J’ai, comme tous les voyageurs, fait un voyage intérieur. Certains peuvent dire que l’on ne voit que ce que l’on était venu chercher. Ce n’est pas faux. D’autant qu’avec les guides, les films, les livres, le voyage, au pire, n’est que la confirmation visuelle d’un univers imaginaire que l’on porte en soi.
Et pourtant, j’aurais été surpris par l’odeur du tilleul qui est partout à Varsovie, par ses avenues larges, ses grands parcs, ses derniers souvenirs architecturaux du “socialisme réel”.
Et pourtant j’ai été étonné par la richesse culturelle d’un pays que je connais si peu et si mal. Partout ses cathédrales, ses dômes, ses églises, ses maisons baroques toutes peintes et décorées.
Charmé par les tramways de Varsovie ou les gargottes de Cracovie,
et la cuisine polonaise, le SLEDZ (les harengs marinés), le BARSZCZ (la soupe de betterave, le KALZKA Z JABXKAMI (le canard farci aux pommes), ou ukrainienne comme, ci-dessous, le ZARKE (goulasch cuit dans un faitout recouvert d’un chapeau en pâte feuilletée).
J’ai aussi été Interloqué par le grand nombre de restaurants spécialisés dans la cuisine juive… Dans un pays où il y en a maintenant si peu. Comme dans le sud du Chili où l’on vend un peu partout des bijoux et des vêtements inspirés par la culture indienne (Alacalufes, Onas, Tehuelches) après les avoir massacrés en masse.
Même si la Pologne d’aujourd’hui n’est en rien responsable des crimes commis hier et de surcroit par le nazisme allemand, ce pays reste le lieu où s’est commis le pire génocide de l’Histoire. Je le savais déjà en venant. Mais j’avais envie de le voir vraiment comme si c’était un pèlerinage, (mot que je déteste pourtant).
D’autant que le climat actuel, ici comme là-bas, comme dans toute l’Europe, porte de vives inquiétudes, avec la montée des nationalismes, des intégrismes religieux, du racisme, de la peur des migrants et, toujours présent, de l’antisémitisme.
Je suis content d’y avoir été et d’avoir pu, malgré la barrière de la langue, malgré ma méconnaissance de sa culture et de sa littérature, entrevoir ce que la Pologne est devenue.
Je remercie Agnieszka du Brama Grodzka – Teatr NN, à Lublin et Jean-Yves Potel, à Paris et je vous invite à lire et à relire Anna Langfus… (Le sel et le souffre, les bagages de sable, Saute Barbara). Et je termine par ce dessin d’une bougie, que nous avions allumée devant le grillage du camp d’Auschwitz. C’était pour une amie. Elle se reconnaîtra.
Caillou le 3 juillet 2016, (jour ou l’on apprend la disparition d’Elie Wiesel)
Merci Caillou d’avoir si bien transmis tes impressions ,l’émotion était palpable
J’ai suivi ce voyage avec beaucoup d’intérêt ,voyage aussi touristique avec les habitudes culinaires et quelques dessins et belles photos
Ca donne envie d’y aller. Merci particulièrement pour les photos et les dessins qui rendent ce voyage “visible”. Bises Gaby
Salut Caillou, merci pour ce récit et ces images. Pour moi Lublin, Cracovie, Varsovie, le ghetto, sont des lieux qui ont hanté mes lectures sur la shoah sans que je puisse mettre de réelles images dessus, autres que les quelques images noir et blanc. C’est intéressant de voir ce que sont ces lieux et comment ils s’arrangent de cette héritage, 70 ans après!
Bravo pour ce périple… on peut vraiment parler de pélerinage, au sens spirituel et non religieux du terme. Bises. Annelise
Texte émouvant et très beaux dessins. Merci Caillou
ne pas oublié ,partager, et aller de l’avant
bises franck et jackie
Ben voilà, je n’avais qu’à venir ! Merci de nous avoir transmis avec autant de sensibilité ces visions et impressions si riches. A bientôt, pour voir toutes les photos et vous entendre conter de vive voix.
Yves
Bonjour Caillou,
J’ai lu avec beaucoup d’émotions tes différents “carnets” de votre voyage en Pologne. Les larmes aux yeux.
Et la colère pas loin.
Qu’il est, oh combien important et nécessaire de témoigner encore et toujours.
Lorsque j’étais enfant, j’ai trouvé dans la cave de mes parents des documents photographiques dans des revues d’après guerre sur la guerre, l’holocauste, l’horreur qui m’ont marqué à jamais.
Je ne sais si mes parents l’avaient fait volontairement, car je pense que leur génération avait aussi eu à cœur de “protéger” ses enfants, nous suggérant dans cet après-guerre que désormais il n’y aurait “plus jamais ca”, mais je les en remercie car ses images d’alors m’ont marqué à jamais et ont contribué mieux que tout discours à me forger mes convictions sur ce monde.
Pas pour le pathos mais bien comme enseignement pour le futur, pour le tout de suite et maintenant.
La bise.
G.
Caillou,
J’ai pris le temps de lire, de regarder…je suis tellement touchée…
Tu le sais, je te le rappelle régulièrement par pour flamber de ma jeunesse (qui n’est plus d’ailleurs, à part dans le coeur pour toujours), je fais partie de celles nées en 1965 et qui à 15 ans ont pris dans la gueule sans aucune préparation, ni débriefing “Nuit et Brouillard” qui m’a fait vivre une culpabilité au nom de l’humanité que j’ai mis 30 ans à liquider. Heureusement, que j’ai tenu et osé lire “Si c’est un homme ” 15 ans plus tard, et regardé des films pour savoir ” La liste de Schindler” “Shoah” de Lanzmann (qui vieillit mal..son témoignage le matin du Décès de Wiesel sur France Inter était…indécent..), et pour aussi reconnaître…je vais donc certainement lire “le sel et le souffre” d’Anna.
Ton voyage de pèlerin laïque est juste grand, profond, lucide, sensible, témoin éveillé d’un pays, d’une histoire d’une culture narrées et montrées avec le regard du juste que tu es.
Adèle ma pépette de 12 ans est la meilleure amie de sa meilleure amie..Ludmila…sa mère est polonaise, elle y va tous les ans, son chat s’appelle Trosky (désolée…!!!) et je vais lui montrer ton périple avec Adèle. Ce sera grâce à toi, la manière dont je souhaite que mes enfants n’oublient pas, par le sens, et l’émotion mais pas par le trauma comme moi…
Merci de ce témoignage qui à mes yeux n’a pas de prix.
Et vive la Révolution !
Tendresse et cœur.
Isa
PS: sans oublier ton talent d’artiste photographe qui rend le voyage encore plus puissant.
Merci pour ce témoignage
Un voyage que je n’oserai jamais faire
Mais qui nous renvoie à ce que nous croyons être nos valeurs… Et leur fragilité .
Nous avons trouvé chez un bouquiniste à Toulouse ” les bagages de sable” . Je t’en parlerai apres l’avoir lu
Merci encore et encore, pour les mots, les photos, les dessins… Et l’émotion partagée .
Bises