Le soleil noir – 10°
Boulevard Saint-Michel en pleine manif, presque calme. Des banderoles, des pancartes, des poings tendus, mais pas de casques, pas de mouchoirs, pas de lunettes de plongée ou de quarts de citrons… Mille, peut-être deux mille étudiants remontent le boul’Mich, à l’assaut des forteresses blanches de l’Immaculée Société.
Andrée, sur un trottoir, passe là par hasard et c’est Jacques qu’elle rencontre, un Jacques seul, assez gai, décontracté. Ils se serrent la main et elle fait quelques pas dans la manif, avec Jacques en regardant tout autour d’elle.
– Jacqueline va bien ?
– Que devient Michel ?
– Aucune idée. Il m’a quittée… Je ne sais pas où il habite maintenant. Et tu sais ce que devenu son copain, le lycéen…
– Pierre ?
– Oui, il était toujours avec un anarchiste, Yves je crois…
– Yves je ne sais pas ce qu’il est devenu. Mais avec Pierre on se voit de temps en temps.
– Comment va-t-il ?
– Il a l’air bien.
– Si tu le vois, tu peux lui demander de passer un soir, rue de la Condamine ?
– D’accord, je lui dirais…
Et ils s’embrassent et tandis qu’elle repart vers sa station de métro, Jacques oublie aussitôt… et d’ailleurs il s’en fout.
Jacqueline disparaît maintenant de ses pages. Elle aura beaucoup d’amants, restera membre du Parti Communiste puis se mariera à 26 ans avec un secrétaire de Fédération.
B. trompe quotidiennement Francine avec Hélène. Bientôt il la quittera pour emménager dans un petit appartement de la rue de la Harpe. Il reverra Hélène de moins en moins, puis se trouvera seul et sans espoir de sortir jamais des problèmes qui le rongent.
À suivre…
Caillou, 1967.