Depuis la fin des années 2000, nous assistons à la relance de l’exploitation du sous-sol français, en vu d’extraire des substances minérales et des hydrocarbures, pour des raisons économiques et politiques : variation des cours et volonté de sécuriser un approvisionnement en ressources stratégiques.
– premièrement, les prix des métaux se sont envolés (ils ont globalement triplé entre 2002 et 2008),
– deuxièmement, la Chine, dont l’Union Européenne est fortement dépendante, a réduit ses exportations de différentes substances (terres rares, tungstène et molybdène) en imposant des quotas et des taxes d’exportation dès 2004. Ces restrictions ont été utilisées comme arme économique contre le Japon lors d’un différend en mer de Chine en 2010, entraînant une inquiétude au sein des gouvernements européens et une bulle spéculative sur les marchés. Ce contexte global a amené l’Union Européenne à adopter une initiative «Matières premières – répondre à nos besoins fondamentaux pour assurer la croissance et créer des emplois en Europe», en novembre 2008. Cette initiative prévoit notamment de «favoriser l’approvisionnement durable en matières premières en provenance de sources européennes». C’est dans cette logique que le gouvernement français a multiplié les déclarations : d’Arnaud Montebourg annonçant en 2014 la création de la «Compagnie nationale des mines de France» à Emmanuel Macron en 2015 déclarant «Oui. On peut dire que la France va rouvrir de nouvelles mines». Et la démarche est déjà lancée, comme nous le verrons.
Source : Creuser et forer, pour quoi faire ? Réalités et fausses vérités du renouveau extractif en France – Rapport / Les Amis de la Terre France / Décembre 2016
La situation à Salau-Couflens
C’est dans ce contexte que Variscan mines à déposé un Permis Exclusif de Recherche Minière (PERM) sur la commune de Salau-Couflens le 20/11/2014, un an après l’octroi du premier PERM de Tennie entre la Sarthe et la Mayenne. Variscan assure que son permis n’aura pas d’impact négatif sur l’environnement et sur le contexte social de la vallée. Au contraire, son projet serait porteur de développement économique pour le secteur concerné. La société minière « junior » se contente d’analyser les contraintes du projet de recherche alors que l’objectif final est celui d’une exploitation minière avec tous les impacts liés à ce type d’activité. Point crucial car ce permis vaut autant pour l’exploitation que pour la recherche minière.
Ce faisant, Variscan oublie au passage que cette vallée a déjà beaucoup donné à ce type d’exploitation pour l’extraction du tungstène entre 1971 et 1986 et que les habitants, abandonnés par les précédents actionnaires ont cherché d’autres types de développements, incompatibles aujourd’hui avec une nouvelle exploitation industrielle.
Pour Stop Mine Salau les enjeux sont donc multiples :
- Faire valoir et protéger les activités économiques existantes dans la vallée du Haut-Salat qui seraient mise en danger par une prospection et une exploitation minière polluante (présence d’amiante, d’arsenic, circulation de camions).
- Veiller à la santé des habitants du bassin versant du Salat en raison des risques sanitaires liés à la présence d’amiante et d’arsenic.
- Assurer la protection de ce site naturel de montagne qui se trouve intégré dans deux zones Natura 2000 : une Zone de Protection Spéciale du Massif du Mont Vallier et une Zone Spéciale de Conservation Garonne, Ariège, Hers, Salat, Pique et Neste.
- Refuser de mettre en danger la santé, l’environnement et l’économie locale pour le profit d’une société dont la sincérité du discours et des engagements pris nous parait fortement douteuse, notamment car ce type de société est reconnu pour s’invertir dans des projets très prometteurs pour des perspectives de spéculation financière.
Qui est Variscan Mines ?
Variscan Mines SAS, dont le siège social est à Orléans (France), est une société (par actions simplifiée à associé unique, SASU) dont l’associé unique est Variscan Mines Limited une société enregistrée et cotée à la bourse de Sydney (Australian Stock Exchange, ASX).
Le président de Variscan Mines SAS est M. Jack Testard, le directeur général est M. Michel Bonnemaison : tous deux sont des anciens membres du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), l’établissement public de référence dans les applications des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol.
