Derrière les grilles du palais
L’esplanade laisse planer le doute
D’où viendront ceux que je redoute ?
Le peuple armé de toutes ses plaies.
Ceux dont je perçois les clameurs
se renforcent. Ils doivent hésiter.
La populace est rassemblée
Le lever du jour sera l’heure ?
Je les entends voilà qu’ils chantent !
Mes gardes se sont retranchés
Face à la nuit, face à l’attente
Les bouches des canons sont dressées
Dans les faubourgs ouvriers
Ils tuent, ils pillent, ils incendient
Ils s’arment, ils rêvent et certains prient.
La ville s’est mise à marcher
Ma petite fille arrive en pleurs
Courant dans tous les corridors
Et me dit qu’en fuyant l’aurore
Dans sa berline elle a eu peur
En voyant les éclairs de feu
strier la nuit noire sur les quais.
Le sang rougir le fleuve épais
des vieilles colère des banlieues
Toutes les rues de Saint-Gervais
Sont transpercées de barricades
Les sommiers forment des étais.
Les hommes s’enrôlent en brigades
Du fond d’un hangar une arpète
Revient tenant un chalumeau
« on va faire griller les pourceaux
Ouvrons les portes, c’est la fête »
« L’hiver est trop long, dans les mines
dans les champs et dans les usines
Le peuple meurt de famine
Le roi nous pille, le roi nous tue ! »
Le roi n’est plus la loi divine
Il faut dresser la guillotine
Niveler les riches à notre hauteur
Roulez tambours ! Sonne l’heure ! »
Le matin se lève en hurlant
La mitraille a des soubresauts
On se bat, j’entends les galops
Je fais entrer mon porte-pôt.
Il est tout noir. Salutations.
Je lui murmure tout doucement
Est-ce la une métamorphose ?
Non sire c’est une révolution
Caillou 19 février 2008