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Les retraites… Et la productivité du travail?

En 20 ans la productivité du travail a été multiplié par quatre!

À les entendre, de gauche ou de droite, nos élites nous disent qu’avec le vieillissement démographique, il n’y a que trois paramètres pour financer les retraites:
– baisser les allocations
– augmenter les cotisations
– augmenter la durée du travail.

Moi je suis bouché en économie, je le reconnais. (Si je m’écoutais je dirai qu’il suffit de pendre les banquiers avec les tripes des patrons pour que l’économie soit enfin libre, mais je me dis que c’est un peu brutal, que cela doit être plus compliqué!)

LEUR économie, celle qu’ILS nous imposent depuis des siècles de domination, je n’y comprends rien. Mais de là à croire leurs balivernes quand ils veulent convaincre les dominés de la justesse de leurs analyses, de ces trois paramètres incontournables, il y a un pas…

Car il y a un quatrième paramètre: la productivité du travail!

Pourquoi les extraordinaires progrès techniques, l’informatique, les machines, ne sont pas pris en compte dans le calcul global des retraites? Les bénéfices de ces progrès techniques ne vont que dans les poches des capitalistes! travailler plus pour qu’ils gagnent plus! Et ils viennent ensuite nous expliquer qu’il n’y a pas d’autres solutions que d’augmenter la durée du travail? Tout en sachant qu’en moyenne les travailleurs se font jeter 5, 6 10 ans avant l’âge légal de départ à la retraite ce qui entraîne une baisse générale des allocations de retraites!

J’attends vos réponses?

Caillou, le 17 février 2010

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Petit historique de la productivité
27/09/2009

La productivité a considérablement augmenté au cours de l’histoire. Ainsi, il faut aujourd’hui 52 fois moins de temps pour produire une tonne de blé qu’en 1800, notamment du fait de l’utilisation d’outillages de plus en plus performants. Plus récemment, entre 2000 à 2007, Chrysler a réduit de près de 14 heures le temps moyen d’assemblage d’un véhicule, pour atteindre 30 heures. Le constructeur automobile américain était avant la crise le plus productif aux Etats-Unis, à égalité avec Toyota.
Ces gains de productivité, constituent une source de croissance économique considérable. Pourtant, le progrès technique n’a pas toujours été bien perçu au cours de l’histoire. On a longtemps pensé qu’il nuisait à l’emploi. En effet, une augmentation de la productivité du travail offre deux options. La première consiste à produire davantage avec la même quantité de main d’œuvre ce qui est clairement positif. La seconde en revanche, conserve le même niveau de production mais en réduisant le nombre de travailleurs, synonyme de destructions d’emplois. Au XIXe siècle ce constat a donné lieu à de violents mouvements de protestation (le luddisme, par exemple), les travailleurs allant jusqu’à détruire les machines.
A l’échelle d’un pays, le progrès technique, facteur indiscutable de croissance économique bénéficie largement à l’emploi. Cependant, certains ajustements sectoriels génèrent souvent des difficultés sociales importantes. Ainsi, au cours de la révolution industrielle, l’exode rural des paysans chassés des campagnes par les gains de productivité dans l’agriculture ne s’est pas fait sans heurts, les nouveaux arrivants dans les villes s’entassant pour la majorité dans des habitats insalubres en périphérie des grandes villes.
La productivité évolue plus ou moins vite d’un pays à l’autre, en fonction du contexte économique. En France, les gains de productivité ont été relativement faibles entre les deux Guerres mondiales. Après 1945 et jusqu’au début des années 70, ils ont connu une croissance fulgurante de 5,5% par an. Depuis, le rythme de progression est inférieur à 2%.
La productivité du travail en France est ainsi supérieure à celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, des États-Unis, du Japon et même de l’Allemagne. Elle se situe au-dessus de celles de l’ensemble des pays de l’OCDE(1) , à l’exception de la Norvège.
Productivité horaire dans les pays de l’OCDE     Productivité horaire    Rang mondial
Norvège                                                            117,3           1
France                                                               107,8           6
Allemagne                                                         101,5           6
États-Unis                                                          100              7
Royaume-Uni                                                     81,7             15
Japon                                                                 73,1             17
Espagne                                                             61,1             20
(Indice base 100)
Source : Banque de France, 2003.
Lecture : Si en moyenne, en une heure, un travailleur américain crée une richesse de 100$, un français en produit 107,8.
(1) Organisation de Coopération et de Développement Économique.

