nombre de figurants, et par la multiplicité des personnages qui, comme dans beaucoup de films de Wellman, sont campés avec une vraie profondeur.
Et enfin Bastogne, qui date de 1949, un film de guerre quasiment documentaire et qui retrace la vie d’une section d’infanterie lors de la bataille des Ardennes en 1944. Le noir et blanc y est superbe et les images sont souvent d’une beauté incroyable. Chaque personnage est caractérisé, surprenant et Wellman évite absolument les situations prévisibles et convenues. Curieusement je trouve que Bastogne est visuellement un plus beau film de guerre que Story of G.I. Joe qui date de 1945. On y retrouve aussi le thème de l’absence de la femme. Ces héros ont peur, ils vont être sacrifiés, ils le savent et l’émotion est très présente.
Voilà, je vais m’arrêter là. J’aurais beaucoup aimé voir les premiers films de Wellman, et surtout Others Men’s Women (1931) L’Ange blanc (1931) La Petite Provinciale (1936) La Lumière qui s’éteint (1939) Le rideau de fer (1949) mais c’est un peu difficile à trouver en DVD.
Track of the cat (1954) de W.A.Wellman est un film curieux.
C’est une sorte de western décalé.
Un huis-clos sur une famille déchirée, en pleine tempête de neige dans un ranch perdu en pleine montagne. L’ambiance angoissante et malsaine où règne dehors la peur d’une sorte de panthère noire et dedans la division entre les 3 frères dont l’aîné est un rustre dominateur, la sœur vieille-fille, la mère tyrannique, le père alcoolique, la fiancée du plus jeune frère totalement dominé et un vieil indien silencieux.
Un théâtre un peu lent, intime, enfermé et qui repose beaucoup trop sur les dialogues. En contrepoint les scènes dans la montagne à la recherche du fauve sont plus silencieuses. Mais la musique est quasiment permanente comme elle était très souvent dans le cinéma hollywoodien de l’époque et là c’est franchement détestable.
Il y a dans ce film un travail spécifique sur la couleur. Wellman désirait faire un film en couleur mais sans couleur. Les seules teintes fortes du film sont la veste rouge de Curt (Robert Mitchum) et la chemise jaune de la fiancée (Diana Lynn). Les paysages de neige et de montagne sont en noir et blanc. D’ailleurs la photographie est très belle, en particulier par les cadrages très soignés.
Malgré des personnages très fouillés et un jeu d’acteurs qui m’a semblé très juste cette histoire ne m’a pas du tout, du tout, intéressé. Ah, oui, j’oubliais! Le DVD réédité de Track of the cat contient des bonus très intéressants sur W.A.Wellman.
Beau geste (1940)
Avec Gary Cooper en légionnaire, c’est un film que l’on peut ne pas voir. Film d’aventure qui commence comme un “Cluedo” à l’Agatha Christie et se finit dans un Sahara de pacotilles, il est bourré de stéréotypes. Les personnages sont convenus et l’intrigue capillotractée.
Cette époque se passionnait pour la Légion Etrangère “La Bandera” (1935) avec Jean Gabin, “Un de la légion” (1936) avec Fernandel, “Raphaël le tatoué” (1938) mais j’en ai rarement vu d’aussi mauvais que Beau geste. En dehors de belles photos en noir et blanc, il peut rester dans le tiroir des films oubliés.
Par contre l’incontournable The story of G.I.Joe sorti sous le nom Les forçats de la gloire mérite vraiment d’être vu ou revu. Tourné en Californie en 1945, donc loin des lieux, il s’agit d’un hommage aux combattants américains de la seconde guerre mondiale.
Le film est quasi documentaire. Il raconte l’histoire d’une compagnie de fantassins américains de leurs premiers combats, en Tunisie, jusqu’à Rome, en passant par la Sicile, la bataille de Salerne et surtout l’interminable hiver 1943 devant Monte Cassino.
À travers le regard d’un correspondant de guerre, Ernest Pyle, (Burgess Mérédith) on voit la vie quotidienne de ces hommes commandés par le capitaine Walter (Robert Mitchum).