Variscan Mines est une société dite «junior», c’est à dire une société de taille modeste qui se consacre exclusivement à l’exploration minière et qui ne possède pas les moyens financiers, humains et matériels pour faire de l’exploitation (cas des sociétés dites «major»).
Une société junior se développe dans deux situations :
- Si leurs prospections sont fructueuses et qu’un gisement s’avère exploitable, elles revendent leur permis à une société “major”.
- Si les gisements ne sont pas exploitables, elles se retirent mais profitent de l’argent investi en bourse par des investisseurs ayant « misés » sur ces mines potentielles.
Nouvelle opération de sensibilisation de l’opinion publique. Et cette fois «à grande échelle» puisque l’association Stop-Mine-Salau (SMS) se mobilise depuis Saint-Girons jusqu’aux rives de la Garonne… avec comme destination finale le parvis de l’Hôtel de Région à Toulouse, sous les fenêtres de la présidente Carole Delga.
C’est sous la double forme « d’une marche citoyenne et une descente des rivières » que du samedi 21 au lundi 30 octobre que Stop-Mine-Salau invite tous ceux qui le souhaitent à se lancer dans l’opération baptisée « Plus/Pou Belle Rivière ». « Afin de sensibiliser les populations riveraines du Salat et de la Garonne aux pollutions laissées par l’ancienne mine de Salau et les prévenir des pollutions futures ». Avec le soutien du Comité écologique ariégeois et de l’association ariégeoise de défense des rivières « Le Chabot ».
SMS rappelle que « depuis plus de trente ans, un million de mètres cubes de déchets pollués ont été abandonnés à l’air libre sur le site de l’ancienne mine de Salau. Ces résidus miniers qui contiennent des quantités importantes d’arsenic, de bismuth, de cadmium et autres substances toxiques sont en état instable, ne bénéficiant d’aucune protection contre les incidents climatiques et les mouvements de terrains ». Des déchets stockés au dessus du ruisseau du Cougnets qui rejoint le Salat, « aujourd’hui maintenus par des digues constituées de sacs plastiques détériorés qui ont infecté les sédiments ; ceci contenant de grandes quantités d’arsenic et autres métaux lourds, sont retenus dans un bassin qui n’a jamais été vidé ». L’association dénonce une fois encore l’Etat, « en charge de l’étude et de la gestion du passif minier de Salau, il ne prend pas en compte les demandes légitimes des populations locales en termes de protection et de dépollution, mais il a délivré un permis de recherche de mine à la société Variscan concernant le même gisement ». Un PERM au delà duquel, « l’accentuation de ces pollutions se fera de manière exponentielle ! »
La prochaine descente des cours du Salat et de la Garonne doit donc marquer les esprits. «Il est très important que nos concitoyens, riverains et utilisateurs des rivières, qui sont et seront le vecteur principal de la dissémination de tous ces polluants soient informés et prennent conscience du danger».
Sept jours « pour dénoncer »
Samedi 21 octobre – Saint-Girons. Au parc du tribunal, de 10 h 30 à 14 heures, animation canoë et stand d’information.
Mercredi 25 octobre – Salies-du-Salat. A 15 heures, marche citoyenne ; à 17 heures, conférence public avec l’association ariégeoise de défense des rivières « Le Chabot ».
Jeudi 26 octobre – Cazères. A 15 heures, marche citoyenne ; à 17 heures, conférence publique avec le Comité écologique ariégeois.
Vendredi 27 octobre – Carbonne. A 15 heures, marche citoyenne ; à 17 heures, projection publique du film « Mine de rien » , suivie d’un débat.
Samedi 28 octobre – Muret. A 15 heures, marche citoyenne ; à 17 heures, projection publique du film « Mine de rien » , suivie d’un débat.
Dimanche 29 octobre – Toulouse. A 10 heures, à Saint Aubain, réunion d’information. A 14 heures, marche citoyenne depuis la Daurade jusqu’au Capitole.
Lundi 30 octobre – Toulouse. Parvis de l’Hôtel de Région : à 10 heures, rassemblement populaire, puis conférence de presse et remise d’un fût contenant des déchets miniers pollués.
Tout pompé sur https://www.stopminesalau.com
Pétition sur https://www.change.org ici
Caillou, le 26/10/17