Jeanne de guerre lasse

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J’ai vécu un très beau moment hier soir, quelque chose comme un meeting des années 70 avec les rides et les cheveux blancs en plus, la salle du Sénéchal pleine à craquer, les gens debout, assis sur les marches, et ce silence contenu, ému…

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Nous étions réunis pour un hommage à Daniel Bensaïd qui vient de disparaître. Et tous ces ami-e-s  étaient venus parler de ces années de jeunesse toulousaine, du lycée, des prises de conscience militante, de la guerre du Vietnam, de mai 68, de l’Amérique latine… de ses convictions internationalistes…DANIEL BENSAID, INTELLECTUEL FRANCAIS, UN DES PRINCIPAUX PENSEURS DE LA LCR (LUTTE COMMUNISTE REVOLUTIONNAIRE) AUX COTES D'OLIVIER BESANCENOT.
Moi, j’en suis bien loin de ces trotskistes à drapeaux, aux conviction d’avant garde, aux fortes pratiques de manipulation… mais Daniel, oui, je l’aimais bien!
Et pas pour ces livres politiques qui me tombaient des mains (décidément je suis nul!) mais pour un livre délirant que je considère comme un chef d’œuvre: Jeanne de guerre lasse.

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Pas envie de le résumer, d’en placer un extrait… mais ce livre, monument d’érudition historique, est aussi plein de tendresse pour une Jeanne d’Arc totalement inconnue, à qui Daniel donne une voix et un visage bien différent de ce que toute la réaction catholique et nationaliste a construit depuis des siècles.
Alors pour ce livre qui m’a marqué et pour ton grand sourire quand je t’en avais parlé, merci à toi et salut Daniel, avec tes idées, nous vaincrons!

Caillou, le 28 janvier 2010

Ici ce que ces camarades disent de Daniel Bensaid:
http://www.npa2009.org/node/15530

Plutôt l’émeute que les meutes !

Je rencontre une amie dans l’avenue, vers le centre. Elle sortait du métro, moi je marche très vite. Il fait froid et elle s’est emmitouflé la tête dans un foulard épais, comme un chèche coloré. Elle a le nez tout rouge et veut rentrer chez elle pour se mettre au chaud. Au plus vite. Mais, tout de même, avec cette irrépressible envie de discuter qui nous fait, dès fois, narguer les éléments, risquer notre confort, elle me raconte qu’elle revient d’une conférence et brusquement m’annonce qu’il n’y a plus de valeurs universelles !

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La connaissant chrétienne, je m’interroge. Comment peut-on si rapidement être inquiétée dans ses convictions les plus profondes par un conférencier, aussi talentueux soit-il ? Peut-être est-ce le froid qui lui a ramolli la cervelle, ou l’âge ? Ayant moi-même beaucoup d’heures de vol au compteur, et me découvrant de plus en plus frileux sur ce large trottoir, je m’inquiète, et pour elle et pour moi. Mais qui t’a annoncé cette mauvaise nouvelle ? Oh ! C’est Edouard Glissant !

Derrière elle, sur l’avenue, au milieu des voitures apparaissent des hommes enturbannés, barbus. Plusieurs dizaines arrivent et de toutes les rues. Sans banderoles mais avec le doigt (c’est bien l’index !) montrant le ciel couvert. Ils exigent que les filles n’aillent plus à l’école ! Ils se frappent la poitrine, ils ont l’air en colère. La femme est un danger pour notre religion ! Elles doivent être enfermées dans le sein des maisons !

Je demande à l’amie si elle en est d’accord ?
Bien sûr que non dit-elle mais cette éducation des filles, cette libération des femmes, ce respect d’une totale égalité des droits entre les êtres humains est une invention occidentale. Et l’Occident n’a pas de leçons à donner.

