Petit soldat dans la prairie
(la houle verte qui ondule)
tirant, poussant dans les ornières
une vielle bagnole ridicule
tes enfants dorment à l’arrière
tu crains la nuit mais la raison
les nuages sombres s’amoncellent
tu souffles en guettant l’horizon
mais enlisée jusqu’aux ridelles
tu vas dormir ici, cette nuit.
Les enfants ne doivent pas savoir
que tout autour dans l’univers
c’est froid et dur, bientôt l’hiver
viendra recouvrir la prairie
d’un blanc très pur, blanc de la mort
que tu repousse en gueulant fort.
Tu ris, tu pleures, tu chantes, écris
certains te croient un peu poseur
mais moi je sais que tu as peur
que tu crie seule dans le noir
Alors c’est ta voix haut perchée
tes mots qui tuent et qui rejettent
tes colères jamais enterrées
qui font fuir les types en chaussettes
Tu prend beaucoup, tu donnes un peu,
mais jamais tu ne t’abandonnes
faudrait pouvoir pour te garder,
aimer et jouir sans dominer
être dur et tendre à la fois
être un homme vrai, mais libéré.
Quand tu es belle comme un camion
chargée d’explosifs et hurlante
lancée dans la plus grande pente
et dont les freins vont se lâcher
moi qui suis roi des savonnettes
vague chanteur de salle de bain
j’aimerais dès fois poser ma main
sur ta joue d’ancienne punkette
et te dire que je t’aime bien
en maîtrisant mon émotion
(pas laisser glisser les violons)
Te dire que je crois te connaître
même si je me trompe peut-être
que je t’aime comme un vieux copain
on peut manger le même pain
je peux pousser ma poésie
derrière la bagnole ridicule
(la houle verte qui ondule)
petit soldat dans la prairie.
Caillou Juin 2007
L’entrée du temple de Zeus à Olympie.