Archives de catégorie : Mémoire

Le groupe UNIR 9°: Courtois est découvert

Et puis, Alain me passe un livre de Victor Leduc, où l’on trouve une mention de Jacques Courtois… Et c’est la confirmation: Jacques Courtois est bien Fernand Tocco, un indic’, qui manipule UNIR depuis le début.

couv leduc                      verso leduc

 

Les Tribulations d’un idéologue.
Chapitre : Sur la voie de l’autogestion
Pages 386 et 387

Épisode policier

Je dois aussi noter, pour la vérité historique, la présence d’un singulier personnage qui joue un rôle, non dans l’orientation des CIC, mais dans leur organisation, Jacques Courtois, l’homme du bulletin Unir, un organe d’opposition interne qui paraît depuis septembre 1952 et qui a réussi à obtenir la collaboration d’un certain nombre d’anciens dirigeants communistes.

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Le groupe UNIR 8° Le fonctionnement

Le n°79 d’août 1959

 

UNIR N°79 aou 1959 couv web

Pour des raisons de clandestinité vis-à-vis de la direction du PCF, pour protéger l‘anonymat des correspondants de la revue, le mouvement fonctionne de façon bicéphale avec :
Un collectif responsable qui reçoit le courrier, y répond, s’occupe de l’intendance, possède le fichier des abonnés et des correspondants, et qui transmet l’information, les questions et les opinions des lecteurs à un comité de rédaction qui lui anime la revue, y répond à des lettres dont il ne connaît pas les rédacteurs, lance des débats, rédige le supplément…
Entre les deux un seul militant, Jacques COURTOIS.
Et personne ne sait, en dehors de lui, qui appartient au Collectif responsable…

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Le groupe UNIR 7° La manipulation…

24022012-CouvC’est dans un livre de Frédéric CHARPIER : “La CIA en France” que je trouve une information tristement capitale sur la naissance du groupe UNIR et sur l’un de ses principaux organisateurs: Jacques COURTOIS. Pages 159 et suivantes…

Caillou. 9 mars 2012

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Unir

S’inspirant encore de l’étude de Charles Micaud, le plan « Cloven »  suggère enfin d exploiter la campagne anti-titiste alors menée par le parti. En 1950 elle frise l’hystérie. Tito est accusé de collusion avec Washington et traité de fasciste. Ces attaques fielleuses contre un ancien leader du mouvement communiste et héros de la résistance à l’occupation allemande en Yougoslavie ont créé des remous à gauche et au sein même du PCF. Micaud conseillait d’utiliser ces divisions en instrumentalisant via la police le bulletin Unir, qui regroupe une poignée d’oppositionnels et défend une ligne pro titiste. En fait, la méthode n’est pas nouvelle. En 1951, Jean Baylot, Georges Albertini et Henri Barbé ont déjà utilisé des groupes marxisants afin de concurrencer le parti sur son propre terrain et tenter d’en détacher le plus grand nombre d’ouvriers. À cette époque, ils ont fait main basse sur une autre feuille, La Lutte, créée en 1949 par un ancien député communiste, Darius Le Corre. La Lutte était alors l’organe d’un squelettique Mouvement communiste indépendant sans réelle base militante ni argent. Son directeur, qui a été  « récupéré » par la SFIO (203), collabore avec l’équipe d’Albertini.

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Le groupe UNIR 6° Ce que disait UNIR, 52 et 72

Dans le premier bulletin d’UNIR, le N°1, d’octobre 1952, l’éditorial:

« Ce bulletin s’adresse à ta raison, a ton libre arbitre (..). Est-ce trahir que de briser la conspiration du silence et de l’acceptation inconditionnelle en posant aux cadres du parti les questions qu’ils ne pensent peut-être pas à se poser? (..) Il t’appartient donc, devant ce premier numéro de notre bulletin, de déterminer une position vis-à-vis de ta conscience de militant révolutionnaire. Vas-tu, en dirigeant responsable, examiner les arguments produits et tenter, après les vérifications honnêtes, de les peser, de les réfuter même, pour mettre cette conscience de militant en paix et te prouver que nous avons tort de critiquer la ligne présente du bureau politique indiscuté ? Vas-tu au contraire, en permanent soumis, déchirer ce bulletin, sous le prétexte facile qu’il est fractionniste, sans même peser les remarques qu’il contient, tout comme si tu avais peur d’être entraîné, de trouver là des vérités auxquelles tu ni le courage ni la capacité de répondre? ».