Un gouffre s’est ouvert. Toutes les automobiles au milieu de l’avenue tout à coup arrêtées. Les gaz d’échappement s’élèvent doucement. Le silence est total. Puis j’entends arriver le grondement qui monte du fond des entrailles de la terre sous nos pieds. (C’est peut-être un métro ?) Et nous voyons sortir du trou noir de l’abîme des centaines de soldats qui marchent en cadence. Ils sont de noir vêtus. Dans un ordre impeccable, ils se rangent en quartiers puis, à un commandement venus de quelque part, ils se mettent à crier. Tous ensemble, un seul cri, que je comprends très bien : « Mort aux juifs, mort aux nègres, peuple réveilles-toi ! »

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Je demande à l’amie si elle en est d’accord. Ce cri c’est l’Occident qui le criait pourtant ? Oui, c’est vrai me dit-elle, mais c’était dans le temps. Aujourd’hui on nous impose à tous d’être frères ! Et c’est bien une valeur de l’Occident qu’il exporte dans le monde entier ? Et si cette valeur était toute relative ? Les peuples dominés ont aussi des valeurs. Pourquoi ne seraient-elles pas aussi valables que celles qu’impose notre télévision ?

Où as-tu vu que l’on nous imposait la fraternité ? Dans les délocalisations qui mettent chaque jour des centaines d’ouvriers au chômage ? Dans les hurlements des Américains qui refusent une (petite) sécurité sociale pour permettre aux indigents de se soigner ? Dans la bouche de Mme Parisot qui s’étonne que la précarité de la vie ne s’entende pas comme la précarité du contrat de travail? Dans l’expulsion inhumaine des migrants, l’éclatement des familles ? Non, le capitalisme ne change pas. Ce qu’il impose au reste du monde c’est l’extorsion la plus rapide du profit, le marché. Il ne se sert des valeurs universelles que pour avancer son  modèle de société inégal, injuste, gaspilleur, destructeur et parfois absurde. Mais ce n’est pas une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain, jeter les valeurs universelles avec le capitalisme !

Dans l’avenue, ils sont maintenant des milliers à se taper sur la gueule. Antisémites contre « peuple élu », révisionnistes, afrocentristes, nationalistes russes aux crânes rasés, curés en soutanes, commandos anti-avortement, intégristes de toutes obédiences, pédotouristes en Thaïlande, chinois occupants du Tibet, bandes armées de la loi du plus fort, racailles tribales de nos banlieues, tortionnaires, terroristes, à chacun sa vérité, à chacun ses valeurs privées, à chacun sa vision du monde…

Je demande à l’amie si elle en est d’accord.
Mais elle ne me répond pas et me raconte, les larmes aux yeux, les corps nus, suppliciés, dans les décombres d’Haïti. Je les ai vus moi aussi dans nos interminables journaux télévisés. Alors je pleure avec elle.  Et oui, décidément, et nos larmes en témoignent, il y a des valeurs universelles !

Contre le pouvoir de l’argent, contre l’injustice, contre l’exploitation, plutôt l’émeute que les meutes !

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Caillou, le 18 janvier 2010

PS: Valeurs universelles… c’est mon point de vue, mais il est plein de doutes, d’incertitudes, de méconnaissances et de respect pour le point de vue contraire. Si vous avez envie de le contester vous commentez…

Il faisait froid dehors et très chaud dans nos cœurs!

