Elle a le front posé sur le frais de la vitre. Elle observe la rue qui descend vers le fleuve. Il fait encore bien froid dehors et le soleil qui peine à percer les nuages n’a pas encore chauffé la ville qui s’éveille. Mais voilà les enfants qui partent pour l’école. Après ces longues semaines d’enfermement enfin pouvoir se retrouver. Elle entend les rires et les portes qui claquent. Elle suit de son regard les mamans qui les mènent, qui se saluent, heureuses, de pouvoir se revoir, échanger sur le temps, se donner des nouvelles…
Une radio, derrière elle, lui parle de Christophe, celui qui vient de disparaître, ce chanteur marqué par les années d’excès. Il l’avait fait rêver, il l’avait fait danser, bien des années plus tôt quand elle dansait encore. Et on entend son chant qui prend bien tout l’espace, dans la chambre peut-être, surtout dans ses souvenirs.
Les enfants à l’école, la rue se met au calme. Les fenêtres ouvertes se parent de tous les draps. On aère. On secoue. Le printemps est partout. Les murs vêtus de brique se colorent en rouge sous la caresse chaude de ce très beau matin. Elle y voit un chemin.
Comme un message, juste un moment de grâce. Sentir l’instant présent, en jouir pour ce qu’il est, sans chercher à le retenir. Tourner le dos, définitivement aux regrets qui la hantent. Ne plus se souvenir et ce matin, choisir enfin la vie.
Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnée par Josette:
Soleil, chant, rouge, chemin, regrets, vie.
Vous pouvez m’en envoyer 6 autres.
Caillou, le 17 avril 2020
Très beau, Marc !
Merci …
Voici 6 autres mots, s’ils te plaisent :
Oiseau, vent, bêche, mirage, douleur, fermeture.
Bises,
Françoise
Emouvant. Merci Marc
6 mots: chaud, brise, cristal, dormir, poule, lourd
un texte comme un chant, déjà un slam, merci à celui qui l’a écrit et à celle qui l’a envoyé
Il n’y a pas à hésiter, ce texte est bien de tendre caillou. Nous t’épargnons les 6 mots, tu as déjà de quoi faire.