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Le groupe UNIR 5° Auguste Havez, suite…

Prison de Blois web

 

Cette photographie a été prise à la prison de Blois pendant l’hiver 1943-1944,
avec un appareil entré clandestinement par un gardien.
Auguste Havez est au troisième rang, le troisième à partir de la gauche.

Je l’ai trouvée dans le livre de Lise London,
la mégère de la rue Daguerre“.

C’est un excellent bouquin, qui fait suite à
Le printemps des camarades

Ils sont parus en 1995 et 96 au Seuil – Mémoire

De gauche à droite: Premier rang: Louis Frébault, Marcel Paul, Henry Duvernois,
Deuxième rang: Émile Valley, Jean Lolive, Marcel Zelner. Troisième rang: Marius Defruit, Émile Pasquier, Auguste Havez, Gaston Garnier, Gérard (Arthur) London et Frédéric Ricol.
Émile Valley fut, après la guerre, le fondateur et secrétaire de l’amicale des anciens déportés de Mauthausen. Arthur London, (que mon père et tous ses camarades appelait Gérard) est l’auteur de l’Aveu et le mari de Lise. Fréderic Ricol est le frère de Lise London…

Caillou, le 30 décembre 2011

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Le groupe UNIR 4° Jean CHAINTRON

Un des témoignages les plus puissants sur le groupe UNIR se trouve dans le livre autobiographique de Jean Chaintron.

C’est long mais passionnant, n’imprimez pas…

Wikipédia: Jean Chaintron, né le 28 août 1906 à Lyon, mort le 7 janvier 1989 à Paris, est un homme politique français. Militant anti-colonialiste, résistant français, préfet après la Libération, il a été sénateur du département de la Seine sous la IVe République. Entré en dissidence avec son Parti, il a animé le groupe oppositionnel Unir pour le socialisme, adhéré un moment au Parti socialiste unifié et présidé après 1968 un éphémère nouveau Secours rouge.

Jean Chaintron. Extrait de son livre: Le vent soufflait devant ma porte

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Le groupe UNIR 2° Auguste Havez

Avant de continuer sur le groupe UNIR il faut aborder la vague d’exclusion des années 50. Marty, Tillon, Guigouin, Havez…

Mon père, qui avait été déporté au camp de concentration de Mauthausen, en Autriche, avait un copain. Il s’appelait Auguste Havez. Un breton, résistant, déporté, devenu épicier à Vitry. Après son éviction en 1950, au congrès de Gennevilliers, plus personne ne lui disait bonjour ou le saluait dans la rue. Les communistes qu’il avait côtoyés fraternellement pendant des années changeaient de trottoir. Il était condamné à cette opprobre générale, le coupant de ses amis, de tous ses camarades. Exclu en 57, Havez est mort, totalement oublié, dans les Pyrénées-Orientales.

Photo d'Auguste Havez
photo : http://images.google.com/hosted/life

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Le groupe UNIR 1°

“Camarades! Il y a parmi les camarades
des camarades qui ne sont pas des camarades”.

Je marche seul dans les ruines d’une forteresse abandonnée. Dans ses couloirs déserts j’ouvre un à un les portes des bureaux, j’allume des interrupteurs éclairants des pièces totalement vides. Aux murs d’anciens portraits d’hommes dont plus personne, maintenant, ne se souvient, même si leurs noms sont encore celui de beaucoup de nos rues, de nos avenues, dans nos banlieues. Le bruit de mes pas résonne. Ce doit être ce que l’on appelait le 44. Je crois bien qu’il doit y avoir encore, quelque part dans le fond du bâtiment, une poignée de militants qui rêvent de voir se repeupler l’immense immeuble vide. Mais je ne les cherche pas. Ils ne m’intéressent pas. La plupart sont trop jeunes et je suppose qu’ils ne voient que devant eux, l’année prochaine, les futures échéances… comme tous les militants. Ils ne sont pas du tout intéressés à ce qui s’est passé ici, il y a des années.
Moi je viens y retrouver des vérités effleurées au début des années 70, au moment même oû le PCF,  le Parti, commençait sa très longue agonie. Sans nostalgie aucune, mais avec le respect que je conserve pour ces années passionnées où la confiance en l’avenir permettait de supporter l’ignoble exploitation capitaliste.
Bon, c’est très mauvais ! Je recommence.