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Il est 8 heure moins le quart. Il fait froid. Sur le bords du canal, à Toulouse, devant la direction régionale de l’ERDF… nous ne serons certainement pas bien nombreux! C’est trop tôt… un jour de semaine… les salarié(e)s ne pourront pas venir… les parents d’élèves non plus car c’est l’heure d’amener les enfants à l’école…
Et puis, quand j’arrive sur les lieux, le rassemblement, dans le noir, n’est finalement pas si maigre! Et il grossit de minutes en minutes. Je reconnais toutes les tendances syndicales, politiques et associatives locales… De quoi s’agit il ?
De défendre un fonctionnaire de l’EDF qui va être sanctionné  pour avoir (peut-être, car il n’y a aucune preuve) remis l’électricité à un couple d’allocataires du RMI. Nous avons été prévenu par des courriels, comme celui-ci:

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Ve 15.01 7H45 ERDF-GRDF Toulouse. ROBIN des BOIS de l’énergie : Procédure disciplinaire contre Dominique LIOT à ERDF-GRDF Midi Pyrénées. Rassemblement, le Vendredi 15 Janvier au 22, bld de la Marquette à Toulouse (entre le Conseil Général et le jardin de Compans Caffarelli sur la gauche), pour celles et ceux qui peuvent se rendre disponibles. Le résultat ne fait pas grand doute. En Commission Secondaire la sanction votée par la direction a été unanime : 1 mois de mise à pieds et sur la convocation de Vendredi, c’est toujours 1 mois de mise à pieds. Motif essentiel de la sanction : l’opération Robin des Bois de rétablissement de l’électricité à un couple de RMIstes et leur petite fille de 2 ans. C’est tout le sens du service public qui est en cause, dans ce monde du libéralisme triomphant où la norme et les résultats financiers deviennent le seul objet digne d’intérêt aux yeux des responsables de ces services publics privatisés que sont GDF / Suez et EDF SA. Sanctionné uniquement pour avoir revendiqué cette action au nom de la CGT Energie Midi Pyrénées. Sanctionné pour avoir résisté et soutenu mes collègues comme Rodolphe de Toulouse et Nordine de Paris, toujours licenciés pour faits de grève. Sanctionné pour avoir participé au lancement et à l’animation d’une grève gagnante : arrêt du projet d’externalisation des activités Réseau Electrique et des suppressions de sites, maintien d’un groupe branchements et 129 emplois gagnés. Les témoignages de soutien ont été énormes : associations, syndicats, partis de gauche sans exception, élus de mairies au parlement européen en passant par le président du Conseil Général de la Haute Garonne… L’urgence, pas seulement en période hivernale, de maintenir l’alimentation électrique à ceux qui en ont le plus besoin, amène à proposer ce rassemblement à toutes les associations concernées par ce problème pour dire que oui, il faut interdire les coupures aux personnes démunies et faire évoluer pratiques et lois dans ce sens. Et que non, on n’acceptera pas la criminalisation des Résistants d’aujourd’hui. Tous les soutiens seront les bienvenus ! Merci de faire tourner l’info.

Les médias sont là. Dominique dit quelques mots. liot

On applaudit, puis Dominique s’en va vers les bureaux de la direction.

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Dans quelques jours nous saurons la sanction qu’il recevra. Mais quelle que soit cette sanction, mise à pied, ou pire licenciement, comme son collègue Rodolphe, n’aura rien à voir avec la sanction de l’Histoire.
Oui, je sais, c’est grandiloquent!
La sanction de l’Histoire pour les libéraux, les idéologues des privatisations (voleurs des biens publics), décideurs économiques… qui ordonnent, pour la rentabilité de leurs entreprises, de couper le chauffage et la lumière aux pauvres gens en plein hiver!

De voir que nous étions si nombreux ce matin si froid  m’a fait chaud au cœur.

D’autant que je voudrais rappeler que c’est ce même Dominique qui a, pendant le mouvement des chômeurs en 1997/98, avec « AC! », mobilisé un petit groupe de militant(e)s, joué les contradictions entre Mairie et Conseil régional, et obtenu, à force d’obstination, la gratuité des transports (métro, bus et train) pour les chômeurs de Haute-Garonne!

Alors chapeau! Et solidarité avec des chics types !

