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Fatwa en Algérie… Censure à Paris

Kamel Daoud est un journaliste et écrivain algérien auteur de Meursaut contre-enquête, par exemple. En Algérie les islamo-fascistes exigent du gouvernement son exécution publique pour apostasie, à la suite d’une émission à la télévision française où il avait déclaré: « Je persiste à le croire : si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l’homme, on ne va pas avancer, a-t-il dit. La question religieuse devient vitale dans le monde arabe. Il faut qu’on la tranche, il faut qu’on la réfléchisse pour pouvoir avancer. ». Fin janvier 2016, il écrit, dans Le Monde le point de vue suivant:

Cologne, lieu de fantasmes.


Que s’est-­il passé à Cologne la nuit de la Saint- Sylvestre ? On peine à le savoir avec exactitude en lisant les comptes rendus, mais on sait – au moins – ce qui s’est passé dans les têtes. Celle des agresseurs, peut-être ; celle des Occidentaux, sûrement. Fascinant résumé des jeux de fantasmes. Le « fait » en lui-même correspond on ne peut mieux au jeu d’images que l’Occidental se fait de l’« autre », le réfugié-immigré : angélisme, terreur, réactivation des peurs d’invasions barbares anciennes et base du binôme barbare-civilisé. Des immigrés accueillis s’attaquent à « nos » femmes, les agressent et les violent.
Cela correspond à l’idée que la droite et l’extrême droite ont toujours construite dans les discours contre l’accueil des réfugiés. Ces derniers sont assimilés aux agresseurs, même si l’on ne le sait pas encore avec certitude. Les coupables sont-ils des immigrés installés depuis longtemps ? Des réfugiés récents ? Des organisations criminelles ou de simples hooligans? On n’attendra pas la réponse pour, déjà, délirer avec cohérence. Le « fait » a déjà réactivé le discours sur « doit-on accueillir ou s’enfermer ? » face à la misère du monde. Le fantasme n’a pas attendu les faits.

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Steve Montebello

J’ai tenté (et raté) un concours amusant organisé par Radio-France:
http://www.radiofrance.fr/espace-pro/evenements/radio-france-fete-le-livre-2015/concours-radio-france-de-la-micro-nouvelle
La micronouvelle est un récit imaginaire, appartenant au genre narratif, rédigé en un nombre restreint de mots (1 000 signes espaces compris). Le récit doit comporter une chute. On retrouve dans la micro nouvelle un pouvoir évocateur. Les lieux, les personnages et les actions sont fortement suggérés)
Du coup je le livre à “Caillou tendre”. Bonne lecture.

Je me gare sur le parking. Au loin les calicots et les tentes des « troisièmes rencontres du livre d’amour » sont éblouissants.

Une très belle jeune femme rousse est assise sur un banc, juste devant l’entrée. Elle lit un livre et j’en reconnais la couverture puisque c’est le mien: Le livre de ma vie. Son attitude, sa superbe robe rouge échancrée, sa nonchalance, sa chevelure lourde et flamboyante, sont en harmonie avec cette triomphale journée d’été. Je passe le guichet où l’on me remet mon badge et je m’avance vers le stand des auteurs.

A mon passage elle se lève et m’aborde : Mr Montebello ? J’acquiesce. Elle me montre alors d’un geste très rapide sa carte de la police nationale tout en m’annonçant distinctement : Vous êtes en état d’arrestation. Les menottes refermées sur les poignets je suis vite entrainé vers le fourgon. J’entends les haut-parleurs annoncer mon arrivée sur le festival : Et nous vous informons avec un immense plaisir de l’arrivée du lauréat Steve Montebello.

Caillou. Novembre 2015

 

Une jeunesse kabyle

Une amie publie un livre, une bande dessinée.
Annelise y raconte la vie des jeunes kabyles de Tizi-Ouzou sur une période d’une quinzaine d’années entre les années 80 à la fin des années 90. On y retrouve la misère, la faim, la frustration sexuelle, le poids de la surveillance sociale, les flics, les islamistes, la peur, des anecdotes amusantes, des scènes épouvantables, un envie de vivre malgré tout… Et puis l’exil, le temps qui passe, les ami(e)s perdu(e)s…
Du coup on découvre tout un pan de l’Histoire algérienne récente. Cette Histoire qui, soi-disant, ne nous concerne pas, à laquelle on ne s’intéresse pas, ici, en France, juste de l’autre côté de la mer.

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Il y a quelques années, en 2012, j’étais avec elle en Algérie et elle m’avait croqué sur son blog. Elle faisait des repérages pour son livre… Je lui en pique une image. Elle me fait rire, car je suis le petit cochon moustachu à bretelles qui est à droite.Marc au bled

Bon, procurez vous ce livre dans les bonnes librairies.
Et pour les Toulousain(e)s, elle sera  :

À la Pizzeria Belfort 2, rue Bertrand de Born 31000 Toulouse (place Belfort)
le samedi 7 novembre à 19h00
Pour une soirée-dédicace-discussion… dans la salle du RDC avec le verre de vin qui va bien et les pizzas de Zoubir et Hafid bien sûr !

On ne s’évade jamais du monde réel.

Guy Béart est mort.