Aucun lyrisme, aucun pathos, juste de la souffrance, de la fatigue, de la boue et des copains qui meurent.
On ne voit presque aucun corps. W.A.Wellman tourne ces scènes avec des ellipses où tout se comprend sans être vraiment vu. C’est d’ailleurs beaucoup dans les regards que cela se passe, beaucoup plus que dans les mots. Une scène en particulier est frappante. Il s’agit d’un mariage improvisé au milieu des ruines. (La mariée est d’ailleurs Dorothy Coonan, l’épouse de Wellman, déjà vu dans Wild boys of the road). Il s’agit donc d’un joli moment d’évasion et de paix au milieu de cette vie misérable. Mais le silence qui suit le départ des jeunes mariés en dit long, surtout dans le regard de ces soldats loin de leurs épouses ou amies, de leurs familles, de leurs enfants.
Ce n’est donc pas un film de guerre mais un film sur la guerre, aussi beau vu du côté américain que Quand passent les cigognes vu du côté soviétique. (Mikhaïl Kalatozov 1957). Pour Samuel Fuller The story of G.I.Joe est “le seul film adulte et authentique” produit par Hollywood pendant la seconde guerre mondiale.
Et en plus The story of G.I.Joe est visible sur Youtube, ici.
Je passe rapidement sur des films de Wellman qui me paraissent moins importants, voir carrément mauvais, mais bon, c’est subjectif.
Frisco Jenny qui date de 1932 raconte l’histoire d’une mère maquerelle qui se retrouve confrontée à un procureur et à qui elle ne peut pas dire qu’il est son fils, abandonné plusieurs années auparavant.
Le thème est rebattu dans la littérature de gare “sentimentale”. Par ailleurs les costumes que portent l’héroïne et ses “filles” sont on ne peut plus ridicules, dans le genre plumes et frisottis. Tout cela baigne dans l’invraisemblance et le tape à l’œil. Reste, en contraste, le portrait sans maquillage de l’héroïne (Ruth Chatterton) juste avant son exécution, qui me fait penser à la Jeanne d’Arc de Dreyer (1928).
Tout aussi sentimental mais en plus délirant le film Safe in Hell (1931) très mal traduit à sa sortie par le titre La Fille de l’enfer mais qui serait plutôt Sauvée en enfer, raconte l’enfermement sur une petite île des Caraïbes d’une ancienne prostituée, Gilda (Dorothy Mackaill) accusée d’un meurtre qu’elle croit avoir commis. Elle y attend son sauveur, un brave marin, dans un hôtel au milieu d’une bande de mâles en rut. Un ramassis d’escrocs réfugiés, comme elle, sur cette île dont le gouvernement n’a signé aucun accord d’extradition. Tous les personnages sont un peu stéréotypés ainsi que le flic qui les surveille. Cela sent le carton pâte et les jeux d’acteurs trop appuyés, peut-être encore ceux du cinéma muet ?
Un blues, Sleepy Time Down South sauve un peu le film. Il est chanté par Leonie (Nina Mae McKinney) on peut l’entendre ici, mais pas tout au début, attendre un peu :
Un film de guerre, patriotique Thunderbird,
traduit par Pilotes de chasse avec Gene Tierney.
Il date de 1942.
Les couleurs en sont affreuses, les blagues stupides, l’intrigue sans intérêt. Il s’agit d’une œuvre de propagande destinée à soutenir l’armée américaine dans l’effort de guerre.
Avec quelques belles vues d’acrobatie aérienne ce film peut plaire aux amateurs d’aviation. Mais je conseille de le regarder en réglant son téléviseur sur noir et blanc…
Et puis le superbeWild boys of the road.
C’est un film qui date de 1933.
Deux jeunes garçons insouciants, lycéens d’une petite ville du Middle West, réalisent que la crise économique frappe maintenant directement leurs propres familles. Une mère veuve qui fait des ménages et a travaillé “quatre jours en cinq mois” pour l’un, une famille effondrée par le licenciement du père et qui ne peut plus payer aucune traite pour l’autre, l’obligation de se nourrir à la soupe populaire… il est évident qu’ils doivent quitter le lycée et même partir ailleurs pour chercher du travail.
