Madeleine.
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La rafle
La rafle
Je tiens le mur, pas loin d’ici
Nous sommes nombreux dans ce pays
J’n’ai pas d’boulot, j’n’ai pas d’argent
et je regarde passer les gens
Le matin maman m’fous dehors
une fois qu’les petits sont partis
Elle fait l’ménage, alors je sors
J’n’ai rien à faire et j’m’ennuie
Le mur est l’abri d’la pluie.
J’ai mes copains, on joue, on rit
face à l’école de mon quartier
On reste là toute la journée
C’matin à l’entrée du ghetto
venu se poster là très tôt
y’avait trois cars de CRS
Le copain m’a dit : Pour qui est-ce ?
Et sur la grille de l’école
était accrochée une banderole :
Ne touchez pas à nos enfants
Et des parents étaient devant
Il n’y a pas eu de sommation
Et sans la moindre hésitation
les flics ont chargés dans la foule
Et leur chef avait bien les boules
Il a désigné l’enseignant
qu’ils ont saisi en le tenant
mains dans le dos et par le cou
Et les enfants hurlaient partout
Ils étaient venus pour chercher
les 2 enfants d’un sans-papier
qui habite juste en bas d’chez moi
Une famille qui n’a pas de droit
Qui vient d’un pays très lointain
et où les gens crèvent de faim
tandis qu‘on envoie du pognon
à tous leurs dirigeants bidon
Les parents se sont allongés
tenant les 2 enfants serrés
Ils criaient pas en notre nom !
Ils sont sous notre protection !
Comment sortir de ce merdier
se demandaient les policiers
Maintenant qu’il y des journalistes
pour sortir il nous faut l’Ministre
Tandis qu’ils le t’nait par les cheveux
Le maître a crié : Heurtefeux !
ministre de l’immigration
tu n’as de français que le nom
Ton gouvernement de Pétain
rafle les enfants clandestins
comme il raflait pour le Vel’d’hiv
les français de religion juive
Mais moi je n’y comprenais rien
J’ai peur des flics ça c’est certain
C’est sur que c’est eux les plus fort
Alors jtiens l’mur et je fais l’mort
Caillou 9 septembre 2007
L’unique et sa propriété
Je ne suis qu’une brindille
petit bout d’espace et de temps
qui virevolte et qui sautille
bousculée par tous les vents
Et pourtant je suis unique
dans ma peau il n’y a que moi
je ne joue pas dans la clique
des nations qui font les lois
Vive le Je, vive le Moi
Je n’ai qu’une vie c’est la mienne
Je suis le chef de mes choix
de mes amours et de mes haines
Si je suis seul, toi aussi
c’est notre lot, c’est notre loi
mais on peut le vivre ainsi
sans avoir peur, sans avoir froid
Si tu sens le monde entier
d’ouvertures et de possibles
dans cet élément que tu es
chante alors cet indicible
Vive le Je, vive le Moi
Je n’ai qu’une vie c’est la mienne
Je suis le chef de mes choix
de mes amours et de mes haines
Je voudrais que l’on s’unisse
cela nous rendra plus fort
sans se perdre dans les délices
de la fusion et de la mort
Nous ne sommes pas des masses
mais des éléments conscients
contre les partis et leurs traces
nous chantons allègrement
Vive le Je, vive le Moi
Je n’ai qu’une vie c’est la mienne
Je suis le chef de mes choix
de mes amours et de mes haines
Caillou. 2007
Modeste hommage à Max Stirner, philosophe allemand 1806-1856.
C’est une chanson du nouveau CD du groupe “la Teigne”, que nous venons de terminer, et qui va bientôt être à la vente. Pour plus d’informations aller voir sur:
http://teigne.musicblog.fr
Merlinette 2
Madeleine, en jeune fille bien rangée, algéroise, catholique et un peu triste…
… dans ton journal, (où tu n’indiquais jamais la date), entre fin 1942 et février 1943, tu parles de tes rencontres avec des soldats anglais. Continuer la lecture de Merlinette 2
Merlinette!
Ta gourmette avec ton matricule
C’est sur une photographie prise pendant le débarquement en 1944 sur une plage de Provence… un peu ridicules avec le casque de travers et ces énormes sacs à dos, les musettes, les pantalons trop larges… qu’apparaissent les premières femmes dans l’Armée Française. Et tu en étais.