Pour l’occasion ce chanteur un peu oublié, à la voix faible, un peu mièvre (du moins dans mon souvenir) est revenu sur les ondes.

Hier j’ai entendu pour la première fois sa chanson l’Hôtel Dieu. Et brusquement je réalise qu’il y parle du décès de sa mère dans l’hôpital parisien du même nom là où, justement ma maman  disparue traînait une vieille tuberculose pendant que le quartier latin se soulevait dans l’odeur âcre des lacrymaux.

Et cette chanson résonne en moi comme si, d’un coup quarante années plus tard, tout me revenait d’un coup. Résonne en moi jusqu’aux larmes.

On ne s’évade jamais du monde réel.

Caillou 20 septembre 2015

Lire aussi: https://www.cailloutendre.fr/2005/04/lhotel-dieu-2/

lhotel-dieu

Hôtel-Dieu
Pour une femme morte dans votre hôpital
Je réclame, Dieu, votre grâce
Si votre paradis n’est pas ornemental
Gardez-lui sa petite place
La voix au téléphone oubliait la pitié
Alors, j’ai couru dans la ville
Elle ne bougeait plus déjà d’une moitié,
L’autre est maintenant immobile
Bien qu’elle fût noyée à demi par la nuit
Sa parole était violence
Elle m’a dit “Appelle ce docteur” et lui
Il a fait venir l’ambulance
Ô temps cent fois présent du progrès merveilleux,
Quand la vie et la mort vont vite
Où va ce chariot qui court dans l’Hôtel-Dieu,
L’hôtel où personne n’habite?
D’une main qui pleurait de l’encre sur la mort
Il fallut remplir quelques fiches
Moi, je pris le métro, l’hôpital prit son corps
Ni lui ni elle n’étaient riches
Je revins chaque fois dans les moments permis
J’apportais quelques friandises
Elle me souriait d’un sourire à demi,
De l’eau tombait sur sa chemise
Elle ne bougeait plus, alors elle a pris froid
On avait ouvert la fenêtre
Une infirmière neutre aux gestes maladroits
En son hôtel, Dieu n’est pas maître
La mère m’embrassa sur la main, me bénit
Et moi je ne pouvais rien dire,
En marmonnant “Allons, c’est fini, c’est fini”
Toujours dans un demi-sourire
Cette femme a péché, cette femme a menti
Elle a pensé des choses vaines
Elle a couru, souffert, élevé deux petits,
Si l’autre vie est incertaine
Et si vous êtes là et si vous êtes mûr,
Que sa course soit terminée!
On l’a mise à Pantin dans un coin près du mur,
Derrière, on voit des cheminées
Guy Béart
 

Un texte pour Ourida CHOUAKI

Cuilili cui cui cui cui cui….
C’est le son que fait la sonnette chez Yasmina et Ourida, dans leur appartement à Hussein Dey. C’est le son qu’on entend 20 fois par jour, au rythme des entrées et sorties des deux soeurs, des gens de la famille, des amis du quartier qui sont comme une grande famille. On s’y retrouve pour discuter, laisser ou récupérer un message ou un objet, profiter de quelques nuits d’hospitalité… respirer un air de liberté assumée… et saturé de fumée. Il y a même une chambre sacrifiée dédiée à la cigarette, surnommée Tchernobyl à cause des murs jaunis par la nicotine. Irrécupérable!
En 2007, quand j’ai franchi cette porte là pour la première fois, j’ai écrit dans mon journal de voyage “Que de gens formidables! Je touche du doigt une Algérie dont j’ai toujours rêvé, dont je soupçonnais seulement l’existence avant de rencontrer Georges et Hassina”.
J’avais connaissance d’une Algérie populaire, miséreuse et pleine de chaleur humaine. Il me manquait l’Algérie engagée, militante, rebelle à toute forme d’oppression et d’injustice.
Je l’ai trouvée parfaitement incarnée dans ces deux soeurs, Yasmina et Ourida, Yasmina toujours prête à lever la voix et le poing serré, Ourida plus calme et posée, mais pas moins déterminée dans sa lutte pour les droits des femmes. A chacune de nos rencontres, il était question de la marche mondiale des femmes, des évolutions du Code de la famille (ou de ses non-évolutions) , des situations que vivait telle ou telle femme qui avait fait appel à Tharwa Fadma N’soumeur, leur association. Toujours, l’ambiance était vibrillonnante autour d’elles deux, perpétuellement en action, en déplacement, et… en révolte. Rien n’a pu arrêter ce mouvement, ni  l’assassinat de leur frère en 94, ni les menaces des intégristes qui s’en étaient suivies. Il fallait porter le voile ou se préparer à mourir. “Après tout, avait dit Yasmina, qu’est-ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue? Est-ce que c’est la qualité de vie ou le nombre de jours? ” et elles ont continué de sortir tête nue. Leur père, communiste, avait rendu service à tant de monde dans le quartier, il aurait fait beau voir qu’elles se fassent agresser!
Je me rappelle des soirées enfumées, à discuter autour d’un verre d’alcool, dans ce pays où la liberté se vit mieux entre quatre murs; de la douceur et de la gentillesse d’Ourida, trimballant tout le monde dans sa voiture. Je me rappelle d’un trajet de nuit dans Alger au son de l’Internationale chantée en kabyle. Je me rappelle Ourida feignant un coup au coeur quand on venait de se faire arrêter par un flic pour défaut de ceinture de sécurité. J’avais été stupéfaite de sa réactivité immédiate. On en avait beaucoup ri après coup. Elle parlait peu d’elle, mais j’avais deviné, avec  cette anecdote, ses talents d’adaptation,  forcés par le danger quotidien dans les années 90. Nos discussions tournaient souvent autour de cette période, et de la cause des femmes d’Algérie et d’ailleurs. Ourida, au delà de ses engagements, avait ce don pour l’accueil simple et l’amitié. J’ai du mal à réaliser que nous ne nous verrons plus. Il nous reste, pour continuer de penser à elle, à faire nôtres les combats qui étaient les siens.
 Annelise