Les photos de Dorotéa Lange et Walker Evans
Nous sommes dans l’époque de “la grande dépression” américaine, celle “des raisins de la colère” (Steinbeck) des photos de la FSA (Dorothéa Lange,Walker Evans…) et des chansons de Woody Gurthrie.
Ils prennent donc un train de marchandises en marche et après une nuit glaciale et sans savoir du tout où ils se trouvent ils font la connaissance d’un troisième larron qui s’avère être une fille.
Le film nous montre que tous les trains de marchandises sont pris d’assaut par les migrants à la recherche d’emploi. (Calais?) Mais les arrêts dans les gares, voir même en pleine cambrousse, sont le lieu des arrestations musclées par les nervis de la police ferroviaire (Menton) et des milices. (le col de l’Échelle). On les appelles des “Hobos”
Il leur faut tout le temps courir pour fuir les coups de matraque et l’un d’entre eux y perdra d’ailleurs une jambe. Voir clip sur youtube
Une autre, isolée, sera violée dans un wagon et les jeunes tueront le chef de train agresseur.
Jusqu’au moment ou ils se révoltent et résistent à l’oppression dans une sorte de camp retranché au milieux des poubelles. Ils bombardent les flics avec des cailloux.
Mais ils doivent fuir sous les pompes à eaux…
Pourchassés, matraqués, manipulés, rackettés, violées, ces jeunes de 1933 ressemblent beaucoup aux jeunes du collectif “Autonomie” de Toulouse de 2018, ces “jeunes isolés étrangers” jetés à la rue par des services sociaux censés leur venir en aide. Voir sur Médiapart
La fin du film est un happy end stupide, sorte de concession à la morale hollywoodienne, de l’époque, avec, comme dans “Héros à vendre“, une discrète allusion à Roosevelt comme seule perspective d’espoir.
Comme film social, comme film politique, cette œuvre de W.A.Welleman est certainement une des plus fortes et émouvantes. Voici une des dernières phrases du film, elle est d’une brulante actualité:
Pourquoi on rentre pas chez nous? Parce que nos parents sont pauvres et au chômage et qu’on a pas de quoi manger. Pourquoi rentrer chez nous et mourir de faim? La prison est censée nous tenir à l’écart? C’est faux! Vous ne voulez pas nous voir! Vous voulez nous oublier! Impossible! Il y en a des milliers comme moi ! Et il y en a de plus en plus ! Les gens parlent de gens qu’on aide. On aide les banques, les soldats, les brasseries et aussi les fermiers! Et nous? On est des gamins! On parcourt le pays pour trouver du boulot. Vous croyez que c’est par plaisir? Allez-y enfermez moi! J’en ai marre d’avoir faim et froid, marre des trains de marchandises! La prison ne sera pas pire que la rue! Alors allez-y!
Caillou, le 3 mai 2018
PS: Pour répondre à plusieurs “abonné(e)s” de ce blog, la plupart de ces films sont à la médiathèque José Cabanis de Toulouse. Certains sont visibles également en VOD sur Internet
Artur London mentionne, dans son livre L’Aveu, paru en 1968, sa participation à la direction politique de Parallèle 50.
André Simone, journaliste tchèque, de son vrai nom Otto Katz, fut exécuté en 1952, en Tchécoslovaquie, dans le cadre du procès Slansky.
André Ulmann. Journaliste, ancien résistant et déporté de Mauthausen.
Disparu en 1970. Il dirigea surtout la revue La tribune des Nations
Edgar Morin. Il ne resta pas très longtemps dans ce journal. Dans Autocritique, Edgar Morin indique que « ce journal » lui a été interdit.
André Fougerousse. Ancien déporté de Mauthausen.
Il travailla ensuite dans la revue Constellation. Je ne sais rien de plus sur cet ami de mon père.
Voilà. Ces revues sont conservées précieusement à la BNF ou à la BDIC de Nanterre.
Je n’ai trouvé qu’une seule étude universitaire sur Parrallèle 50.
