Le vent secoue les arbres, disperse un peu partout les fleurs des cerisiers. Le jardin est si blanc. Elle pourrait croirait qu’il neige.
Demain il va pleuvoir, le vent va se calmer.
Alors elle prend sa bêche.
Pour préparer des lignes où elle ira planter ses semis de tomates.
Les merles vont se cacher.
Sous la haie. Ils attendent.
La bonne terre tendre est un garde manger.
Les oiseaux sont comme ça, ils mangent au bon moment ce qu’il y a à prendre et n’ont même pas idée d’en mettre de côté.
(Depuis la Préhistoire les hommes prévoient, engrangent, les récoltes s’entassent, pour enrichir les uns, pour nourrir des armées !)
La ligne d’horizon au dessus de l’Ariège est fermée par la crête du premier grand coteau, dominée par un arbre très beau, comme un gardien, à l’entrée de Goyrans, en dessous des nuages.
Ce n’est pas un mirage. C’est une vraie position.
Un guetteur magnifique dominant la région.
Si un jour ils le scient et l’abattent pour construire,
la superbe villa d’un riche toulousain, (un docteur, un notaire, ou bien un PDG)
elle vivra cette douleur si dure à oublier.
Le temps des assassins se nomme immobilier.
En attendant, elle est, toute seule, dans son jardin.
C’est un matin d’avril et c’est autorisé.
Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnée par Françoise:
Oiseau, vent, bêche, mirage, douleur et fermeture.
Vous pouvez m’en envoyer 6 autres.
Caillou, le 19 avril 2020
Ces petits textes toujours pleins de poésie nous ravissent. Merci.
Superbe.
Merci.
Marc est un vrai conteur.
6 mots : promenade, chapeau, poêle à frire, whisky, livre, chaise longue