Georgette VACHER

J’ai retrouvé, dans cette valise des souvenirs, Numériser 4un petit opuscule de poésie, acheté 5 francs, au début des années 80 à Lyon.

À l’occasion de la disparition d’Ourida Chouaki, je lis un poème d’une militante féministe oubliée pour une autre militante de la cause des femmes algériennes: LA VIE

La vie

Pour l’aube en dentelle
Sur les monts neigeux
Et les immortelles
Dans les rochers bleus

Pour la fleur qui s’ouvre
L’étoile qui luit
Pour ta peau si douce
Au creux de mon lit

Chante, mon cœur, la vie !

Pour les papillons
Le goût des framboises
Le chant du maçon
Sur les toits d’ardoise

Pour les myosotis
Les pierres de lune
Les vertes prairies
L’éclair sur la dune

Chante, mon cœur, la vie !

Pour le ciel et l’eau
La fraise des bois
Les coquelicots
Le son de ta voix

Pour l’eau des fontaines
La brise à midi
Pour le gosse qui traîne
Son sac de soucis

Chante, mon cœur, la vie !

Pour l’odeur du pain
Et ta bouche tendre
L’ami qui revient
Les champs de lavande

Pour tes bras ouverts
D’amour infini
Pour ton ventre ouvert
La vie qui jaillit

Chante, mon cœur, la vie !

Pour les vins fruités
Ton rire aux éclats
Le miel et le lait
Ta vie près de moi

Pour les vents d’orage
La grêle et la pluie
Pour Marie-Courage
Qui bosse la nuit

Chante, mon cœur, la vie !

Pour les compagnons
Au fond de l’usine
Les petits canons
Avec les copines

Pour ton corps qui plie
L’âme en arc en ciel
Le travail fini
Les siestes au soleil

Chante, mon cœur, la vie !

Pour le fond des mers
Les poissons nacrés
Les fruits de la terre
Tes lèvres sucrées

Pour les danses folles
Le bain de minuit
La mouette qui frôle
Le lac endormi

Chante, mon cœur, la vie !

Pour les chants d’espoir
Et le cri des pauvres
Les brumes du soir
Dans le sang des nôtres

Pour les poings levés
La mer en furie
Pour la liberté
Le lion qui rugit

Chante, mon cœur, la vie !

Pour la tourterelle
Roucoulant ton nom
Ton cœur qui m’appelle
Dans le chant du monde

Chante, mon cœur, la vie !

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couverture d’Antoinette de mars 1978

Georgette VACHER était une militante féministe, ouvrière chez CALOR et syndicaliste CGT, qui s’est  suicidée à la veille
d’un congrès départemental.

Je participais à l’époque à une section de ce syndicat dans une grande surface de la région toulousaine, principalement avec des femmes, caissières et à temps partiels… Nous soutenions le journal “Antoinette”, mensuel de la CGT. Mais au fur et à mesure que ce journal devenait un journal “féministe” et de moins en moins “féminin”, le conflit se durcissait entre Antoinette et la direction confédérale de la CGT. On en trouve un écho dans le conflit qui opposait Georgette VACHER et son Union Départementale.

 

J’ai trouvé une référence à Georgette Vacher dans

«  Crise du monde ouvrier et nouveaux mouvements sociaux »
de Christiane Passevant

Georgette Vacher: “Chacun compte pour un”

Lyon, M. B. Composition/Édition, 1989.
In: L Homme et la société, N. 98, 1990.. p. 132.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/homso_0018-4306_1990_num_98_4_2520