Parallèle 50: un périodique tchécoslovaque, communiste et parisien contre la division de l’Europe de Françoise NOIRANT
On peut en lire des extraits ici: http://www.persee.fr/doc/mat_0769-3206_2000_num_59_1_403228
Par ailleurs on trouve de nombreuses référence à André Ulmann dans les livres de
Thierry Wolton, Le KGB en France, Dominique Desanti, Les staliniens 1944-1956 et Ce que le siècle m’a dit, Frédéric Charpier, l’Agent Jacques Duclos. Mais le personnage étant extrêmement trouble, à la fois grand résistant, membre de la résistance intérieure dans le camp de concentration de Mauthausen, mais aussi peut être agent d’influence soviétique, manipulateur dans le procès Kravtchenko (J’ai choisi la liberté), je laisse son mystère reposer.
Après tout qui cela peut-il encore intéresser?
Je referme doucement, avec ses rubans, le grand paquet gris contenant la revue Parallèle 50 de la bibliothèque de Nanterre…
J’ai la grande douleur de vous annoncer une disparition brutale, celle de notre ami Gilles Ory, un camarade syndicaliste de SUD PTT, résolu, opiniâtre, fédérateur. Le batteur de l’ancien groupe de musique La Teigne était aussi un nouvel adhérent de Coup de Soleil Midi-Pyrénées. Il est décédé à la suite d’une crise cardiaque.Nous sommes très touchés et très tristes pour ses deux fils, Bastien et David,
pour sa familles et ses camarades de lutte. L’incinération aura lieu lundi 15 mai à 11H40 à Cornebarrieu.
…
Quelques messages reçus
…
Salut à toutes et tous,
Je viens d’apprendre comme vous que Gilles était décédé et le choc est d’autant plus fort que j’étais à son pot de départ en retraite il y a une dizaine de jours à peine. Nous y avions beaucoup échangé sur les élections, le syndicat et lui aussi qui était encore au stade des questions sur sa vie personnelle mais déjà partant à nouveau pour des engagements auprès de Solidaires et ses militant-es.
Nous perdons un deuxième grand bonhomme de notre syndicalisme local après Claude. Cela me touche d’autant plus que j’ai plusieurs documents sur la bagarre pour notre représentativité au Ceser en 2011 que je manie beaucoup dans la période et qui portent leur marque commune quand ce n’est pas leur signature.
Je suis bien triste de cette nouvelle et le sourire comme le regard taquins et futés de Gilles me manquent déjà. En même temps je me dis que nous avons une responsabilité supplémentaire à organiser et poursuivre l’organisation, le fonctionnement et les combats de Solidaires 31 que Claude et Gilles ont mis tant d’énergie à porter et à défendre.
Mes amitiés à toutes et tous
Christian
…
Merci Christian pour ce message.
Ce sont des amis de la Teigne qui mon appris hier cette terrible nouvelle. Je suis comme toi et beaucoup d’entre les Solidaires toujours sous le choc et n’arrive pas à y croire. Solidaires perd un précieux militant. Gilles était venu avec la Teigne jouer pour mon départ en retraite en Aveyron . Un concert et un moment inoubliable à la lueur d’un lampadaire communal et sur un macadan un peu rugueux ils avaient joué, chanté fait passer des messages de lutte et de solidarité à un public de militants et syndicalistes convaincus mais aussi à un public de villageois aveyronnais émerveillés, tellement séduits qui n’ont pas hésité à rester jusqu’au bout de ce grand moment tellement ils avaient su les captiver. J’ai échangé et travaillé plus particulièrement avec Gilles alors que j’étais élue à la Région pour faire avancer le dossier de la représentativité de Solidaires au CESER. Je voudrais ici témoigner de son esprit d’ouverture, de son intelligence politique, de son souci de rassembler, de fédérer, de ses capacités d’écoute. Gilles était un bosseur, un militant sur qui on pouvait compter, discret, et efficace, soucieux et respecteux du collectif. Oui il a été un précieux maillon dans la défense de ce dossier qui a abouti à la représentaion de Solidaires au CESER . Je ne pourrai pas hélas être lundi à Cornebarrieu pour lui faire mes adieux et lui rendre hommage. Ce que je regrette beaucoup. Je serai de tout coeur avec vous.