Caillou, le 16 janvier 2010

Résultat, le 21 janvier :
http://www.lematin.ch/flash-info/monde/toulouse-agent-edf-robin-bois-mis-pied-21-jours

Georges

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Georges, en 1945 ou 1946, le regard fou du déporté…

LYON, 1er janvier 2010. Décès de Georges BERNARD
Ancien déporté de Mauthausen, ancien résistant des Maquis de l’Ain et du Haut-Jura,

membre du bureau de l’Amicale Nationale de Mauthausen, membre du comité directeur de la FNDIRP,
vice-président de la Licra Rhône-Alpes, officier de la Légion d’honneur, médaillé de la Résistance.
Georges Bernard ayant fait don de son corps à la science il n’y aura pas de cérémonie
mais un hommage sera rendu ultérieurement. Ayez une pensée pour lui.

Caillou, 6 janvier 2010


Vous parlerez longtemps du résistant, du déporté, de l’homme courageux qu’il a été et vous aurez raison. Oui, Georges a été tout cela, un homme de conviction, toujours aux services des autres et des causes qu’il défendait, hier dans le maquis et dans les camps mais, bien après, dans la lutte contre l’oubli, contre le racisme et l’antisémitisme, pour la justice sociale, la paix et la liberté. Si vous êtes si nombreux aujourd’hui, autour de lui, c’est bien pour lui rendre cet hommage, et c’est bien. Georges était un homme bien !
Mais je voudrais parler de l’homme tout simple, de celui qui se baignait avec ses cousins dans la Loire, de celui qui aimait les huîtres et le vin blanc, de celui qui aimait rire, de celui qui avait peur face à la maladie mais qui ne se plaignait pas… qui ne voulait pas déranger… qui gardait sur le travail des autres le profond respect lié, je crois, à ses convictions politiques. Mais je voudrais parler de l’homme qui doutait, et qui, au soir de sa vie, en faisant le bilan, se jugeait durement. En oubliant que la folie de ce qu’il avait vécu là-bas, à Melk, à Ebensee, l’autorisait à ne pas avoir été raisonnable en se jetant à corps perdu dans le militantisme, en se moquant de construire une carrière professionnelle …
Mais je voudrais parler de cette vie qui lui fut si dure dans toutes ces années d’après guerre, de sa mère devenue folle, qu’il soutenait, de toutes ces visites dans les asiles psychiatriques… Divorce, séparation, solitude, soucis de toutes sortes, mais toujours pour lui l’amitié des copains. Les copains, la liste en est si longue qu’il faudrait un bottin, et il en est tellement aujourd’hui qui ont disparu. Dans toutes ces années où ses compagnons, les rescapés des camps, étaient pour lui si importants, comme si entre eux au moins ils pouvaient se comprendre.
Je voudrais parler de son sens de l’humour, de l’autodérision. Des jeux de mots énormes, des blagues incroyables… Georges parlait de sa vie, après la déportation, comme d’une « portion de rab » qui ne méritait pas qu’on la prenne au sérieux. Je le revois avec Mimile, avec Gilles, avec Blanchard, Ficelle et tous les autres, les hommes de l’Amicale ! Il faudrait retrouver les souvenirs si drôles qu’ils se racontaient entre eux, pourtant issus de l’univers concentrationnaire. Le petit poisson sautant de l’eau et avalé tout cru sous les éclats de rire des camarades, ce juif hongrois du nom de Lazare que vous mettiez en tandem avec un Français du nom de Garcin, pour faire Garcin-Lazare…
Georges était toujours près pour une bonne blague, autour d’une bonne table, avec des bons copains, et il aura, je crois toujours essayer de rire… Alors je te le souhaite du fond du cœur, où que tu sois Georges, de rire très fort avec tes camarades…
Tu n’étais pas seulement un homme bien, réduit à tes faits d’armes, à tes honneurs, à tes décorations, tu étais aussi un homme tendre, avec des doutes, des peurs et des contradictions, un homme tout simple mais droit. Alors pour tout ce que tu m’as donné, pour cette voie tracée, merci, mon père.

Pressé comme un centre d’appel

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Pressé comme un citron contre la vis en verre
Pressé comme un lavement, comme un poisson ouvert
Pressé comme l’usager des transports en commun
Pressé comme un enfant qui ne comprend plus rien

Tu te sens ce matin la bouche pleine d’aphtes
Et couvert d’eczéma de peur que l’on te cafte
Car t’as pris un peu d’temps juste entre deux appels
Juste le temps d’un regard vers le ciel qui t’appelle

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons.

