J’ai déjà parlé de mon étonnement de voir que cette date est honorée en Algérie alors qu’elle est celle d’un massacre d’une centaine de civils européens à Philippeville (actuelle Skikda) par des paysans algériens fanatisés:
Alger. 10 avril 2012, Belcourt, « le 20 août 1955 », et la suite…
Dans le film “vu de l’autre côté” de Mehdi Lallaoui, Mohamed Harbi est le principal historien. Il s’exprime à propos du 20 aout 55 à Philipeville.
Voilà ce qu’il dit: Le phénomène fondamental ce sont les évènements du 20 aout 1955 dans la région du Nord-Constantinois. Cet épisode a donné aux partisans de la lutte armée une force nouvelle en ce sens que pour la première fois des masses importantes se sont engagées dans une lutte les uns avec les armes et les autres à mains nues. Il ne faut pas oublier que le 20 aout 1955 avait dans certains endroits des aspects de jacquerie c’est à dire que des gens partaient avec des moyens élémentaires pour essayer d’attaquer ici et là des forces françaises. Alors ce qui s’est passé après c’est qu’il y a eu une répression atroce qui a fait des milliers de morts.
L’expression “des forces française” c’était en l’occurrence des civils Européens, des femmes, des enfants… Et la répression qui a suivie, aussi dégueulasse soit-elle, ne permet nullement de gommer la caractère de crime contre l’humanité que représente “les jacqueries” du 20 aout 1955. Entre bombardement des mechtas, torture, et emprisonnement de tout un peuple d’un côté et attentats aveugles et massacre de civils de l’autre, il ne faut pas choisir! Mais de la part de ce grand historien dire “des forces française” pour nier le massacre des populations civiles cela justifie totalement le terrorisme de masse que commet Daesh en ce moment en Irak et en Syrie.
Et ce n’est comme cela, en niant l’Histoire, que l’on pourra retrouver le chemin d’une réelle amitié entre les peuples algériens et français.
Caillou, 24 décembre 2016
L’histoire de l’Algérie est aussi truquée que l’histoire de France. Et tes mots dans la bouche d’un ami ou d’un ennemi ne sont plus les mêmes. Il suffit de tourner autour d’une certaine manière, celle qui t’/m’arrange le mieux. La récente soirée avec les Pieds Noirs Progressistes nous a rappelé une chose : La population européenne était vraiment fortement armée. C’est un euphémisme. Et donc l’expression “les forces françaises” peut aussi dire ce que je viens d’énoncer. De toutes façons, tout historien ment à proportion de qui le paie. Tout ce que je viens de dire n’aura pas fait diminuer d’un iota l’ampleur des massacres, hélas. La solution possible était l’égalité des droits, l’égalité économique qui la sous-tend. Cela a été refusé. Tout le monde a payé, et cher payé. Mille morts qui qui dit mieux ? Ah toi ? Tu as gagné la palme de victime et moi celle de bourreau. Quant à Daesh, n’oublie pas que l’Islam a servi et sert à combattre la colonisation. C’est marrant, j’ai lu ça il n’y a pas une heure à propos du Sénégal en ouvrant un “catalogue touristique” ou peu s’en faut. Alors c’est quoi ton camp ? Ne pas choisir, comme tu le dis, mais tenter autre chose. Difficile, long (des générations), semé d’embûches, incompris. Il y a en France dix sept mille (fiches S) personnes que nous avons poussé dans les bras de Daesh. Quel camp tuera le plus d’innocents ?
Mohamed Harbi n’est pas tout blanc/ tout noir: le combat nationaliste a été toute sa jeunesse (il est né en 1933); il était étudiant en France avant 1953 (un moment il logeait clandestinement la nuit dans le bureau du doyen de la fac de lettres de Paris, l’historien Renouvin, qui n’en a jamais rien su) et il a été en 1962 un des rares militants n’appartenant pas au clan Boumedienne a avoir des responsabilités (dans la réforme agraire et la gestion des biens vacants, secteur conflictuel pour laïcs de gauche qui voulaient faire une révolutionne Algérie): au coup d’état de B contre son paravent président (Ben Bella), Harbi a fait des semestres de tôle (où il a côtoyé des anciens harkis mis en tôle dès 1962). C’est après qu’il a dû partir en France et devenir historien. Considérer les civils « français » comme des « forces française » est très ambigu: surtout à la campagne ou dans les petites villes les « colons » étaient armés et se sentaient en permanence en état de légitime défense, donc avec un rôle militaire (comme ceux qui ont formé les milices atroces de Guelma en 1945). Que les attaquants de ces colons isolés s’en soient pris aux femmes et aux enfants est une atrocité relevant du règlement de compte/ vendetta où l’homme combattant séparé, à statut spécial “militaire”, est très imprécis. Les chefs FLN ont fait leur possible pour transformer leur troupe de « sauvages » vivant en état de vendetta en des soldats (si possible avec armes de guerre et uniforme) qu’on puisse traiter selon les lois de la guerre alors que l’armée et la justice française voulaient n’avoir à faire qu’à des bandits qu’on guillotinait, pas qu’on traitait en prisonniers de guerre… (ou en soldats qu’on fusillait) même si certains politiques français intelligents ont transformé les bandits pris par piraterie dans l’avion Rabat/ Tunis en prisonniers de guerre devenus ainsi les interlocuteurs de la négociation qui a été si longue entre 1959 et 1962. Toute la saga de l’indépendance occulte que c’est une guerre civile que cette guerre d’Algérie, dans laquelle on a envoyé 3 millions (pas tous au même moment… par vagues successives) de bidasses métropolitains dont une minorité devenaient féroces essentiellement parce qu’ils mouraient de trouille devant les sauvages en vendetta (qui bien sûr allaient leur couper les couilles).