Lyne lisait déjà, avec passion, avec joie
ce bouquin oublié dans sa bibliothèque
L’Illiade et l’Odyssée, en vers, traduit du grec
Par Victor Berard, en 12 pieds bien droits.
Ulysse dans les nuages, ouvrait des éclaircies
Homère y échangeait ses mirages à foison
Roselyne, confinée, vivait leurs émotions.
Très loin déjà, très loin, de cette pandémie
qui transforme le monde tout autour de son lit.
(Je remercie Tesson !)
Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Roselyne:
mirage, passion, joie, échange, éclaircie, nuage
Vous pouvez m’en envoyer 6 autres.
Caillou, le 24 avril 2020.
*Sylvain TESSON.
On peut encore regarder ce formidable documentaire sur ARTE, ici.
Et un texte d’Annick
La grenaille autre nom du fruit de la passion
transperce sans joie les corps depuis plus d’une semaine
Sautille, boîte, du rouge autour des yeux
Et change la plainte languissante des éclopées
en un chant doré et suave
qui attend l’éclaircie et le ciel bleu sans nuage
Et un texte de Maryse
L’ascension
Quand elle se réveilla,elle regarda par la fenêtre, les nuages recouvraient entièrement les sommets enneigés et le thermomètre indiquait moins 5. Elle enfila un vieux poncho et sortit dans la cour, le froid la saisit et elle rentra attiser le feu dans la cheminée. Tout en buvant son café, le chien couché près d’elle, elle se dit que si une éclaircie venait à déchirer le ciel, elle irait aujourd’hui les chercher. Elle avait promis de les lui rapporter en échange des délicieux fromages qu’il lui avait donnés la veille. L’ascension lui demanderait 3 heures. 10h sonnèrent au clocher de l’église. Elle sortit sur le pas de la porte et regarda le ciel. Patou leva le museau et déçu repartit se coucher au coin du feu. Elle se dit qu’il fallait calmer son impatience et décida d’aller dans la grange que sa passion pour les vieilleries avait transformée en un inextricable bric à brac. Gisaient là des vieilles casseroles. Les outils du grand père, des vieilles chaises à rempailler……elle passa bien deux heures à défaire des tas…….pour en refaire d’autres. Au final, rien n’avait changé, elle avait juste créé un nouveau bric à brac.
Quand elle ressortit dans la cour, elle leva les yeux et vit quelques déchirures dans le manteau nuageux. Elle regagna la maison, enfila des vêtements chauds, prit son bâton et dit “allez Patou, on y va”. Aussitôt le chien se leva et émit des jappements de joie à l’idée d’arpenter la montagne avec sa maîtresse. Elle prit le chemin derrière la maison. La neige était lourde et ralentissait sa marche. Tout en avançant elle levait les yeux au ciel et voyait les nuages s’effilocher de plus en plus. Au bout de deux heures, le sommet commença à se faire voir. Elle accéléra la marche de crainte que ce ne fut qu’un mirage et bientôt elle atteignit son but. Ils étaient là, étincelants sur la neige. Elle s’agenouilla, les cueillit délicatement et les rangea dans un petit sac. Chaque année elle refaisait inlassablement cette ascension pour quelques edelweiss.
J’ai suivi Sylvain Tesson sur le chemin d’Ulysse. Un regal d’evasion.
Job avec ses tessons
grattait furieusement ses bubons
quand sur son fumier enchanté
la rose finissait de pousser.
Le mendiant d’Electre dit l’aurore
qui suit la dévastation
quand arrivant à bon port
Ulysse recouvre la raison
Oh oh !
Pas mal
Bravo ! J’ai envie de relire Homère….
Court et efficace !….