Marie-Françoise
…
Bonjour Marc,
C’est vraiment une triste nouvelle que tu m’apprends là, surtout que faire de la musique ensemble, ça créé des liens particuliers, une entente au délà des mots.
J’ai envie de te raconter cette petite anecdote, lue dans un livre. Une petite fille demande si son papa, qui vient de mourir, va aller ou pas au paradis. La personne qui lui répond, est bien embêtée, car elle ne croit ni au paradis ni à l’enfer, alors elle lui dit que oui, parce que son père était un artiste, et que les artistes vont toujours au paradis, parce qu’ils ont passé leur vie à rêver la vie et à l’embellir pour eux et pour les autres. En espérant retrouver Gilles le batteur, au paradis des musiciens, au détour d’une note, d’une chanson, pour un bœuf unissant les vivants et ceux qui ont cessé plus tôt que nous de l’être, mais qui le sont toujours au cœur de nos musiques. Je t’embrasse et je pense bien à vous ce soir pour votre soirée autour de Gilles, en répétition avec mon groupe de trad, je lui dédierai en pensée cette valse : “ceux qui s’en vont”.
Bises,
Claire
…
Cher Gilles,
En un bien court trimestre, tu nous as apporté beaucoup. Beaucoup d’espoir. Tu nous a rappelé que la bataille se livre sur tous les horizons et partout dans le quotidien. Les conditions désastreuses de tous les boulots salariés et les combats que nous devons mener à la base (d’abord l’instruction des “jeunes recrues”) ont de quoi nous occuper dix vies.
Tu es passé comme quelque flamboyante météorite dans la nuit de nos désespoirs.
Cela ne s’oublie pas.
In girum imus nocte et consumimur igni. Nous tournons en rond dans la nuit en nous consumant dans le feu. Dominique
Après le silence gris et glacé de Birkenau, retrouver les joies colorées et trépidantes d’une ville touristique comme Cracovie c’est un peu déconcertant.
Nous avons changé d’hôtel et sommes allés au 24 Guesthouse, 24 rue SZLAK. Nous le conseillons vivement. C’est un peu plus loin du centre historique, au nord, mais c’est très calme, la chambre est spacieuse et c’est bien moins cher que le cloaque d’où nous venons.
Nous visitons la ville et allons en particulier Kazimierz. C’est maintenant un quartier de l’ancienne capitale polonaise mais il a été longtemps une ville à part entière, le centre de la culture juive de Pologne. C’est ce que montrait la très jolie maquette du musée Polin de Varsovie.
Entre les deux le château Wawel, l’ancienne résidence des rois de Pologne, devenue, pendant la guerre, l’antre du Gouverneur nazi Hans Franck.
Sur une jolie place, beaucoup de restaurants et de cafés célèbres.
Ce quartier vit beaucoup la nuit.
Sur la place, la statue de Yan Karsky, “Juste parmi les nations”.
C’est un résistant polonais.
Il a vu ce qui se passait dans le ghetto de Varsovie dans l’été 1942. Il a informé les Alliés que la “solution finale” donc l’extermination des juifs d’Europe avait lieu. Et ils n’ont pas voulu le croire.
Son témoignage, bouleversant est à voir dans le quatrième volet du film de Claude Lanzmann: Shoah.
Mais toute la ville a été vidée de ses habitants qui ont été déportés dans le ghetto de Podgorze, de l’autre côté du fleuve, puis très rapidement liquidés dans les camps et en particulier dans celui, tout proche de Plaszow.
Voir à ce sujet le film de Spielberg la liste de Schindler.
Et dans une zone industrielle nous visitons le musée Schindler qui montre la vie d’avant la guerre, à Kazimierz, et la descente en enfer…
La dernière salle du musée Schindler pose une question essentielle: qu’aurions-nous fait à la place des témoins de la Shoah ? Et les réponses, dans toutes les langues, sont souvent très belles et étonnantes. C’est en tout cas la première fois que je vois donner la parole à ceux qui ont vu et se sont tus.