Aux fantômes décharnés, les yeux fixes, dantesques
aux chevaliers hirsutes, armés de mille éclats
aux moutons enragés chantants, ivres de joie
« nous ne sauterons pas »
aux enfants faméliques qui ne parleront pas
à mes guérilleros, aux combats dans la jungle
et à tous les passants oubliant tous leurs pas
je n’vous écrirai plus.
Aux temps toujours futurs qui ne viendront jamais
aux rives de tant d’espaces qui res’tront cloisonnés
aux monts de mes merveilles jamais réalisées
je n’vous écrirai plus.
Je n’en ai plus le temps, je ne pense plus qu’à elle
le temps me fait défaut de vivre ainsi mon temps
je n’ai plus d’insomnies, je ne dors pas assez
son lit est tellement grand, vous n’y pourriez rentrer
elle est, cela suffit. Vous n’êtes que des angoisses
Elle rit, cela tout contre vos mines à faire pleurer
vous étiez compagnons, elle fait partie de moi
Je ne lui écris pas!
Je lui dis, je lui pense, je lui joue, je lui danse
Elle est comme un pivot, vous m’étiez extérieurs
Elle est comme un palais reculé dans l’oubli
Vous étiez trop présents, je ne vous souvenais pas
Viendra peut-être un jour où je vous retrouv’rai
mais pour l’heure il me plait de lui dire que je l’aime
et quand elle me sourit…
vous êtes loin de moi.
Caillou 24/9/1982