Permanente à l’Union Départementale-CGT du Rhône et responsable du secteur féminin, Georgette Vacher s’est suicidée en octobre 1981, à la veille du congrès de l’UD, parce qu’on lui retirait ses responsabilités syndicales. Ce livre est la transcription de ses notes pendant la dernière année de sa vie, une sorte de carnet de route et un journal de réflexion sur sa position au sein du syndicat et, plus largement, sur la place des militantes dans cette branche industrielle du monde ouvrier. Le texte est resté très proche du langage parlé et répond aux questions que certains se posent actuellement. Redéfinition de l’individu dans le collectif, position de la militante face aux rapports hiérarchiques et à ses formes bureaucratiques. Témoignage sur la crise du syndicalisme. Rôle des femmes dans la lutte syndicale et pour une reconnaissance de leur identité.
Après sa disparition, plusieurs de ses compagnes de travail, ouvrières chez Calor et de ses amis ont décidé de faire paraître le message que laissait Georgette Vacher.
Le travail du collectif féminin dont elle a été l’animatrice et le souvenir de ses combats permettent de saisir combien sa conception du travail collectif ne correspondait pas à l’idée traditionnelle que s’en faisait le monde syndical. Pour elle chacun(e) compte pour un(e). Pas de responsable en titre. Pas de hiérarchie. Les femmes travaillaient ensemble et discutaient des difficultés rencontrées dans leur travail comme dans le fonctionnement de la structure syndicale.
L’élan solidaire de chacune a créé une dynamique de groupe qui, finalement, est devenue gênante pour la hiérarchie syndicale, d’ailleurs à forte majorité masculine. « La bagarre dans la boîte, les conditions de travail, les salaires, toute l’activité syndicale, ça n’a jamais été cloisonné. » En effet, sans parfois tenir compte des mots d’ordre du syndicat, les femmes se regroupaient en cas de conflits dans les entreprises et s’associaient avec des syndiquées d’autres syndicats ou des non-syndiquées pour des luttes ponctuelles.
La question des femmes dans le contexte syndical est cruciale puisqu’elle tourne autour du pouvoir et des revendications égalitaires. Impossible d’évacuer le problème du pouvoir et de la domination qui est au cœur de la problématique syndicale et sociale. Impossible d’évoquer un système social égalitaire sans rechercher de nouvelles valeurs sur des bases nouvelles. Et pour juger de l’évolution du système, l’un des critères essentiels n’est-il pas l’égalité entre sexes ? « En tant que femme, j’ai vraiment vu les pires choses, pas uniquement pour moi mais pour les copines aussi. Le regard de ces mecs sur les militantes, sur les femmes en général, c’était le regard de la société où on est. »
Le rapport de domination entre les individus étant au centre des tensions sociales, il n’est pas suffisant de respecter certains quotas pour permettre une présence plus importante des femmes au sein des formations syndicales ou politiques, il faut créer de nouvelles valeurs pour établir de nouveaux rapports entre les personnes.
Georgette Vacher a été une de ces femmes dont les principes et la pratique souvent à contre-courant, de même que la constante remise en cause ont permis une prise de conscience. Responsable syndicale du secteur féminin, elle n’a pas accepté de récupérer ce mouvement et c’est pour cela qu’elle a été écartée. « Je n’ai jamais rencontré dans la CGT, dans les dirigeants, de véritables camarades fraternels et sains. J’ai toujours rencontré des gars imbus de leur personne, des gens qui se prenaient très au sérieux, des dictateurs […] mal dans leur peau et qui faisaient peser sur moi, sur la “femme” tout ce que probablement ils ne pouvaient pas vivre ailleurs. »
C’est pourquoi il est intéressant de découvrir ce texte où il est question de respect, de conscience, de la lutte au quotidien des femmes, de leurs revendications face à une société où chacun(e) devrait compter pour un(e).
Christiane Passevant

Caillou, le 29 août 2015

Ourida Chouaki : « Elle est partie debout, comme elle a vécu »

Ourida Chouaki et les combats pour l’égalité femmes/ hommes

Pour nous souvenir de Ourida Chouaki, qui vient de mourir à Alger, nous sommes ce jeudi 27 aout quelques uns chez Zoubir à Toulouse. Combien ? Le leu est à la fois assez convivial et assez compliqué pour que la réponse soit difficile. Les uns sont debout au comptoir du bar / atelier de pizzaiolo. D’autres assis aux tables de la nouvelle salle attenante. D’autres encore dans la salle de spectacle aménagée en sous-sol. Et encore d’autres dans la rue, car la soirée est tiède. Disons une petite dizaine de nos adhérents de Coup de Soleil parmi la petite cinquantaine de l’ensemble du public. C’est Georges Rivière qui ouvre la séance, commentant le court document sur Ourida qu’il nous a distribué. Puis un video de 2003 rappelle les luttes des femmes algériennes en 1988 : c’est l’année où sort le nouveau code de la famille qui restreint fortement l’égalité entre femmes et hommes, l’année aussi du mouvement de jeunes à Alger violemment réprimé par l’armée. Vient ensuite un video qui remémore la venue en 2008 à Toulouse de la Caravane des femmes. Ce mouvement installe ses tentes dans plusieurs quartiers, accueilli par les associations locales : sont venues des Marocaines surtout et des Algériennes. De telles discussions tumultueuses pourraient-elles être organisées en 2015 ? Puis nombreux sont ceux qui parlent en souvenir de Ourida Chouaki. Textes poétiques, souvenirs personnels, un moment la musique du houd. Voici plusieurs des textes de cette soirée.