Madeleine, Merlinette! C’était ta fierté mais tu n’en parlais pas, très peu. Juste l’œil un peu brillant, en 64, pour le vingtième anniversaire de la libération de Paris. J’ai retrouvé tes insignes, ton carnet de chants, quelques lettres, des photos, des cartes postales. J’ai reconstitué un peu de cette histoire oubliée : La France libérée par une armée d’arabes, de noirs, de métèques, de pieds-noirs, et… de femmes !
L’Armée d’Afrique ?
Si vous savez déjà tout sur l’Armée d’Afrique, le C.E.F.I, la Première Armée Française, puis Rhin et Danube… vous pouvez sauter l’article suivant, en rouge, et passer tout de suite à l’article sur les Merlinettes, en vert.
Le miroir
Les volets sont fermés devant la fenêtre ouverte.
Des volets en fer, qui se plient, avec, tout en haut 4 fentes, de chaque côté, qui laissent passer des rayons de lumière empoussiérés dans la pénombre de la salle à manger. Un haut fauteuil recouvert d’un drap fait face à la cheminée surmontée d’un immense miroir, caché derrière un voilage de tulle noir, montant jusqu’au plafond.
Les casinos sont d’étranges cathédrales hors du temps, sans pendules ni fenêtres…
À Toulouse, en amont de la ville, de part et d’autre de la Garonne, deux bâtiments en construction vont bientôt être mis au service du public.
Du côté Empalot, une mosquée. Bonjour aux enfants que l’on dresse à apprendre des inepties par cœur en oscillant du tronc, des heures durant, les yeux fermés. Qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens ou bouddhistes ne changent rien à l’affaire… C’est le mouvement des autistes, les TICS, qui fait se ressembler les apprentis de toutes les religions!
Curieuse coïncidence, de l’autre côté de ce bras du fleuve, sur un terrain dévasté par l’explosion d’AZF, se termine aussi la construction d’un gigantesque casino. Le jeu d’argent est interdit en France sauf dérogations, aussi nombreuses que variées et dont “le groupe Lucien Barrière” (un ami de notre Président qui n’a que des amis) profite allègrement.
On apprend à y faire les mêmes mouvements répétés…
Orly
Je me souviens.
À la mi-février 1962 nous sommes partis avec Denise, une de tes amies, dans sa voiture, pour aller chercher ta grand-mère maternelle à l’aéroport d’Orly. Elle était veuve depuis longtemps et avait vécu, dans un minuscule appartement au coin de la place du gouvernement, à Alger, juste en dessous de la casbah. Elle t’écrivait depuis 1952, et presque tous les jours, des lettres de plus en plus difficiles à déchiffrer, et aussi de plus en plus terrorisées par la guerre civile, les attentats, les meurtres. Ta grand-mère que tu appelais Mamichka. Continuer la lecture de Orly
J’ai tout fait dans les temps
Nuit noire, ne pas faire de bruit, ne réveiller personne, ni ma compagne lovée dans les draps entortillés, ni sa mère qui ronfle doucement dans la chambre à côté mais dont la porte entrouverte laisse voir la lumière bleue de la veilleuse. Le petit réveil indique une heure et demie.
Découper le monde et choisir l’instant
Avant le photographe se cachait sous un drap
Seul témoin d’une image renversée dans le noir
Il découpait son cadre, il prenait une part
Puis, sortant de là-dessous, il choisissait l’instant.
Il était donc le maître de l’espace et du temps.
Ensuite j’ai eu l’œil droit collé dans le viseur
Comme un trou de serrure dans une large porte
Comme un petit tunnel entre moi et le monde
Qui m’isolait de lui en m’en rendant voyeur.
(Le viseur est une chambre qu’un seul regard pénètre !)
Je pouvais censurer, isoler et choisir
Et puis, au bon moment, enfoncer le bouton
et faire une seule photo, ou deux, mais pas beaucoup
C’est moi qui les créaient car elles étaient mon choix.
Maintenant je nous vois faire et c’est à bout de bras
tout en parlant je crois
qu’on vise et qu’on déclenche.
On en prend des milliers d’images numériques
On veut faire ce qu’on veut. On choisira après
(du moins c’est ce qu’on croit !)
On taillera dedans, on changera les couleurs et on recadrera
On veut tout et tout d’suite
Mais c’est le monde qui prend tout ceux qui croient le prendre
Il n’y a plus de choix.
Caillou 22 juillet 2007