les couvs d'UNIR et de DEBAT

1971. Dans le tiroir d’une armoire j’avais une collection d’UNIR-DÉBAT. Nous déménagions pour aller vivre ensemble, à Asnières. Ma compagne, est tombée dessus. Elle était atterrée, comme si elle avait trouvé des exemplaires de journaux de fesses. Elle pleurait au milieu des cartons. Le peu qu’elle en avait lu lui avait appris que je lisais une revue anti-Parti. Et comme nous étions, elle et moi, totalement attaché au Parti Communiste, elle  ressentait devant ces quelques exemplaires un sentiment de trahison. J’ai jeté mes brochures…

Bon, ce n’est pas meilleur ! Je recommence.
Un groupe interne au Parti Communiste Français, totalement clandestin de 1952 à 1967, (un peu plus visible de 67 à 75), a tenu une revue où les secrets les mieux gardés de la direction stalinienne du PCF ont été révélés, mois après mois, sans que l’on ne sache vraiment, même aujourd’hui, qui en était le noyau fondateur.

Bon, c’est sec. Et en quoi est-ce intéressant ?
Maintenant que plus personne, ou presque, n’a idée de ce que représentait comme force le PCF dans les années cinquante et soixante, je me dis que tout le monde a oublié aussi les oppositionnels communistes, celles et ceux qui essayèrent vainement de s’opposer, en interne, à son ossification. Or il se trouve que j’ai connu, (par quel biais, je ne m’en souviens plus), une petite brochure qui à l’époque était distribuée, de façon clandestine, parmi ses militants. Cette brochure s’appelait Unir-Débat. Près de 40 ans plus tard je me demande qui étaient ces gens ?

Bon, vas-y ! Cela va être long ?
En 1952, à la fin d’une réunion de la fédération de Paris du PCF, une poignée de cadres communistes qui n’admettent pas ce qui est en train de se passer avec l’exclusion de Marty et de Tillon, décident de dénoncer les pratiques abjectes de la direction de Thorez. Mais pour eux, et cela semble difficile à comprendre aujourd’hui, il ne peuvent  et ne veulent dévoiler ces magouilles dans la presse «bourgeoise». Pour ce que l‘on en sait, ce sont des vieux militants, certains sont des vétérans du Parti, depuis 1921, d’autres se sont connus dans les luttes de 1936, dans les brigades internationales en Espagne, beaucoup viennent de la résistance et de la déportation.
Dès la fin des années 40 la direction du PCF, Thorez ayant passé toute la guerre à l’abri en URSS, cherche à se débarrasser de cette génération communiste issue de la Résistance, car elle lui fait de l’ombre. Elle élimine, en quelques années, toutes les grandes figures de la Résistance communiste, contradictoirement avec un discours où le PCF se présente comme Le Parti des fusillés. Et ces exclusions se font de façon ignominieuse en les traitant de flics, de fascistes, d’hitlero-trotskyste, d’espions. Un exclu est un pestiféré qui perd en quelques jours tous ces amis, est rejeté de partout. Qui peut le comprendre aujourd’hui ?
Les procès de Moscou, les purges staliniennes, qui tuaient ou envoyaient au Goulag les soi-disant opposants et en premier lieu les communistes, qui n’y comprenaient rien, n’avaient, en France, que cette conclusion : le bannissement.

J’ai longtemps cherché une thèse qui parle du groupe UNIR.
François CHOUVEL. Des oppositionnels dans le PCF
Unir pour le socialisme (1952-1974).

Année universitaire 1984.

La plupart de mes informations viennent de cette thèse.

À suivre… Caillou, 18 décembre 2011

 

 

La calentita

La calentita au coin des yeux !
(pour les petites croûtes au coin des yeux)

À la mi-juillet. Dans un sous-bois. Dans les environs de Montpellier. Tout autour, dans les collines, où le maquis de broussailles grésille sous la chaleur de midi, les cigales stridulent. Un peu en contrebas le mouton du méchoui tourne lentement sur ses braises, géré par les hommes, aux fronts de sueur et qui rient en buvant l’anisette.