Claude

 

La porte-parole de
Tharwa Fadhma n’Soumer
nous a quittés :

La nouvelle est tombée comme un couperet : Ourida Chouaki nous a quittés. La porte-parole de l’association Tharwa Fadhma N’soumer est décédée dans la nuit du jeudi au vendredi, à l’hôpital de Beni Messous.
Dans son entourage, parmi ses innombrables camarades de lutte, c’est l’émotion. Le choc. Sur sa page facebook, les témoignages de sympathie pleuvent. Des photos de Ourida, toujours en action, toujours sur le terrain, à fond dans tout ce qu’elle entreprend, ornent les nombreux messages de reconnaissance qui lui sont destinés. Signe de l’immense toile citoyenne et fraternelle qu’elle a patiemment tissée durant sa vie militante au long cours.

« Elle est partie debout, comme elle a vécu »

Nous appelons sa sœur, Yasmina. Toute en retenue, la voix nouée par l’émotion mais pleine de dignité, Yasmina Chouaki tient courageusement le coup. Cependant, elle s’excuse délicatement de ne pouvoir nous parler de sa meilleure complice. Nous recommande très gentiment une camarade qui a intimement connu Ourida, ses luttes : Aouicha Bekhti. Féministe et militante de gauche, comme Ourida, ancienne du PAGS et du MDS, Aouicha Bekhti a bataillé, battu le pavé, aux côtés de Ourida pendant de longues années. « C’est une perte pour tous les progressistes de ce pays, les femmes et les hommes mais surtout les femmes libres de ce pays ! » dit d’emblée Aouicha. « On a reçu un coup de massue. Mais il faut continuer son combat.»

D’ailleurs, c’est ce que dit Yasmina, du fond de sa douleur. Elle le dit à tout le monde : « le seul moyen de l’honorer, c’est de continuer son combat.» […] On était en train de préparer quelque chose pour Ghardaïa. Elle en était l’initiatrice, avec nous, et avant-hier (mercredi, ndlr), on devait avoir une réunion sur la situation dans le M’zab. La dernière chose qu’elle m’ait dite avant d’embarquer dans l’ambulance qui devait l’emmener à l’hôpital, c’était : «Dis-moi Aouicha, comment s’est passée la réunion d’hier ?» confie Aouicha Bekhti, avant de lancer : « Ce qu’il faut dire, c’est qu’elle est partie debout, comme elle a vécu.» […] Nous pouvons témoigner de son humilité, de sa simplicité, de son engagement tous azimuts, de sa constance dans ses convictions, de son sens aigu de l’organisation, de son abnégation, de sa passion des autres et de sa proximité des jeunes militants. C’est que Ourida n’avait rien d’une «ONGiste 5 étoiles».

Son trip, c’était la frugalité d’un repas partagé
en bord de route avec ses compagnons de lutte.

[…] Ourida Chouaki va dédier sa vie à la cause des femmes, pour des lois civiles égalitaires, mais aussi à toutes les causes justes. Dans sa jeunesse, c’est l’abrogation du code de la famille qui va devenir le mo- teur de son combat. Si bien qu’elle s’engagera avec ferveur dans le collectif 20 ans Barakat ! , en 2004. Bien avant cela, le 22 mars 1993, elle est au premier rang de la marche des femmes contre l’intégrisme. Le 14 septembre 1994, son frère, Salah Chouaki, militant du PAGS et pédagogue, est lâchement assassiné. Mais, loin de la casser, de la pousser à l’exil ou au silence, cela ne fit qu’attiser sa détermination. C’est ainsi qu’en 1997, Ourida Chouaki crée avec d’autres féministes l’association Tharwa Fadhma N’soumer dont elle deviendra très vite la figure de proue, aux côtés de sa sœur, l’infatigable Yasmina Chouaki. […] Ourida Chouaki était membre du secrétariat international africain de la Marche mondiale des femmes. […]

Ourida Chouaki le doux visage de la lutte

Ourida Chouaki était également […] professeur au département de physique à l’USTHB (Bab Ezzouar), spécialisée en physique des plasmas. D’ailleurs, ce matin (hier, ndlr), des étudiantes sont venues présenter leurs condoléances […] Elles disaient : « on n’oubliera jamais ce qu’elle a fait pour nous. Elle nous a beaucoup aidées, elle nous a prises en charge, orientées ». Elle hébergeait aussi celles qui venaient de l’intérieur du pays. « De toute façon […] la maison des Chouaki a toujours été ouverte à tout le monde», insiste Aouicha Bekhti. C’est tout Ourida : elle se donnait sans compter. « Elle était intègre, entière jusqu’au bout, jusqu’à la dernière minute. »

Mustapha Benfodil dans EL WATAN du 15 Août 2015

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Photo Mouvement de la Paix – Bretagne

Parcours de femme militante : Ourida Chouaki

par elle-même:
Source : L’atelier d’écriture de la fes Alger Atelier d’écriture destiné aux femmes algériennes.

