Je découvre W.A.Wellman grâce à la diffusion de Convoi de femmes sur ARTE.
C’est un film admirable. La multitude de personnages secondaires, l’aspect choral et féministe en font un film très curieux. Les femmes en sont les véritables héroïnes. Même si la fin est un peu nunuche, comme un retour à la vraie vie du machisme dominant, cela reste une pépite dans le cinéma américain.
Du coup je regarde La ville abandonnée, du même réalisateur.
Là aussi le personnage féminin central, interprété par Anne Baxter est très fort, bien plus vrai et beau que ce ramassis de mâles dominés par leurs pulsions.
Là, il y a certes un héros positif incarné par Gregory Peck, mais il ne l’est pas pendant toute la moitié du film, il ne le devient qu’au contact de la fille et de son grand père. La photographie y est superbe. La scène avec les indiens apaches qui traversent la ville en silence et qui sont plus de pauvres gens que des sauvages féroces est presque surréaliste. Par contre la fin de La ville abandonnée est absolument navrante. Elle est ridicule et me semble être une concession au moralisme d’Hollywood.
Plus ancien, de 1933, la Rose de Minuit est aussi un film où le personnage central est une femme.
Description de la misère, de l’injustice, des maisons de correction puis de la délinquance et de la prison, la lutte de cette femme (Loretta Young) pour survivre passe par les hommes et leurs lois. Mais c’est elle qui finalement tue son souteneur. Là aussi le happy-end final est moral et irréaliste. Peu importe. Le noir et blanc est magnifique. Reste aussi les adorables flous vaporeux sur le visage de la vedette et les éclairages très soft des années 30. Tout cela a bien vieilli et pourtant, malgré le temps et l’oubli le regard de Loretta Young lorsqu’elle ment pour sauver son amant est toujours aussi beau et troublant.
Une dernière chose: les débuts de La ville abandonnée (1949) et de L‘étrange incident (1942) avec Henry Fonda, sont presque identiques. Des cowboys harassés et poussiéreux débarquent dans un bar et regardent fascinés et silencieux un grand tableau d’une femme lascive accroché au dessus du comptoir.
Ils sont venus pour boire et ne peuvent même plus commander leurs whiskies.
Que veut nous dire W.A.Wellman dans ces deux scènes d’introduction et donc de présentation des personnages ?
Que l’absence de femmes dans le Far West est un terrible malheur qui les ampute et les réduit au silence ? Il me semble que cette séquence répétée annonce surtout Convoi de femmes qui paraîtra en 1951.
Bref, je découvre en ce moment une filmographie très riche, celle de W.A.Wellman
et je m’en délecte par avance. Je vous tiens au courant…
Caillou, le 22 avril 2018
Sur convoi de femmes:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Convoi_de_femmes
Sur la ville abandonnée:
http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2010/12/la-ville-abandonnee-yellow-sky-william.html
Sur la rose de minuit
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rose_de_minuit
http://playitagain.unblog.fr/2013/09/20/rose-de-minuit-midnight-mary-–-de-william-a-wellman-–-1933/
Sur l’étrange incident:
http://www.dvdclassik.com/critique/l-etrange-incident-wellman