Le courage et la honte

À la sortie du tribunal d’Avignon, le courage d’une femme, devenue une icône, par sa décision de rendre public le procès de ses violeurs, de refuser la honte d’un huis clos.
Giselle Pelicot a, par son geste, crevé l’abcès de la culture du viol. La monstruosité de ce qui lui a été fait n’a pas été cachée, comme d’habitude, pour préserver soi-disant l’intimité de la victime, mais en fait préserver l’intimité du public, les bonnes mœurs, l’ordre établi.
Quel courage !
Et quelle admiration pour son attitude de dignité après plusieurs semaines d’un procès épouvantable où ont été étalées les grandes saloperies et les petites bassesses. La rage aussi de voir où nous mènent les réseaux sociaux et la possibilité d’échanger aussi facilement les pires tractations humaines.

Et puis, en face, la honte devant le tribunal.
Ces gens qui soutiennent cette femme admirable en brandissant des pancartes réclamant 20 ans de prison pour tous !
20 ans de prison comme la seule solution ! 20 ans de prison pour les violeurs, bien sûr, mais aussi 20 ans d’exclusion sociale pour leurs familles, pour leurs parents, peut-être pour leurs enfants. 20 ans de punition comme si cela résolvait quelque chose, comme si cela ferait réfléchir de futurs violeurs !
Comme si nous ne savions pas ce que sont les conditions de vie dans les prisons de notre pays, la surpopulation, la violence, la misère, les rats…
Le nombre infime de prisonniers réinsérés, après toutes ces années, enfermés dans ces poubelles. La plupart prêt à recommencer puisque sans solutions sociales ou sans travail sur eux-mêmes.

Et si on s’en offusque, la réponse, binaire, est toute prête.
Le bien contre le mal. Vous avez honte de réclamer 20 ans de prison pour tous ? C’est que vous soutenez les violeurs, c’est que vous partagez avec eux la culture du viol !

Envie de vomir.
À bas toutes les prisons !

Caillou , le 25 décembre 2024

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