Quand je revois mon enfance, c’est l’image de ma mère qui se présente à mon esprit, l’image une femme soumise consacrant sa vie à l’entretien de son foyer et à l’éducation de ses enfants. Pourtant ma mère est allée à l’école, ce qui pour son époque était assez rare, malgré cela elle a été une femme au foyer, sa vie a été comparable à celle de la majorité des algériennes de sa génération.
Je ne voulais pas avoir la vie de ma mère, elle même ne voulait pas que ses filles vivent ce qu’elle avait vécu, elle a tout fait pour que l’on puisse étudier dans de bonnes conditions persuadée, que dans notre société, la femme ne peut s’imposer que par son travail.Je n’ai pas eu de difficultés dans mes études, et lorsque j’ai obtenu le baccalauréat, c’est avec confiance dans l’avenir que j’ai rejoint l’université, je m’étais promis de me consacrer aux études, d’avoir un métier et d’être autonome au même titre qu’un homme, je pensais, et je trouvais cela normal, que toutes les filles de mon âge pensaient comme moi.A l’université j’ai rencontré les premiers frères musulmans, quelques jeunes filles ont commencé à porter le hidjab, cela ne nous inquiétait pas outre mesure, nous pensions que c’était un effet de mode importé d’Iran, et qu’avec le temps cela passerait.Toutefois les discussions entre étudiants commençaient à s’orienter vers l’islam, vers la place de la femme dans la société et la famille, je ne comprenais pas que certaines de mes camarades, préparant un diplôme universitaire puissent tenir un discours aussi discriminatoire à l’égard d’elles mêmes.Je fréquentais à l’époque un groupe d’étudiants ayant la même vision de la société que la mienne, nous échangions beaucoup d’idées sur nos projets d’avenir où la femme aurait accès aux mêmes droits que l’homme.En 1982, nous avons entendu parler de l’avant projet du code du statut personnel qui, selon nos informations, serait discriminatoire à l’égard des femmes.Nous n’allions pas laisser passer cela, nous ne voulions pas que la société algérienne recule, nous qui avions tou- jours rêvé de vivre dans une société où règneraient l’égalité et la justice pour tous.A quoi serviraient toutes ces années d’études toutes ces nuits blanches passées à préparer nos examens pour nous retrouver à reproduire ce qu’avaient vécu nos mères ? Nous avons donc rejoint les groupes d’universitaires, qui se réunissaient pour protester et tout faire pour empêcher ce code de passer, sur la pression des militants et des universitaires l’avant projet a été bloqué, nous avions gagné une bataille, mais quelle a été notre déception lorsqu’en juin 1984 nous avons appris que l’Assemblée Nationale (APN) venait d’adopter le code de la famille. Je ne saurais décrire l’état dans lequel je me suis retrouvée en en lisant son contenu, c’est ce jour là que mon combat contre le code de la famille a commencé.Nous étions sous le régime du parti unique, nous n’avions donc pas la possibilité d’élargir nos actions, c’était donc dans les milieux universitaires que les débats autour du code de la famille ont commencéLe 5 octobre 1988 a été, pour moi, le signe d’un changement radical en Algérie, tout le monde se souvient du soulèvement populaire, toute cette jeunesse dans la rueIl est vrai que les événements d’octobre ont conduit à de grands changements dans la vie politique et sociale en Algérie, mais force est, pour moi, de constater que ce n’est pas cela que j’attendais.En effet, si cela a permis la mise en place du pluripartisme, nous avons pris conscience que les islamistes étaient organisés et qu’ils avaient su attirer la population ; j’ai compris que le combat serait désormais non seulement contre le code de la famille, mais également contre le projet de société que les islamistes voulaient imposer au peuple algérien.Le changement de la constitution a bouleversé le mode de vie des algériens (création de partis politiques, naissances de journaux, etc.), et, en juin 1990, nous avons pu assister à la première élection pluripartiste en Algérie, le raz de marrée du FIS (Front Islamique du Salut) a été pour nous un coup de fouet, nous ne voulions pas admettre qu’autant de personnes, en particulier les femmes, accordent leur confiance à un parti porteur d’un tel projet de société.La loi électorale dans son article 53, stipulait que toute personne pouvait voter à la place de son conjoint, ce qui dans notre société voulait dire que tout homme pouvait voter à la place de sa femme, nous avions donc conclu que si les femmes avaient voté selon leur désir, le score du FIS n’aurait pas été aussi élevé,

J’étais membre de l’AEF (Association pour l’Emancipation de la Femme), nous avions lancé une campagne visant à abroger l’article 53 de la loi électorale. Je garde un excellent souvenir de cette action, elle a duré pratiquement tout l’été 1990.

A notre demande, le chef du gouvernement a reçu une délégation, l’entretien a été fructueux car cela a abouti à la satisfaction de notre proposition, la loi électorale a été amendée par l’abrogation de son article 53 et l’alinéa 2 de l’article 54.
Je me souviens de cette période, nous étions heureuses d’avoir obtenu gain de cause, les élections suivantes seraient les législatives de décembre 1991, nous nous sommes engagées pour soutenir les candidats porteurs d’un projet de société basé sur l’égalité et la justice.

Décembre 1991, on nous avait promis des élections propres et honnêtes, nous avons été déçus, la réalité m’a frappé en plein visage, le FIS avait remporté la majorité des sièges, la perspective d’un état islamique se faisait de plus en plus présente dans mon esprit, j’avais peur, je voyais déjà l’Algérie basculer dans l’islamisme, un régime semblable au régime iranien risquait de s’installer dans notre pays.

Que faire pour empêcher cela ? Le plus dur dans des moments pareils c’est de se rendre compte de notre incapacité à agir, le réveil a été très brutal, heureusement que cela n’a rien enlevé à ma détermination, ni a celles de tous ceux qui rêvaient et rêvent toujours à une Algérie moderne et ouverte à l’universalité.