Nous sommes dans un pique-nique organisé par une association d’amitié franco maghrébine, surtout culturelle. Elle a la particularité de rassembler des amoureux de l’Afrique du Nord, qu’ils soient Arabes, Pieds-noirs, Berbères, Juifs ou anciens coopérants. C’est une longue histoire, marquée par la colonisation, le racisme, l’antisémitisme, la guerre, l’exode, l’exil et le mépris. C’est une histoire douloureuse aussi. Mais là, dans ce sous-bois de petits chênes, il ne s’agit plus de déchirures ou de repli sur sa propre communauté. Les participants viennent y chercher autre chose.

Si l’association prend en charge le mouton du méchoui, il est de tradition que chacun, et surtout chacune, prépare un plat pour la kémia, cet assortiment de petites choses que l’on mange avec l’apéritif, ou pour les hors d’oeuvre, pour ses grandes assiettes de salades aux mille parfums, pour les desserts aussi…

Les raconter un à un serait trop long et fastidieux. Mais c’est sur de longues tables à tréteaux que s’alignent, au fil des arrivées, les petits plats en grès remplis de moules, de sardines à l’escabèche, de petits poulpes dans leur encre, les coupelles d’olives, les tramousses (que les Français appellent lupins), les bols remplis de pistaches, les purées de pois chiches…

On en est aux discours. Il en faut bien. Et tous les invités, assis sur des pliants ou debout, les bras croisés, sont en cercle, tandis que la présidente de l’association remercie les gens qui nous ont offert l’accès à leur terrain, au-dessus de la maison blanche à terrasse que l’on devine entre les arbres. On a faim. La fumée du méchoui dont la graisse bouillotte en tombant sur les charbons ardents nous fait frissonner des papilles.

Et puis, les remerciements terminés, tout le monde se retourne et on se dirige vers les tables dressées. Au milieu des hors d’oeuvres, dans un grand plat en verre, il y a un flan, blanc et croustillant, qu’une dame âgée découpe en petites parts avec une pelle à tarte. Elle sert chaque assiette que les convives lui tendent. Un attroupement tourne autour d’elle, essentiellement féminin. Toutes les dames présentes se pressent autour de ce plat. Et elles se mettent à le commenter. C’est la calentita. À base de farine de pois chiches avec des oeufs, mis au four et parfumé au cumin, cette tranche odorante, arrosée d’un filet d’huile d’olive, semble très simple. Les gens la mangent avec du pain et de la harissa. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Mais c’est dans les conversations que cette dégustation enchaîne que je découvre bien plus ce plat que dans mon assiette en carton. D’ailleurs il n’y en a déjà plus.

Tous les convives, autour de la table, racontent leurs rapports à la calentita. Ce plat, d’origine andalouse, était vendu dans les rues d’Oran, puis de toute l’Algérie, par de petits marchands arabes et les passants le dégustaient dans une tranche de pain. Une vielle dame, certainement d’origine pied-noir, se met à imiter le cri de ces marchands : « calentiiiiiiiiita » et tout le monde rit. Une autre, aux traits typiquement mauresques, n’est pas du tout d’accord sur la façon dont cette autre jeune femme, manifestement plus européenne prépare la calentita.

Les hommes eux ne disent rien sur la calentita mais… ils la mangent, arrosée d’un verre de blanc.

Qu’on l’appelle socca, farinata, calentita, qu’elle vienne de Nice ou de Gibraltar, qu’on la mange à Tanger ou à Bône… C’est toujours plus ou moins la même chose.

Aujourd’hui, dans ce sous-bois, autour de ce petit plat sans importance, c’est toute la culture méditerranéenne qui se raconte et se transmet. Tout à l’heure, nous aurons d’autres sujets de discussion et de divorces. On fera des choses importantes en faisant la promotion des poètes algériens dont personne ou presque en France ne se soucie. On construira un monde plus fraternel, plus ouvert aux cultures des autres, mais, finalement, ce brassage culturel ce sera vraiment réalisé dans la dégustation commune d’un plat qui rappelle le pays de l’enfance, l’insouciance (certainement mythifiée), et l’unité perdue et pourtant culturellement toujours vivante des petits peuples du Maghreb.

Caillou, 16 décembre 2011

L’association c’est Coup de Soleil
La recette de la calentita