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Pressé par des délais devenus autoritaires
Pressé par les contrôles des chefs qui s’exaspèrent
Pressé par l’écouteur vissé dans les oreilles
Le micro sur les lèvres, tu cries dans l’appareil

L’écran devant tes yeux montre le temps qui fuit
Tu dois finir ta phrase dans 2 secondes et demie
Mais ce connard te coupe. Le v’la qui t’injurie
Et tu le prends pour toi. C’est toi qui le pourris

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

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Pressé d’en terminer tu refais un effort
Le bruit du téléphone traverse tout ton corps
Et tu l’entends crier dans une chambre vide
Pourras-tu dire pas cœur ce discours si limpide ?

La fenêtre est ouverte dehors il fait si beau
Encore une fois rentrer dans le petit studio
Où personne ne t’attend, où personne ne t’aime
Puis revenir demain s’accrocher à la chaîne

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

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Et c’est encore une fois un client qui raccroche
Le cadre est là debout et les poings dans les poches
On t’as bien dit « sourire »! Tu est bouché ou quoi ?
On fait pas l’objectif et c’est à cause de toi !

Tu avais un métier du temps des télécoms
Tu n’est plus qu’un emploi que l’on peut mépriser
Ton savoir est parti dans les boîtes privés
Et toi tu te sens bête, juste avant qu’on te gomme

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

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Non ce n’est plus possible, y’a plus de solution
Tu t’approches du vide, c’est au cinquième étage
tu te jettes et tu meurs ! Mais tu sors de la cage
Et pour les grands patrons il n’y a pas de sanction

Le temps se rétrécit et ton sang est très rouge
L’argent devient le maître absolu de nos vies
L’entreprise qui t’étrangle et t’arrache ta vie
Disparaîtra bientôt ! C’est le monde qui bouge

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

Caillou, 17 décembre 2009

Le rire gras des incendiaires

Eric Besson a annoncé, hier, la création d’un groupe de travail sur les «mariages gris». Une nouvelle expression créée pour l’occasion par le ministre de l’Immigration. Elle qualifie l’union d’un(e) Français(e) avec une personne étrangère qui l’aurait manipulé dans le simple but d’obtenir la nationalité française.

Le rire gras des incendiaires
et les sourires des commentaires
les appels fiévreux du matin
les voix qui viennent et s’entrechoquent
sur les visages et les portes
les bras levés des enfants juifs
les ombres portées sur les notes
les géants blancs, le noir des bottes :
l’élégance d’un entrefilet

C’est un cauchemar? C’est le silence
lorsque le réveil se dérobe
et que l’insomnie nous dépose.
Il n’y a plus rien! La résurgence
Le  » pas possible! »
d’un retour à la case départ
au rire gras des incendiaires

Ne plus pouvoir fermer les yeux
ne plus savoir comment l’on peut
échapper au phrases des uns
et aux silences des autres enfouis
Les friches sont irrémédiables
Il y a trop de bruit dans la rue.

Caillou, 1984 (Pour rappel, 1984, c’est l’année de l’apparition du FN.)

Juste un moment subtil

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Quand elle chante près de moi et qu’elle est fatiguée
sa voix déraille un peu. Elle est juste pourtant.
Elle est chaude et humaine et précise à la fois.
Quand je l’entends chanter, j’ai envie de pleurer.

Bien plus aigue que moi, elle n’a pas de puissance
mais elle dit beaucoup plus que les mots ne peuvent dire.
Elle dit toutes les comptines murmurées à l’oreille
Elle dit l’histoire lue quand les yeux se referment

Il faut être tout prêt pour pouvoir l’entendre
Prêt à sentir en soi l’enfant qu’on est encore
Ou peut être l’amant à la petite mort

Ce n’est ni mon amante ni ma mère ni ma femme
C’est une amie qui chante dans tout ce brouhaha
Dont parfois j’entrevois le secret de la voix.

Caillou, le 22/11/2009