Le combat contre l’islamisme s’est engagé, et en janvier 1992, l’annulation du processus électoral nous a donné une lueur d’espoir, c’était compter sans le FIS qui s’est posé en victime en se considérant spolié de sa victoire légitime, l’Algérie est entrée dans la période la plus noire de son histoire : le terrorisme aveugle

J’ai toujours du mal à parler de cette période, j’ai été profondément marquée par ce qui s’est passé, nul n’a été épargné, intellectuels, services de l’ordre publics, femmes, enfants, des villages entiers massacrés etc.

Ces sanguinaires ne reculaient devant rien, ils commencèrent à imposer leurs lois à partir des maquis, l’obligation aux femmes de porter le hidjab fut donnée, ils sont allés jusqu’à interdire d’envoyer les enfants à l’école, menaçant de mort quiconque enfreindrait leur dictat.

Souvent, il m’arrivait de me remémorer mes débuts de militante, comme le combat pour des lois égalitaires me semblait loin, nous nous sommes retrouvés à lutter pour notre propre survie, aux enterrements de camarades lâchement assassinés, on se demandait: « à qui le tour ? »

Militantes pour l’égalité entre les femmes et les hommes, nous étions aux yeux des terroristes des impies que « la loi divine » condamnait à mort, nous savions que nos noms figuraient sur la liste des gens qu’ils allaient « exécuter ».

Ce n’était pas facile, mais il fallait réagir, il nous fallait agir contre cette bête immonde qui voulait ramener l’Algérie quinze siècles en arrière, malgré les menaces des islamistes nous ne voulions pas plier, nous voulions continuer notre combat.

La force que nous représentions en 1990 semblaient s’être affaiblie nous devions montrer que ce n’était pas le cas, il nous fallait rassembler nos énergies, nous mobiliser pour affirmer notre rejet de l’islam politique, notre détermination à continuer la lutte pour la démocratie lors de la marche organisée par les femmes le 22 mars 1993.

Je n’oublierai jamais ce jour, cette manifestation a été pour moi un catalyseur, je revois cette marrée humaine manifestant dans les rues d’Alger en scandant des slogans pour montrer à l’opinion que les algériennes étaient déterminées et qu’elles ne plieraient jamais.

Les terroristes, eux non plus, n’ont pas abandonné, forts de leur hargne et de certains soutiens qu’ils avaient, ils ont continué à terroriser la population, ils ont commencé par l’assassinat des intellectuels (Djaout, Mekbel, Chouaki, etc), ensuite telle une bête aveugle, ils ont massacré des villages entiers, tué des femmes et des enfants, violé des filles pour ensuite les abandonner souvent enceintes.

La population était dans un état de terreur au quotidien, un climat de méfiance s’était installé, il faudrait des centaines de pages pour décrire l’état dans lequel nous trouvions, nous fréquentions souvent les cimetières, car en marquant notre présence lors des enterrements, nous voulions montrer que nous étions toujours là et que nous ne plierions jamais.

Je ne pourrai pas parler de tout ce qui c’est passé durant cette période, mais certains événements m’ont tellement marquée que je ne pourrais les occulter, comme le14 septembre 1994 qui est gravé dans ma mémoire, le matin de ce jour fatidique, je lisais les journaux où il était question de la mise en résidence surveillée de Abassi Madani et Ali Belhadj, j’en étais outrée, révoltée que ceux qui étaient à l’origine de l’assassinat de nombreux algériens soient libérés, je réfléchissais à la manière dont on allait réagir lorsque par un appel téléphonique j’ai appris que mon frère, militant et pédagogue, venait d’être assassiné par les terroristes, il a été assassiné pour ses idées, pour le combat dans lequel il s’est totalement investi.

Cet épisode m’a marquée, cela a renforcé ma détermination à continuer le combat, si ces sanguinaires croyaient qu’en tuant des innocents ils allaient nous faire reculer par la terreur, ils se trompaient ; le combat devenait plus difficile mais nous n’allions pas baisser les bras.

C’était presque tous les jours que l’on apprenait l’assassinat d’un(e) ami(e) ou d’un proche, et en plus de nous atteindre dans la chair, on a voulu nous toucher dans notre lutte, en effet, le 15 février 1995 Nabila, une grande figure de la lutte des femmes, a été lâchement assassinée à Tizi-Ouzou.

Cette mauvaise nouvelle m’a fait prendre conscience que je pouvais être la prochaine victime, pour la première fois j’ai commencé à avoir peur, le courage commençait à me manquer, j’avoue qu’à ce moment, j’ai failli tout laisser tom- ber, fallait-il abandonner ? Beaucoup d’entre nous se posaient cette question, certaines ont préféré l’exil, néanmoins pour la mémoire des martyres du terrorisme, je savais que je n’abandonnerais jamais. , et heureusement nous étions encore nombreuses à continuer la lutte.

C’est dans un climat où régnaient terreur et méfiance que nous menions nos actions dirigées aussi bien contre l’islamisme que pour revendiquer nos droits à l’égalité.

