D’ailleurs je ne sais lire aucune carte, touristique, maritime, ou terrestre, je n’y peux rien, je ne sais pas lire les cartes. Il y a dessus des traits, des taches et des méandres, mais je n’y comprends rien et même, je les tiens très souvent à l’envers. Si le Nord est en bas lorsque j’ouvre l’accordéon des plis et que je retourne la carte pour qu’il soit au Nord, si j’ouvre ensuite l’autre pan, le Nord repasse au Sud! Aussi je me méfie des cartes, mais lorsqu’elle m’a demandé, tout en conduisant, de lui indiquer la route à suivre à l’aide d’une carte pliée dans le vide-poche de la voiture, je n’ai pas voulu la décevoir et j’ai fait semblant. Mal m’en a pris. J’ai suivi de la patte les méandres d’une route bleue. Je trouvais qu’elle indiquait bien des lacets pour ce pays de plaines, mais, après tout, pourquoi pas. C’était certainement une route buissonnière. Aussi lorsque nous nous sommes égarés sur la berge de la rivière et qu’elle m’a demandé si nous devions tourner à droite ou à gauche je n’ai pas su quoi dire. Elle a ri : « Et bien mon lapin ! Tu as voulu nous accorder quelques instants de sieste » Et là j’ai fait mon sourire entendu, un peu naïf, l’air étonné, l’air de celui qui a bien joué.
Caillou 17 janvier 2008
Avec les mots de Marie-Lise: bleu / route / lapin