Tous les articles par Caillou

Disparaître en Indochine – 24

Chapitre 24

On m’appelle Simone, mais mon vrai nom c’est Anna. Anna Blumenstein. Je suis polonaise, née à Lodz. Papa était contremaître dans une usine textile, et ce n’était pas un juif très pratiquant. Il était militant du Bund, donc un de ces juifs socialistes, qui refusaient le sionisme. À la maison nous parlions le Yiddish. Dès l’âge de 7 ou 8 ans il m’emmenait dans les manifestations de rues qu’ils organisaient pour protester contre la dictature de Pilsudsky. C’était dangereux, mais nous courions vite. Les autres juifs, dans notre quartier, n’étaient pas, loin s’en faut, des militants de gauche. Nous avions souvent des bagarres, religieux d’un côté, sionistes, socialistes ou communistes de l’autre. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 24

Disparaître en Indochine – 23

Chapitre 23

Le jeudi suivant, dans le train qui le menait à Lyon, Thierry lisait les journaux du matin. Les grands titres parlaient tous de la fin de la guerre entre l’Irak et l’Iran. Un accord de cessez-le-feu venant enfin d’être négocié entre le successeur de l’Imam Khomeiny et les émissaires du tyran de Bagdad. Un éditorialiste envisageait un bouleversement du paysage diplomatique mondial. Le million de morts entassés dans le Chat el Arab avaient du, eux, en modifier le paysage réel. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 23

Disparaître en Indochine – 22

Chapitre 22 ( Mais il s’agit plutôt d’un prologue…)

Cage d’escalier, 6ème étage. Il referme la porte de l’appartement, se dirige vers l’ascenseur, et appuie sur le bouton d’appel.
Le cliquetis mécanique de la vieille machinerie qui s’ébranle rompt le silence de cet immeuble bourgeois, à cette heure de la matinée totalement silencieux.
La lumière du soleil qui pénètre par la grande baie du palier illumine tout l’escalier, rebondissant joyeusement, de marche en marche, sur le tapis rouge maintenu par des tiges d’acier dorées. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 22

Disparaître en Indochine – 19

Chapitre 19

Le lundi matin Thierry arrivait en gare Saint-Charles.
Costume croisé, chapeau, moustache, lunettes, le jeune homme était méconnaissable. Il prit un taxi et se fit conduire place Castellane. Une fois sorti de la voiture, il acheta La Marseillaise à un kiosque puis, ayant vérifié discrètement que personne ne l’observait, il téléphona d’une cabine publique à l’entreprise de réparation de bateaux du boulevard Delabre. Il demanda à l’employé s’il lui était possible de parler à Augustin Chavez, que c’était important, et quelques minutes plus tard il avait le vieil espagnol à l’autre bout du fil. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 19

Disparaître en Indochine 18

Chapitre 18

Thierry s’était assis. Il regardait sans comprendre le mot trouvé dans la malle d’Henry. Mais comment ce « Robert »  pouvait-il se trouver dans une lettre destinée à Henry ? Cela ne collait plus du tout ! Robert, ce type qu’il n’avait pas réussi à rencontrer à Lyon, c’était dans l’histoire d’Adrien ! Comment pouvait-il se retrouver dans les affaires de son frère Henry que plus rien ne rattachait ensemble depuis 1939! Cette lettre ne comportait pas de timbre ou d’adresse d’expéditeur, elle avait donc été remise de la main à la main, mais par qui, et quand ? Continuer la lecture de Disparaître en Indochine 18

Disparaître en Indochine – 17

Chapitre 17

Je suis cinéaste. Mais une cinéaste qui ne fait pas des films pour rire. J’ai appris depuis très longtemps que la caméra est une arme et que les révolutionnaires du monde entier doivent savoir s’en servir, au même titre qu’ils apprennent à se servir d’une Kalachnikov ou d’un fusil d’assaut M16.  Mon cinéma n’est pas le mien ! C’est celui des gens que je filme! Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 17

Disparaître en Indochine – 16

Chapitre 16

Après quelques jours, une fois rentré chez lui, Thierry reçut une lettre du notaire, maître Viannet, lui annonçant la bonne réception d’un courrier de M. Wang Kien Feng, confirmant, devant un agent assermenté, les termes de sa première lettre. Puisqu’il s’agissait donc d’une reconnaissance officielle sur cette rencontre du 23 novembre 1946, le notaire  était obligé d’ouvrir une « recherche de descendance » d’Adrien Lecourt, ce qui retarderait considérablement le règlement de la succession. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 16