Engagées dans la lutte contre le terrorisme, nous oubliions notre combat émancipateur, mais l’actualité nous ramène souvent à la réalité, je n’entrerai pas dans les détails mais je ne pourrai pas m’arrêter sans citer deux événements que je considère marquants de cette période.

• La ratification avec réserves de la convention CEDAW (convention pour l’élimination de toute discrimination à l’égard des femmes) par l’Algérie en 1996, il faut dire que les réserves émises par l’Algérie ont vidé de son sens la dite convention, nous avons réagi, protesté, fait circuler une pétition de dénonciation, nous n’avons pas obtenu gain de cause, mais cela nous a permis de réaffirmer notre position et de nous remobiliser autour de notre revendication première : lois égalitaires entre femmes et hommes.

• Un million de signatures pour le droit des femmes dans la famille, cette action initiée par un collectif d’associations a permis de relancer le débat sur le code de la famille, la réaction des islamistes a été assez violente, je pense qu’au fond ils avaient peur de notre détermination car en plus des menaces à notre égard, ils ont lancé de leur côté une campagne de trois millions de signatures pour le maintien du code la famille.

Les islamistes ne nous faisaient plus peur, nous avions choisi de rester et de continuer notre combat pour vivre dans une Algérie démocratique et ouverte à l’universalité.

Dans la lutte contre le terrorisme nous avions presque oublié que le réveil risquait d’être très dur, il nous fallait penser à l’après terrorisme, reconstruire les liens et rétablir l’image de l’Algérie, c’est dans cet optique qu’avec notre par- tenaire l’association Ayda Toulouse, en octobre 1998, nous avons organisé la caravane de l’espoir dont le but était d’une part de donner de l’Algérie une autre image que celle présentée par les médias occidentaux, et d’autre part tisser des liens avec nos camarades de la rive nord méditerranée en vue d’échanges et de partenariats pour le futur.

C’était une amie, rencontrée à Hussein-Dey, et dans de nombreuses actions avec Coup de Soleil Toulouse. Elle va nous manquer. Caillou, 28 août 2015

le 2 juillet 2015, un hommage à une “merlinette”: Eugénie Malika Djendi

J’ai, sur ce blog, essayé de parler d’un combat oublié: celui des engagées volontaires féminines d’Afrique du Nord, dans la seconde guerre mondiale, contre le nazisme.

https://www.cailloutendre.fr/2007/08/merlinette-2/
https://www.cailloutendre.fr/2007/08/merlinette-2-2/

En particulier des transmissionnistes, les “Merlinettes”. Ma mère, Madeleine SAFRA, en était. Or cet engagement est rarement évoqué.
Parce que ce sont les hommes, les guerriers, qui sont toujours mis au premier plan ?
Parce qu’elles n’étaient pas “gaullistes” au sens où elles ne venaient pas, pour la plupart, des FFL de Londres mais qu’elles s’étaient engagées après le débarquement allié en Afrique du Nord en 1942 ?
Parce que  leur chef, le général Merlin était un classique officier de l’armée française ?
Pourtant leurs combats pour la libération furent très importants:  Campagne d’Italie, débarquement de Provence, l’hiver 44 en Alsace et dans les Vosges, le franchissement du Rhin puis la campagne d’Allemagne pour finir, en mai 1945, par faire tomber le Reich hitlérien.

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Photo Marie-Jo Bonnet

Aussi cela fait vraiment plaisir de voir que les efforts pour que les Merlinettes  ne soient pas complètement oubliées portent aujourd’hui leurs fruits. Même si c’est tardif !

Je laisse la parole à Marie-Jo Bonnet qui sur son blog (http://mariejobon.net/) écrit:

Jeudi 2 juillet 2015, j’ai eu la joie d’assister au dévoilement de la plaque dédiée à Eugénie Malika Djendi, opératrice radio, exécutée à Ravensbrück le 18 janvier 1945 sur ordre de Berlin. Elle se trouve dans le Jardin André Citroën (15e arrondissement, métro Balard) qui porte désormais son nom.

Merci à Jean-Georges Jaillot-Combelas d’avoir été l’artisan inspiré de cette reconnaissance (bien tardive) de l’engagement des femmes dans les combats contre le nazisme.
Sur la photo: à gauche, soutenue par la nouvelle génération des opératrices radio, Anise Postel-Vinay. En face, tenant les cordon Marie-Jo Chombart de Lauwe, Michèle Agniel. Derrière avec les moustaches blanches Jean-Georges Jaillot-Combelas.
Près du drapeau, Catherine Vieu-Charier.

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Photo Marie-Jo Bonnet

Sous-Lieutenante Eugénie-Malika DJENDI 1923-1945
« Merlinette »
Opératrice radio du Corps Féminin de Transmission d’Afrique du Nord
Parachutée par les Services spéciaux d’Alger
Résistante, Déportée
Exécutée à Ravensbrück

Inauguration le 2 juillet à la mémoire de Eugénie-Malika Djendi , « Merlinette »
Photo Geneviève Zamansky-Bonin

Caillou, le 26 juillet 2015

La biographie d’Eugénie-Malika DJENDI est lisible ici:

http://www.aassdn.org/araMnbioDf-Dr.html